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Le Printemps de Bourges

40e édition / du 12 au 17 avril 2016

Vers quel Printemps ?

 

Longueur d'Ondes @ Printemps de Bourges 2016 - Ambiance Rock'n Beat - ©Marylène Eytier

 

MÉTÉO : Il pleut sur Bourges.

LES CHIFFRES : 74 295 places délivrées (dont 9 715 invitations).

L’HISTOIRE : Parmi les premiers festivals français, le Printemps de Bourges a été créé en 1977. L’idée est alors de donner la voix à toute une nouvelle génération de chanteurs français qui ne passe pas à la radio : Higelin, Lavilliers, Renaud, Thiéfaine… En quarante ans, il faut un livre pour lister ceux, grands ou petits, qui ont joué à Bourges. Ici, ce sont bien les concerts qui font le Printemps.

LES PLUS :
– la programmation éclectique reflète tout ce que l’on verra dans les festivals d’été en France
– les Inouïs, les découvertes du Printemps, sont un tremplin incontournable pour avoir un aperçu de la chanson, du rock, du rap et de l’électro français
– un off, qu’il faut préserver. Mine de rien, c’est aussi de là que viennent ceux que l’on écoute aujourd’hui sur nos téléphones portables.
– d’accord, Maître Gims ou Nekfeu ne sont pas du tout notre tasse de thé, mais c’est un bon choix de s’ouvrir à ceux qu’écoutent les plus jeunes
– en coulisses, le Printemps de Bourges est l’un des grands festivals où se retrouve le monde de la musique en France
– cette année, le W a des écrans géants et son éclairage est plus soigné

LES MOINS :
– un festival bien sage, parfois. Un grain de folie en plus ne serait pas de refus
– on le dit chaque année : le son dans le 22, l’espace des découvertes, au W ou encore dans la grande scène, n’est vraiment pas bon
– pas de pass public pour adoucir la note des spectateurs
– le manque de vie aux abords du festival et sur le off

 VA FALLOIR S’Y FAIRE… Des fouilles de la sécurité à l’entrée du site, côté spectateurs et professionnels. En écho aux attentats qui ont eu lieu le 13 novembre dernier au Bataclan, à Paris, le Printemps de Bourges répond par une exposition et un cycle de conférences sur la chanson contestataire intitulé « Un air de liberté ». Alors les obscurantistes de tous poil ont voix au chapitre, on apprécie le geste.

LE « IN » : Autant on était resté sur notre faim l’an passé, notamment avec la présence des rappeurs à gros biscotos (Kaaris et cie), autant on aura plutôt trouvé notre compte cette année. La soirée du vendredi, le Happy Friday, avec notamment General Elektriks, est bien vue, la Rock’n’beat réserve de beaux moments. Bloc Party, Birdy Nam Nam, ou encore The Shoes, en fusion avec un Palais d’Auron déchaîné.

Sacrée dans nos colonnes au printemps dernier (voir LO n°75), Jeanne Added est revenue à Bourges, remontée comme une pendule ; jeudi soir, son concert a été une grosse claque.

Reste la création de la 40e édition… Présenté par le chroniqueur de France Inter,Vincent Dedienne, ce spectacle tenu restera un bon moment mais guère plus. Au-delà de quelques erreurs de casting (Raphaële Lannadère et Alex Beaupain plombants, Dominique A pas à son aise sur du Souchon…), on retient surtout la fièvre Youssoupha pour « Hexagone » de Renaud, « Marcia Baïla » des Rita Mitsouko revue et corrigée par Christian Olivier, Nosfell, et la furie de l’improbable duo Izia / Jeanne Added.

LE OFF : Les filles du Rock In Loft ont une fois de plus relevé un sacré défi : faire en appartement au cœur du festival une après-midi chaleureuse de concerts (Coffees & Cigarettes, Mighz, Mell, Nina Johansson, Kursed, Ina-Ich, Gérald Kurdian, etc.) avec un buffet au Champagne. La classe !

DECOUVERTES : Révélation du Printemps, Fishbach a déjà commencé à faire du bruit dans les cercles parisiens, mais on demande à revoir sa chanson teintée de new-wave. Elle joue seule, sa Télécaster en bandoulière, cependant le recours à des bandes enregistrées sur un ordinateur – fait de plus en plus fréquent dans les concerts – ne passe pas vraiment. On lui préférait le détonant duo I am Stamgram, l’illuminé Angel ou les incroyables Krismen & Alem. Mais notre vraie révélation à nous, c’est La Pieta qui était dans le Off, aux Trois Petits Cochons. Un mix improbable d’électro-punk à la fois rentre-dedans et émouvant, mené par une chanteuse masquée au tempérament de feu.

VU ET APPROUVÉ : Le lutin de Dionysos, Matthias Malzieu, escalade le balcon du Théâtre Jacques Cœur. Magique ! Rover embarque le Palais d’Auron, tandis que Feu ! Chatterton, très rock, passe en force. Patrick Watson captive la foule grâce à ses mélodies entêtantes, surfant sur les vagues de basses faites par le concert rap d’à côté. Le duo Mansfield Tya charme progressivement l’Auditorium. Lily Wood & the Prick, dont la chanteuse, Nili Hadida, emporte le W.

EN COULISSES #1 : Cette 40e édition de Bourges était celle du passage de témoin. Vendu en 2013, le rendez-vous berruyer est désormais la propriété du producteur télé Gérard Pont, via C2G, filiale de son groupe Morgane. Nommé l’an passé directeur, c’est Boris Vedel qui a pris la suite de Daniel Colling, le patron emblématique de Bourges et co-fondateur du festival. Le nouveau directeur affirme vouloir faire un festival « plus beau » et « dans lequel chaque site sera bien mis en valeur », sans en dire plus pour l’instant sur les grandes orientations du futur Printemps.

EN COULISSES #2 : Cette volonté s’est traduite par des petits changements, toutefois relativement visibles : la pose bienvenue d’écrans géants sur la grande scène du W, plus de lumières dans ce même W et côté professionnel, la disparition du Magic Mirror. Le théâtre qui servait aux nuits sans fins et aux pots professionnels (le pot des antennes) qui font aussi la convivialité de Bourges, a été remplacé par une tente posée à côté de « La scène des régions » ; un espace professionnel des plus impersonnels. L’enjeu des prochaines éditions étant de voir jusqu’à quel point le Printemps de Bourges se rapprochera (ou pas) des Francofolies de La Rochelle, l’autre festival racheté par le groupe Morgane en 2004.

EN CONCLUSION : Quelques mois après le traumatisme des attentats, cette 40e édition du Printemps de Bourges était attendue à plus d’un titre. Marquée par un calme apparent – vraiment pas beaucoup d’ambiance dans les rues de Bourges… -, et une pluie qui n’a pas arrêté de tomber, elle a été dans la continuité artistique des autres Printemps, laissant encore plus de place à des jeunes artistes. Quant à un changement lié à la nouvelle direction, on ne le verra qu’à l’épreuve du temps.

 

Site du Printemps de Bourges

 

Bastien Brun et Serge Beyer
Photos : Marylène Eytier

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