Bandeau Longueur d'Ondes n° 101

Ines Talbi

Ines Talbi - Photo : Manuel RodeghieroAprès avoir fait ses preuves sur scène avec le groupe électro-rock Mimosa, l’artiste multidisciplinaire montréalaise Ines Talbi s’aventure en solo avec “Boarding Gate”, un recueil de chansons qu’elle estime davantage à son image.

C’est un peu par la force des choses qu’est survenue en 2009 l’idée de présenter un album portant son nom. Ines Talbi, qui menait alors une formation de plus en plus reconnue à Montréal, effectuait une résidence artistique de quelques mois à Lausanne pour composer un second disque. Mais sa rencontre musicale avec Daniel Bleikholm a rapidement changé la donne : « Daniel et moi avons commencé à nous réunir souvent pour improviser, raconte la chanteuse réputée pour sa grande présence scénique. Le résultat n’avait vraiment aucun lien avec ce que je faisais déjà, mais ça a rapidement pris le dessus ! »

Après avoir tenté d’adapter quelques récentes créations à l’univers de Mimosa, Talbi a dû se rendre à l’évidence : elle avait entre les mains un tout nouveau projet : « Je suis partie en Suisse pour écrire un album de Mimosa et je suis revenue avec un album d’Ines Talbi ! » De retour à Montréal, la décision de mettre fin au groupe a été bien accueillie par ses musiciens. « Ils étaient contents pour moi. Bien sûr, ça me rendait triste de laisser aller Mimosa, mais garder le nom du groupe n’avait plus de sens. Il fallait que j’assume que c’était moi qui étais derrière ça, que ce n’était plus un collectif comme avant. »

Un projet solo… en trio

À partir de quatre chansons, d’une dizaine de musiques et de tonnes de textes créés en Europe, la charismatique bête de scène s’est attaquée à ce qui allait devenir son premier album solo : « Boarding Gate », une sorte de journal de bord du chemin parcouru au cours des dernières années. Bleikholm est venu séjourner à Montréal à quelques reprises pour travailler avec elle, et le musicien Pierre-Philippe « Pilou » Côté (Electrik Bones, Champion), ex-collègue de Mimosa, s’est aussi joint à l’aventure pour enregistrer et coréaliser le disque. « Daniel et moi, on s’était improvisé une sorte de « pré-production de salon ». Quand Pilou a dit qu’il aimerait participer et enregistrer dans son studio, j’étais vraiment contente ! »

« Daniel et Pilou me laissaient jouer dans mon carré de sable, ils me donnaient tous les outils possibles pour que j’aille toujours au bout de ce que je voulais essayer, même quand ils savaient que ça ne marcherait pas! Ils travaillent très bien ensemble. » Fruit de plusieurs mois de boulot à trois, l’album s’apprête à paraître le 14 février prochain, même si « I Know You Know », un premier extrait accrocheur, circule déjà depuis sur le Web depuis quelques semaines : « C’est une chanson qui m’est venue presque d’un seul coup. En marchant à Lausanne, je me suis mise à chanter et c’est ce qui est sorti… »

Boarding Gate« Boarding Gate »

Plus folk que rock, traversé par des arrangements de cordes et porté par une voix plus assurée, le nouvel opus majoritairement en anglais présente plusieurs différences avec le précédent groupe de Talbi et dévoile une facette presque inconnue, plus introspective. Sur un ton souvent intimiste, les balades du disque parlent de voyage, d’amour, de découverte de soi, d’impressions sur le vif… comme c’est le cas de « Lady of Shallott », composée le jour du décès de Bashung, un artiste qu’elle admirait beaucoup. « Je raconte des histoires plus près de moi et je dis plus ouvertement que je les ai moi-même vécues. Avec Mimosa, le théâtre me permettait d’ « enrober », de me distancier, admet Talbi, alors que cette fois ce n’est pas le cas. Je m’assume pleinement sur le nouvel album. »

On retrouve néanmoins l’influence de la musique électronique ainsi que le côté plus festif et énergique de la chanteuse sur des titres comme « Coffee time », qui évoque par exemple le phrasé du groupe Beast, ou encore sur « Not for sale (remix) », la toute dernière piste. « Au départ, le remix de « Not for sale » devait être une piste cachée. On trouvait très drôle qu’une chanson comme ça, qui pourrait presque jouer dans un nightclub, se retrouve à la fin d’un album aussi roots ! Mais en réalité, c’est un faux remix, car la version plus rythmée est venue avant l’autre, plus folk, qui se retrouve dans le disque. »

Renouer avec le live

Sur les planches, Ines Talbi s’est entourée de nouveaux collaborateurs : Sam Beaulé (contrebasse, violon, guitare basse), Guillaume Bourque (guitare, lapsteel), Renaud Gratton (clavier, trombone, harmonica) et Mathieu Vézio (percussions). « Ce sont tous des multi-instrumentistes et ils chantent tous, ce qui était important pour moi. Il y a beaucoup de chœurs sur l’album et je voulais que ce soient eux qui les chantent. »

« Trois ans, c’est quand même long! J’ai très hâte de remonter sur scène, c’est ma maison. J’en ai besoin pour rester saine d’esprit, révèle l’artiste formée à l’École nationale du cirque. Je ne l’ai pas non plus complètement quittée, parce que j’ai fait du théâtre, j’ai chanté pour d’autres projets entre-temps… mais j’ai hâte de faire vivre mes nouvelles chansons. »

Lancement-spectacle de « Boarding Gate » le 14 février prochain à 17h, au National  (Montréal).

Site inestalbi.bandcamp.com

Texte : Marie Mello
Photo : Manuel Rodeghiero

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