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Machette Records

David Gagnon & Olivier Mc Guire

Le label montréalais cultive l’indépendance

Créé et dirigé par le trentenaire David Gagnon, ancien bassiste du groupe punk-rock Dirty Tricks, le label célèbre ses deux ans d’existence. Machette Records compte huit sorties à son actif et les projets ne manquent pas (Rome Romeo vient de terminer un enregistrement en studio et des tournées sont prévues cet automne). Ses artistes maison écument les scènes de prestigieux festivals (Festival d’été de Québec, Pop Montréal et Osheaga) et sont aussi en résidence mensuelle au Bovine Sex Club, bar-club mythique de Toronto toujours à l’avant-garde de l’actualité musicale. Mais, pour David Gagnon, pas question d’être stressé. Son label est avant tout une histoire de passion, loin des gros sous, mais aussi des soucis des majors. Entrevue avec le propriétaire et son complice dans cette aventure, Olivier Mc Guire, du groupe Rome Roméo.

Longueur d’ondes : Pourquoi vous êtes-vous lancé dans cette aventure il y a deux ans ?

David Gagnon : C’était une idée qui me trottait dans la tête depuis un petit bout de temps et, dans la vie, tout est une question de circonstances. À cette époque, Olivier jouait dans le groupe Rome Roméo et il avait une démo de quatre ou cinq chansons enregistrées. J’ai dit au groupe : « J’ai envie de démarrer un label, voulez-vous que je fasse paraître vos cinq morceaux en vinyle, en 12 pouces ? ». Ils ont dit oui. C’est ainsi que ça a commencé.

LO : Ça ne vous a pas fait peur de monter un label ?

DG : Je n’aime pas ça quand c’est facile dans la vie, alors je complique les choses ! (rires) Non, ça ne me faisait pas peur, car pour moi ce n’est pas un défi : je fais simplement ce que j’aime et ce que j’ai envie de faire.

LO : Quel regard jetez-vous sur les deux ans qui viennent de s’écouler ?

DG : Je n’avais pas d’objectifs ou de plan précis quand on a commencé, mais je pense que l’on a accompli beaucoup de choses en deux ans. Il y a eu huit sorties. Dans le contexte actuel, c’est quand même très bien pour un tout petit label comme le nôtre. On parle de petit pressage, de 500 à 1500 exemplaires. On a une bonne distribution au Canada et aux États-Unis.

LO : Quelle est votre approche avec les groupes ? Diffère-t-elle des autres labels ?

DG : On ne sort pas un disque en fonction de son potentiel commercial. Ça ne m’intéresse presque pas. Les choix se font selon mes coups de cœur, en fonction des échos que l’on peut avoir de tel ou tel groupe par des amis. Il faut aussi que l’on sente la possibilité de devenir amis avec les groupes signés et que la passion pour la musique anime le groupe.

LO : Aujourd’hui, est-ce que vous vivez de la musique ?

DG : Non, on ne vit pas de ça encore. On est en mode investissement. J’ai préparé un plan de cinq ans pour y parvenir. On veut monter un bon catalogue, faire les choses comme il le faut et ensuite on évaluera la situation.

Olivier Mc Guire : C’est sûrement l’une des choses qui nous aide à conserver notre approche « artist friendly ». En gardant notre travail à côté, c’est vrai que l’on investit un peu moins de temps, mais on le fait vraiment par conviction sans chercher à rentabiliser notre affaire.

LO : Les groupes que vous avez signés ont-ils des points communs ?

OMG : Non je ne crois pas, ce n’est pas réfléchi ainsi. Il y a du punk-rock, de l’électro, de l’indie-pop, du folk et du folk-rock. On aime la musique en général, on est des passionnés.

DG : En réalité, on veut un label qui est un peu comme nos collections de disques : très variées. Moi, je ne crois plus au label qui ne ferait qu’un seul son, c’est fini. Tu ne peux pas survivre en ne développant qu’un style… Tu vas peut-être faire le son du moment pendant deux ou trois ans, mais après ? Il faut diversifier dès le départ pour avoir un catalogue ouvert et varié.

LO : Quel est le rôle de Machette Records dans la vie d’un groupe ?

DG : Notre travail est surtout d’organiser et de coordonner. C’est sûr qu’il y a un volet artistique au départ, comme la pochette du disque et le visuel du groupe, mais à long terme, c’est vraiment de la coordination pour que tout se passe bien. Il faut tout le temps avoir des idées pour le groupe : des spectacles, des tournées, des sorties en quantité limitée. On planifie l’année du groupe.

LO : Jamais d’intervention en studio ?

OMG : Pas vraiment, mais on se fait envoyer les chansons, on nous demande notre avis et c’est simple chez nous : si on n’aime pas, on ne le sortira pas. En y allant disque par disque avec les groupes signés, sans contrat longue durée de 5 albums par exemple, ça nous autorise ce genre de souplesse.

LO : Comment ça se passe pour Machette Records dans l’univers musical montréalais ?

DG : Il y a beaucoup d’entraide, pas vraiment de concurrence avec personne. C’est un petit milieu. On se connaît tous, de nos anciens groupes. Les gens qui sont gérants ou propriétaires des labels aujourd’hui ont déjà eu des groupes et fait des tournées. On s’est tous côtoyés un jour ou l’autre sur la route.

LO : Comment trouvez-vous la scène musicale montréalaise ?

OMG : Elle est super vivante. C’est inspirant et motivant d’être dans un milieu comme ça, surtout quand tu as un label ou une compagnie de disques. Même en tant que membre d’un groupe, être entouré d’autant de gens productifs, ça crée de l’émulation. La scène de Montréal est teintée d’indépendance : elle est reconnue au niveau international, mais tout ça vient de groupes et de labels indépendants. C’est sorti d’un milieu indépendant et ça, c’est cool.

DG : Tous les groupes ne sont pas aussi gros qu’Arcade Fire, mais beaucoup sortent du Québec et voyagent. Voyager, ça n’a pas de prix ! Même si parfois tu n’as pas de paie au bout, ça te fait rencontrer du monde.

Machette Records :  www.machetterecords.com

Nicolas Boullé

Concert anniversaire de Machette Records, 19 août, Sala Rossa (Montréal) :
Avec Claass, Rome Romeo et Solids.
Sur scène : Claass et son électro-post-punk en tête d’affiche, Rome Romeo et son indie-pop et Solids qui joue un grunge alternatif teinté de shoegaze.

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