New day coming
Verycords / Warner music
De par son environnement (la ville ouvrière du Havre) et son extraction, lui, le petit immigré italien qui s’est échappé de l’usine grâce au rock’n’roll, il était naturel qu’un jour ou l’autre Robert Piazza finisse par s’intéresser au blues. Un idiome qui a traversé, tel un fantôme, toute sa carrière et un désir profond finalement assumé depuis deux albums en compagnie de ce nouveau groupe. C’est peu dire que, après quarante ans passés à écumer les routes et les salles jusqu’en Angleterre (une exception rarissime pour un groupe français), la voix de Bob ne dégage plus la même rage qu’en 1977. Mais cet album a un énorme avantage, celui de faire découvrir un chanteur différent, quelque chose d’assez émouvant, une sorte de crépuscule musical, où un trop plein d’émotions compense les vides laissés par l’adrénaline qui s’enfuit à grands pas. Un album magnifique, issu d’une expérience prolétarienne, qui ne peut laisser indifférent que les cœurs de pierre.
À écouter en priorité : “Pebble beach”, “Ace of spades” et “She’s got it”.
RÉGIS GAUDIN