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LOUIS-JEAN CORMIER

Cœur engagé

Louis-Jean Cormier © Toma Iczkovits

Louis-Jean Cormier est désormais un monument. Un monument qui s’érige lentement et qui marque toute une génération québécoise depuis une décennie.

Il a fait paraître quatre albums officiels avec Karkwa et lancé un premier album solo “Le treizième étage” en 2012. Il a aussi réalisé les albums de Lisa LeBlanc et David Marin, puis a récemment été coach à La Voix (The Voice, en France). Il a lancé au Québec ce printemps – à l’automne en France – son second album : “Les grandes artères”.

Mars 2015, on s’attable dans un restaurant. Il a un regard rêveur, les cheveux en bataille et une barbe grisonnante. On discute de son plus récent album. “C’était la première fois de ma vie que j’étais aussi dévoué à faire quelque chose”, raconte-t-il. “C’était luxueux. Je me suis permis d’aller au bout de mes idées et j’ai suivi le chemin que les chansons voulaient. C’est drôle à dire, mais je prévoyais de faire un album rock progressif et on a finalement bifurqué vers quelque chose de folk orchestral.” Et le choix de ce titre ? “On savait très bien que ça serait un disque sur le cœur. On accumulait les chansons d’amour, de liberté, d’indépendance, de désir de partir… des chansons de départ, de retour et de rupture. Dans la plupart des chansons, il y avait un décor de voiture, des chemins, des routes, des boulevards, alors…” Daniel Beaumont (Tricot Machine) et Martin Léon l’ont aidé pour écrire certaines chansons. “Au final, ce qui est drôle, c’est que l’album était en voie de devenir un disque de King Crimson, mais c’est finalement devenu une espèce de trame sonore de Quentin Tarantino, et je ne l’ai même pas vu venir !”

Nouvelle notoriété, nouveaux défis ?

Dans une entrevue parue en mai 2014 dans le magazine L’actualité, Louis-Jean disait que suite à son expérience à La Voix, il voulait surprendre son nouveau public et lui offrir “quelque chose de plus “fucké”.” Alors, est-ce réussi ? “Ce qui est réussi, c’est que j’ai fait quelque chose de très différent du précédent, mais qui garde cependant la même essence ; c’est-à-dire ma façon d’écrire des chansons et de chanter.” Il explique chaque chanson avec passion. Comme s’il parlait de ses enfants. Certaines ont des moments d’intensité musicale inusitée, de la guitare électrique, presque psychédélique. Il a débuté la composition de son album après son expérience de juge à La Voix. “J’avais deux désirs : réussir à apprivoiser ma nouvelle condition de vie personnelle et réussir à faire les choses pour les bonnes raisons. À la fin de la production, j’étais rendu débile. J’allais m’acheter des croustilles au dépanneur et je voulais changer les mots du gars qui me les vendait. J’analysais tout !”, rigole-t-il. Il pense tout de même avoir réussi son plus grand album, à la fois rassembleur et très près du cœur. Et l’avenir ? “J’ai vraiment le goût de m’impliquer dans l’avenir de la musique, dans les institutions et les organisations. Et aussi de prendre position politiquement, d’aider certains politiciens à aller plus loin. Je suis porté par ça… Je dois commencer à vieillir !” (rires)

Louis-Jean Cormier © Michel PinaultL’industrie au Québec va-t-elle si mal ?

“Je suis très alarmé par l’avenir du spectacle au Québec et par les arts de la scène. Au fil du temps, à force de faire le tour du pays, je me suis lié d’amitié avec des diffuseurs qui se démènent corps et âme pour remplir leurs salles. Ils promeuvent les artistes de la relève, développent de nouveaux publics et ce, malgré les embûches. Mais force est de constater qu’il y a aujourd’hui des artistes qui s’assoient sur leurs steaks en attendant qu’il se passe quelque chose. J’ai le goût de leur dire haut et fort : peut-on arrêter un peu de se plaindre et être plus actif ?” Louis-Jean rêve d’un dialogue entre producteurs, artistes et diffuseurs. Il aimerait impliquer les différents paliers de gouvernement. Forcer les écoles pour qu’elles envoient les élèves voir du théâtre ou de la danse. “J’entends beaucoup d’artistes se plaindre que les salles sont à moitié vide. Mais que font-ils concrètement ? En musique, faut oser et s’endetter. On a toujours roulé dans le trou ou presque avec Karkwa. On allait jouer à l’autre bout du Québec et on revenait avec des dettes. Au final, il faut de l’initiative et de l’audace dans la vie et surtout en musique !”

Texte : Alexandre Turcotte
Photos : Toma Iczkovits, Michel Pinault

louisjeancormier.com


Louis-Jean Cormier - Les grandes artères“Les grandes artères” – Simone Records

La poésie de Miron n’aurait pas à rougir de celle déployée avec panache et simplicité sur cet album. On retrouve un auteur sensible qui construit des moments d’intensité et de rêveries sombres, mais toujours en partant du cœur. Musicalement, il nous berce dans un mouvement orchestral, côtoyant le folk, le rock sauce Karkwa ou psychédélique, les moments symphoniques et des ambiances plus douces, parfois même pop. Une grande légèreté se déploie sous la voix douce de Louis-Jean Cormier qui berce l’auditeur dans un tableau onirique poignant, à la fois subtil et sublime.

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