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Piano Chat

Piano ChatFolie féline

Le grand gamin noise a sorti son tout premier album, « Lands », chez Kythibong le 31 mars dernier. Huit titres éclectiques, entre rock’n roll (« Leaving the city », « Time to love »), ballades destroy-pop (« Blond », « Forest »), et chansons tendres et délicates (« Julia », « Nous irons nous promener »). Le Tourangeau passe de l’anglais au français, de sonorités lumineuses au cradingue. Bruitiste, bricolé, bariolé, « Lands » est un album original, intègre et touchant. Un premier exercice, en soit, réussi. Pour nous, Piano Chat revient sur cette expérience

Tu es revenu, en septembre d’une tournée de 2 ans. Deux ans, c’est long. Que retiens-tu de cette expérience ? En images, couleurs, sons, sensations ?

La fatigue, la rigolade, comment lancer une queue leu leu dans un bar breton tard le soir avec des gens que tu ne connais pas et du coup comment se faire plein de nouveaux copains ; les sandwichs d’aéroport ; les sandwich d’autoroute ; la voiture, la voiture, la voiture ; le tour bus des Moody Blues en plein désert d’Arizona ; l’Amérique ; la cigarette ; qu’il est préférable de savoir dire “mil echker” au Pays basque et “no spicies nundri” en Inde ; les bizarres boites de nuit Polonaise des années 80 ; la musique, ma musique, la musique ; et surtout mille histoires à raconter en boucle à toutes les soirées aux copains de Tours ici chez moi. Ce fut deux années en discontinu. Je ne sais pas bien ce qu’il s’est vraiment passé. J’ai sauté dans la bataille un peu par hasard au départ et par choix de vie maintenant. J’ai eu beaucoup de chance de voyager et de faire ça… et je le ferai aussi longtemps que possible. Oh oui !

Le voyage est sans conteste source d’inspiration. Penses-tu quitter ta chambre-grenier tourangelle pour composer sur les routes ?

C’est déjà le cas. Je ne me sens pas capable de rester isolé et enfermé pour écrire quoique ce soit. Écouter de la musique et en voir tout le temps, c’est beaucoup mieux que d’être à son bureau sur Internet. J’imagine assez mal que Rimbaud se soit levé un beau dimanche après-midi de printemps, en s’installant devant la Loire pour écrire un poème, à mon avis s’il s’est levé si tard c’est qu’il avait dû bien fêter ça avec ses potes la veille.

J’ai lu, dans un article à ton sujet, que tu voyais « les limites » de l’expérience scénique. Qu’un album s’imposait. Pourquoi, là maintenant tout de suite ?

J’ai tourné pendant deux ans avec le même disque de démos. Même si les concerts sont différents et que je me laisse plein de liberté sur scène, je suis tombé dans le piège des automatismes. Je ne me posais pas de question au départ, je pense que cette démarche était assez honnête dans le fond. Mais Il a fallu retrouver l’envie et l’excitation de rejouer devant des gens. Donner du sens à tout ça, et cela passait par l’exercice du nouvel album.

Comment as-tu vécu l’expérience studio, toi qui ne jure que par la scène ?

Je me suis entouré de 2 personnes en qui j’ai une totale confiance. Funken d’abord, avec qui j’ai fait deux disques. Le seul mec à qui je peux faire écouter mes maquettes au dictaphone, pas glamour du tout. Il a beaucoup d’imagination je pense, mais surtout suffisamment de bon goût et d’intelligence pour me m’orienter dans les bonnes directions. L’autre partie du duo était Fab de Macedo qui devait mixer le disque et il était logique, dans la démarche de cet album, qu’il s’occupe aussi de l’enregistrement. On voulait un endroit dans lequel on puisse vivre et enregistrer. Garder cette notion d’urgence, mais rester appliqués. On est donc parti vivre sept jours dans la maison troglodyte d’un bon ami à la campagne, Pierre Lambla (Nestor is Bianca, et un millier d’autres projets fous à travers la planète, un vrai zicos). Je suis arrivé avec mes démos, et le jeu était de tout mettre en boite en sept jours avec 2 micros qui enregistraient en permanence tous les bruits parasites autour de moi (la machine à café, les grenouilles, les oiseaux, l’âne muet…). Chaque soir un copain passait nous voir et chaque matin on se remettait au travail. Et au final, on était très fatigué, et très heureux. Tout n’est pas rentré dans le temps imparti, mais on est allé au bout de ce que l’on était venu chercher. Je ne remercierai jamais assez mes amis pour ce temps qu’ils m’ont consacré.

En live, parfois, tu joues au milieu du public. C’est pourtant la hantise de beaucoup de musiciens. Comment pourrais-tu expliquer ta relation avec le public ? Lors de tes concerts, cela dépasse le simple spectateur.

Je veux des moments de folie. De vrais moments de fête. On ne doit pas aller voir un spectacle ou un concert comme on regarde un téléfilm de M6. C’est assez simple en fait de brancher une prise de courant et de faire plein de bruit, de chanter en dehors du micros et d’impliquer le public. “Ensemble”, ça sonne slogan de campagne d’un parti politique sans idées, mais c’est important.
Plus j’avance, plus je me fiche de la forme. La folie est partout au quotidien, à nous de savoir l’utiliser. Et tout le monde veut ça je crois, même en l’espace de 45 minutes. Et c’est ce que je veux voir en concert, je viens de cette scène, et j’ai voulu faire pareil. On dit jouer de la musique, alors je crois que le jeu ça doit être marrant. Rester conscient mais péter les barrières en dansant la danse du dingo.

Certains morceaux semblent difficilement jouables sur scène. Penses-tu agrandir la formation Piano Chat ou c’est mieux d’être tout seul ?

Pour le moment, je continuerai en solo sur scène en tout cas. Car je ne suis pas seul sur disque. C’est encore drôle pour le moment, c’est encore extrêmement casse-gueule, et je peux tenter d’en faire ce que je veux. Pour tous les autres projets du monde dans ma vie, il n’y aura plus jamais rien en solo. Et je m’y atèle activement.

Tu commences à écrire de plus en plus en français.. Une volonté de se démarquer ?

Absolument pas. C’est comme ça c’est naturel. Je n’ai pas 20 ans de culture littéraire anglaise derrière moi. Donc c’est normal parfois de chanter en français. Je fais de la musique pour moi et de la musique que j’ai envie de faire, c’est tout.

J’ai trouvé ton album assez introspectif. Moins énervé que « Ours Molaire » ! C’est beaucoup plus naïf, mélancolique et reposant. Comment vois-tu cet album en live ? Une scénographie particulière ?

Moins énervé certes. Plus naïf et mélancolique, je ne pense pas. A bientôt 30 ans j’ai plus de choses à dire. J’ai beaucoup moins envie désormais de parler des problèmes de ma petite personne. Ce n’est pas intéressant. Je garde un œil sur ce qui m’entoure, ce que je vis, vois, me forge une opinion et en change en grandissant. C’est beaucoup plus intéressant de faire de la musique quand on en fait depuis déjà pas mal d’années. Il faut rester attentif et travailler encore plus dur. Et se marrer en travaillant.
Quand je compose mes morceaux désormais, je les enregistre comme j’aimerais qu’ils sonnent en groupe, avec d’autres gens. Ce n’est qu’après que je me pose la question de les jouer en live. C’est un autre bon défi. Et beaucoup de travail aussi. Et c’est bien. Être assez à l’aise, intéressé et intéressant. Toujours trouver l’excitation d’aller sur scène, ce qui n’était plus vraiment le cas pendant un moment. Donc en live j’imagine ça avec une guitare, un micro des jack, et des médiators. Pour le reste, ça n’aurait pas beaucoup de sens.

Tu fais partie de la grande famille Kythibong. Avec quels artistes du label te sens-tu le plus proche (musicalement) ?

De tous mes grands frères et soeurs : Papaye, Sieur et Dame, Chausse Trappe, Fordamage, Binidu, Seal of Quality, The healthy Boy, Gratuit, Electric Electric, Choochooshoeshoot, Le ton Mité, Room 204, Pneu, Papier Tigre, Marvin tous ceux que j’oublie. Et bien évidemment de Marion, Chacha et Poussin qui sont au top level de la façon de penser l’industrie musicale. C’est à dire en faisant de la musique et en sortant des disques.

Parle-moi un peu de ton spectacle jeune public à Rennes. Comment ça se profile ? C’est toi qui en est à l’origine ou c’est une commande ?

On sort tout juste de notre première semaine de travail avec Les Pneu, Funken, Julien et Antoine des Finkielkrauts, Thomas et Marion Jdanoff pour les belles lumières et les dessins de la fête. C’est un travail d’entreprise, mais une entreprise bien cool “Cocktail Pueblo”. Alors, il y a une girafe qui fait du Limbo, serpent Jean-Pierre, un caméléon bien pépouse qui aime le rock, des confettis, des ballons, et pas mal de rigolade. La bamboule pour tous tout le temps, dès le plus jeune âge. On en reparlera après la première en juillet.

http://pianochat.bandcamp.com/

Isabelle Bigot

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