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KOUDJU FESTIVAL

KOUDJU FESTIVAL
Du 25 au 27 octobre 2013 à Brie-Comte-Robert (77)

MÉTÉO : automnale, grise, pluvieuse.
Le festival seine-et-marnais fête ses dix ans cette année et s’étend sur une soirée supplémentaire : le vendredi, le public est attendu au Potomak, petite salle municipale dédiée aux musiques actuelles. Le samedi, grosse programmation au Safran avec, comme têtes d’affiche, les légendaires Orléanais Burning Heads, et Soviet Suprem, mené par R-wan de Java et Toma de la Caravane Passe. Le dimanche se passe aussi au Safran, pour des moments chaleureux teintés de soul, de chansons drôles, de hip-hop, de dancehall et de reggae.

Koudju, c’est aussi une association qui fonctionne tout au long de l’année, aidant des artistes à se développer, à trouver des dates, organisant différentes manifestations sur le département. Il est important de dire que le festival n’aurait pas lieu sans la mobilisation de nombreux bénévoles, efficaces et motivés. Signalons également que Koudju appartient au réseau Pince Oreilles, visant à la promotion des musiques actuelles en Seine-et-Marne, adhérant au RIF (Réseau des musiques actuelles en Ile-de-France) et éditant le trimestriel « Le Transistor », mine d’informations pour les professionnels et les amateurs de concerts.

Vendredi 25 octobre

Trois groupes confirmés, tous originaires de Seine-et-Marne, se succèdent pour la plus grande joie des (vraiment) tous petits et des plus grands.

Julien Quentin, déjà présent au festival l’an dernier en trio, prouve que la chanson française à texte peut être originale, se renouveler et « avoir du chien ». Nous aimons plus particulièrement « Genova » et « Quimper » puis ces « Moments délicieux » chantés avec Nyko de Chemempa, Mary et Pyke de Volumatik.

D’ailleurs, c’est Chemempa qui monte sur scène ensuite avec un nouveau line up (Chris aux claviers, Guillaume à la guitare, Cyril à la basse ; Nyko est toujours au chant, Yohanna à la flûte traversière et aux chœurs, Jérôme à la batterie) et de nouveaux morceaux, annonçant l’arrivée d’un deuxième album début 2014. Le groupe sera rejoint en milieu de set par la section cuivre de Smokin’ Fuzz pour un «When I fall in love » haut en couleurs.

Le clou du spectacle est indéniablement le duo Volumatik avec ses costumes kitsch, ses mises en scène foldingues, ses chorégraphies barrées, son VJing du tonnerre et son gros son qui claque. C’est la fête à l’électro, le doux délire, l’occasion de se déhancher et de hocher la tête sur une musique percutante et cadencée. Le show se termine par l’arrivée sur scène de Julien Quentin métamorphosé en faune, avec ses deux acolytes, pour un « Pleure, pleure (tu pisseras moins) » d’anthologie.

Samedi 26 octobre

La soirée commence avec la Planquette Des Animaux Humides, qui n’est pas un groupe de musique mais une compagnie qui propose un spectacle en extérieur devant l’entrée de la salle. Entre chorégraphie avant-gardiste sur un fond musical électronique downtempo et performance corporelle, la troupe propose une pièce jouant sur le noir et le blanc, avec des acteurs habillés en noir qui seront couverts de peinture blanche tout en jetant des mottes de terre noires en buvant maladroitement du café noir. Avec le soleil se couchant derrière les acteurs, ce spectacle décalé et décapant ne laissera pas indifférent les premiers spectateurs du festival.

Après un petit détour par le village associatif qui regoupe diverses associations (Pince Oreilles, merch des groupes, commerce équitables, militants écologistes, prévention sanitaire…), une Madame Loyale présente Abdul and The Gang. Formé autour d’anciens membres de Bab El Oued Sound, leur rock énergique et métissé mêle diverses influences (funk, reggae, afro-beat, percussions gnawa, musique latine) se joue malheureusement devant un public clairsemé, la faute à l’horaire (18h).

Suit l’étonnant trio instrumental AutorYno. Formé par David, l’ancien guitariste du groupe de ska-rock festif Fizcus, AutorYno propose un jazz-rock électrique (lignée Mahavishnu Orchestra) en formule guitare/basse/batterie, avec des influences math-rock et légèrement klezmer. Auteurs de 2 albums produits par le saxophoniste new-yorkais John Zorn sur son mythique label Tzadik, leur musique hautement improvisée ne laisse pas le public indifférent.

Place ensuite au trio seine-et-marnais Perfect Idiots qui propose un set de power pop grungy hautement efficace, devant une salle qui se remplie au fur et à mesure de leur prestation enjouée. Après 2 albums et une compilation, le groupe constitué d’un nerd-geek au chant et à la guitare, d’une abeille à la basse et d’un batteur tête à claques en chemise hawaïenne travaille actuellement sur un nouvel album, en témoignent quelques nouveaux titres qui ont la particularité d’être chantés en français.

Petit détour vers le stand restauration qui propose du chili végétarien et des sandwichs sans pain (l’organisation est un peu dépassée par un public plus nombreux que prévu et se retrouve vite à court de baguette) et retour dans la grande salle pour le concert des mythiques Burning Heads.  Piochant dans toute leur discographie (qui s’étend sur plus de 20 ans), les Orléanais proposent un set de punk-rock énergique tour à tour mélodique ou bien hardcore, aéré de nombreuses pauses reggae et dub. Mettant tout le monde d’accord, des vieux punks retranchés en Seine-et-Marne ayant fait le déplacement spécialement pour eux, aux adolescentes qui se trémoussent au fond de la salle, en passant par le baba-cool fan de reggae, jusqu’au gamin de 5 ans (avec casque) qui se déchaîne, les Burning proposent certainement ici un des meilleurs concerts du festival, ponctué de nombreuses reprises (du Jamaïcain John Holt aux Australiens The Saints en passant par le punk 77 de The Jam ou la référence hardcore US The Adolescents pour leur rappel).

Face à une salle pleine, le Soviet Suprem, duo composé de Sylvester Staline (non pas le groupe de grindcore français, ici il s’agit de Rwan de Java) et John Lénine (alias Toma de La Caravane Passe et non pas Thierry Wolf le chanteur des Bidochons), propose un hip hop balkanique riche en humour, à mi chemin entre Java (le côté hip hop) et La Caravane Passe (le côté balkanique). Le duo coiffé de chapka russes n’a pas de mal à convaincre le public et finit son set festif par des reprises de leurs groupes de bases : « Zinzin Moretto » de La Caravane et « Sexe, Accordéon et Alcool » (devenu « Sexe, Accordéon et Vodka ») de Java.

Et pour finir cette deuxième journée de festival, Tom Fire, accompagné d’un batteur, jouent dans un registre complètement différent… Avec leur disposition scénique particulière (batterie et machines surélevées en hauteur sur la scène), le duo propose un electro dub aux ambiances cinématographiques qui permet de finir la soirée dans un trip chillout d’after.

Dimanche 27 octobre

La fin d’après-midi démarre tout en douceur et en élégance avec Gasandji,  jeune femme originaire de la République démocratique du Congo, offrant de belles et lumineuses balades qui évoluent vers des passages plus cadencés. Elle chante en français, en anglais et en lingala (langue congolaise). Son album éponyme est paru en avril.

Mais qui sont ses trois femmes vêtues toutes pareilles, chaussées de jolies paires de bottines aux couleurs assorties au galon de leur jupe ? Ce sont les Glotte Trottoirs, groupe vocal humoristique n’ayant pas sa langue dans sa poche et faisant rire de bon cœur le public dans le hall du Safran, pendant le changement de plateau. Nous reconnaissons Violaine (la Vilaine) qui comme l’an dernier assure la présentation des artistes se succédant sur scène. Il y a aussi Nadine (la Coquine) et Annick (la Romantique). Le trio est managé par Fab, de Koudju.

Place au hip-hop avec Lemdi & Moax, duo vocal de choc ayant fait la couverture du dernier « Transistor » (numéro 40). Accompagnés par DJ Lumi, ils sont rejoints par la section basse, guitare, batterie et clavier des Percolators. Habitants du Val Maubuée, ils font partie des collectifs Artisans du Mic et Val Mobb Industries, regroupant des artistes de la culture hip-hop. Leur premier album, « Négropolitain » (c’est ainsi que l’on nomme, aux Antilles, les personnes noires nées et vivant en France) est édité par le label local actif et militant Coffee Break Records. 

Avec ses deux choristes pétillantes et ses musiciens virtuoses, le Jamaïcain Protoje  met de l’ambiance et le sourire sur les visages avec son dancehall moderne et dynamique. On ne s’en lasse pas, on en redemande, les connaisseurs reprennent les refrains de son premier album : « The Seven Year Itch » ou du deuxième : « The 8 Year Affair ».

Voici une légende du reggae roots, en pleine activité dans les 80’s, basée à Bristol en Angleterre, ville qui sera, dans les 90’s, le berceau du trip-hop : Black Roots. En 2013 (l’album « On the Ground » est sorti l’an dernier) c’est trois chanteurs sur scène, deux cuivres, deux guitares, un bassiste, un batteur, un claviériste, un percussionniste, soit onze musiciens inspirés pour un reggae dub du bel effet.

Le plus du Koudju Festival : une programmation musicale éclectique, séduisante et équilibrée.
La confirmation : le duo électro Volumatik pour son show spectaculaire et déjanté.
La découverte : la chanteuse congolaise Gasandji et ses compositions mêlant jazz, folk, traditions africaines.

Elsa Songis & Laurent Boutigny

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