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OSLO TROPIQUE

Réchauffement en musique

Le premier EP sorti le 21 mai porte le nom du groupe, attirant et accrocheur : Oslo Tropique. « L’essentiel des thèmes que nous abordons porte sur la surconsommation et l’écologie, qui sont des questions plus qu’actuelles avec la lutte contre le réchauffement climatique. L’idée du projet étant que l’on ne se retrouve pas un jour avec des palmiers qui poussent à Oslo ! » Voilà à quoi correspond le jeu de mots et l’oxymore, pourrait-on même dire.

En effet, tous ces problèmes typiques du XXIème siècle sont évoqués dans leurs textes, de la ruée frénétique vers le progrès technologique à la société de surconsommation. Ces thématiques leur tiennent particulièrement à cœur mais pas seulement. « “Un pavé dans l’écran” porte plus sur les réactions de chacun que sur la surconsommation elle-même ; la façon qu’on a de réagir à ce qui nous révolte, une réaction dans son salon, alors que nous sommes tous concernés et “Les grands palaces’’, lui, porte sur la surconsommation actuelle. »

Par ce qu’ils nous proposent, l’EP est pour le moins saisissant ; du vocal au musical, tout s’allie en harmonie avec leur propre style, du rock brut en français. « On a essayé de composer des choses sur lesquelles on se retrouve tous, sur notre dénominateur commun dans la musique : du rock anglais puissant et une affiliation avec le rock français. »  La formation est très jeune, ils se sont unis en 2019 pour l’amour du chant poétique et des riffs sombres (“Les Grands Palaces’’) ou subtils (comme dans “L’amour et ses fantômes’’). Cette dernière chanson, sentimentale, est d’ailleurs la seule de l’EP qui ne soit pas clairement axée sur une thématique sociétale.


Le rock d’Oslo Tropique que l’on peut qualifier de noisy est très puissant et énergique de par les variations de tempo et les mélodies qui s’affinent au fur et à mesure des écoutes. Le titre “Aquarium’’ plonge l’auditeur comme le narrateur dans un monde de doutes sur l’identité et le genre d’humanité : « C’est vraiment une question identitaire sur les dominants et les dominés, avec l’interrogation suivante : “Est-on est libre de ses pensées et ses gestes ou pas ?” Ça rejoint un peu l’idée qu’on est nous-mêmes des objets de consommation. Et c’était amusant de faire ça avec un poisson. Ça donne un côté un peu psychédélique, de voir un poisson rouge qui est un peu un symbole de l’enfermement dans les bocaux des confinements ! »

Une réification à consommer avec modération tout de même et un message qu’ils auraient envie de faire passer avec cette liberté retrouvée des artistes de se produire sur scène : « Liberté retrouvée, je ne sais pas. Il faut être vigilant surtout qu’Oslo Tropique porte des regards sur cette époque très fertile en problèmes et questionnements. La crise sanitaire qu’on vient de passer est marquante et va marquer encore pendant un certain temps. Tout le monde parle « du monde de demain », puis on voit qu’il y a plein de lois plutôt liberticides qui sont passées et qui n’ont pourtant rien à voir avec la Covid, comme la loi sur la sécurité globale. » Le pouvoir des artistes de s’exprimer en contournant une certaine censure, de faire passer une opinion en détournant les codes avec les paroles. « Il est vrai que même si nos textes sont engagés, ils ne sont ni ciblés ni revendicatifs. Un jour ça pourrait venir mais là on n’est pas du tout sur ces textes-là. C’est plus un regard et une critique sur nous-mêmes comme dans “Les Grands Palaces’’. Ce morceau fait écho à un événement, une certaine image où on voyait des gens se ruer sur des pots de Nutella en promo. Il y avait toute une partie des gens qui trouvaient ça choquant et d’autres gens qui manifestaient un certain mépris. Cela montre combien on est habités à la consommation, on a toujours plus ou moins vécu là-dedans. Il y a toujours un plaisir ou un besoin dans l’achat, on a grandi comme ça. Mais il faudrait se réguler, consommer autrement. Il faut penser à la pollution, au réchauffement climatique et changer de paradigme de consommation : arrêter avec la consommation de masse. Cela vaut aussi pour nous, musiciens, dans nos pratiques et nos manières de faire et vendre notre musique. »

On attend déjà la suite de l’EP avec impatience, « On y travaille ». Toujours regarder vers l’avant, le futur, avec leur label Les Jeudis du rock et un petit mot sur leurs projets à venir : « Là clairement, c’est faire des concerts, avec une musique qui est vouée à être jouée en scène, retrouver l’atmosphère, l’ambiance avec l’équipe qui nous entoure ». Leur EP donne véritablement envie d’assister au baptême sur scène… et sans masque.

EP Oslo Tropique Les jeudis du rock – L’autre distribution

>>Site de Oslo Tropique

VANESSA MAURY-DUBOIS

Photo d’ouverture : Emmanuel Delpix

Photos de l’article : Thierry Chateau

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