Aranda
Modulor
Du pétrolier éventré auquel il a emprunté son nom, le groupe parisien a depuis longtemps laissé s’écouler les nappes sombres dans sa musique, mais il avait encore rarement autant réussi à doser l’équilibre entre les matières lourdes de son spleen et la légèreté mélodique. Ainsi l’introductif « White Fires », avec ses accents presque curistes, installe une tension sourde qui s’allège rapidement au gré de douceurs vocales et de pointes électroniques colorées. Enregistré à la fois en Espagne et à Paris, cet album joue la carte multiculturelle et égraine son humeur douce-amère entre l’anglais, le français et l’espagnol (le temps de deux morceaux en duo franco-espagnol avec la chanteuse Helena Miquel) pour un aller-retour constant entre pop solaire et tentations cold 80’s. Il y a quelque chose de l’élégance de Daho dans ces chansons synthétiques désenchantées et quelque chose de Dominique A dans ces textes en français à la froide poésie… En ces temps tourmentés, Aranda a le goût mêlé des désillusions et du bonheur de vivre.
A écouter en priorité : « White fires », « Horizon » et « Les Angles morts ».
JESSICA BOUCHER-RETIF
