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Leif Vollebekk

Leif Vollebekk

Le son de la perfection

 

Avec un deuxième album intitulé « North Americana », l’Ontarien basé à Montréal nous offre une déambulation simple et profonde, doux mélange aux inspirations folk. C’est que derrière les 10 titres présentés, on arrive à voyager dans un univers à la fois personnel et universel, et à se laisser porter par le son sophistiqué et longtemps recherché par Leif. Celui qui a fait les premières parties de Karkwa  ou encore Patrick Watson , nous raconte avec enthousiasme l’histoire de cet album, content de pouvoir lui rendre vie sur scène.

À la recherche du son

« Le premier album a été fait en une semaine. Je me suis donc dit : parfait, je vais refaire la même chose ! Mais ça ne s’est pas passé comme ça !» Après avoir enregistré une dizaine de chansons en un peu plus d’une semaine, seules deux d’entre elles étaient satisfaisantes. Il a donc fallu continuer, et les occasions n’ont pas manqué pour poursuivre la construction de cet album. « J’avais une deadline en tête, mais… on l’avait déjà dépassée. » Enregistré à Montréal (Hotel2Tango), New-York et Paris (studio la Frette), cet album aura mis un certain temps avant de prendre toute son ampleur. Cela était surtout du à la volonté de Leif d’obtenir un certain son qui enrobe chacune de ses chansons : « C’est juste que parfois, le son n’était pas celui que je recherchais. La prise n’était pas la bonne. Tu fais un enregistrement, tu es content de toi, puis à l’écoute, c’est horrible, tu te rends compte que ça n’a pas du tout la texture que tu voulais ». C’est comme si le son était un facteur aussi important que la musique et les paroles : « Je cherchais un son plus vivant, plus clair ». Et pour l’enregistrement, il a donc fait appel à des « pointures » comme Howard Bilerman (Arcade Fire, Coeur de Pirate, Godspeed You! Black Emperor) ou Tom Gloady (Ryan Adams, Sigur Rós, Patti Smith). « Avec cet album, je voulais que les gens se disent : Oh waou, quel son !».

North Americana Studio from Jon Leifs on Vimeo.

Un petit tour parisien

Leif Vollebekk « On a fait une belle tournée en France, que le manager de Karwka m’avait aidé à monter. J’étais avec mon groupe et puis on avait un ou deux jours off ». Et c’est comme ça que Leif s’est retrouvé au studio la Frette, qu’il a utilisé jusqu’au bout de ses limites : « On était au studio, on abusait un peu, ça nous servait aussi d’hôtel ! ». Finalement, il a pu négocier une journée de studio : « Ce n’était pas un trip “Ok, on est des rock stars, on va aller en France, à Paris, enregistrer dans un super studio !“ mais c’était plus comme un concours de circonstances ». Ils ont donc enregistré l’équivalent de six chansons, bien que Leif n’était pas satisfait de la manière dont il chantait : « À la fin, ma voix était vraiment éraillée. Après trois heures de sommeil, on a encore enregistré une dernière prise et c’est celle-là qu’on a finalement gardé ! ». Il s’agit de la chanson intitulée « Photographer friend ».


La compulsivité des mots

« Je ne voulais pas écrire des chansons trop marquées, qui disent : ok voici 2012, et ok voici 2013 ». Et pour le coup, c’est réussi. On note en effet un petit côté intemporel mais actuel, si bien qu’il paraît difficile de dater les histoires ou les mélodies. « Tu te promènes quelque part et là il y a juste une phrase d’une chanson qui te viens. Tu l’aimes, elle commence à travailler un peu dans ta tête, puis au final quand tu entends cette phrase-là dans la vie quotidienne, tu ne peux plus l’entendre sans penser à la chanson dont elle fait partie. J’aime que les chansons aient la possibilité d’aller chercher quelqu’un, comme les chansons de Bob Dylan. ». Dans l’écriture, il est un véritable compulsif du carnet de notes, où sont alignés les mots, bribes de phrases ou expressions : « J’ai une technique un peu particulière, j’ai acheté une machine à écrire, car mon écriture est vraiment horrible, et on dirait que si je tape le mot et que je le vois écrit de cette façon, plus propre, cela le rend plus beau et lui redonne son sens ». Parfois, il peut avoir plusieurs carnets pour la même chanson : « Il m’arrive d’en perdre des bouts, puis de retrouver une feuille avec la meilleure phrase de la chanson ! J’essaie d’écrire quand le moment me vient, puis je pioche dans tout ce que j’ai. »

Leif Vollebekk Des chansons comme des personnes

« Avant pour moi, la musique était vraiment importante et les paroles pas du tout, mais avec cet album-là, on dirait que les choses ont changé ». À en croire Leif, une bonne chanson se doit d’être attirante, accrocheuse par la mélodie, c’est ce que l’on regarde en premier, comme chez une personne, puis après en se penchant sur les paroles, on en découvre toute la personnalité, qui fait qu’on va pouvoir réécouter et véritablement aimer cette chanson : « Je voulais vraiment que la voix soit mise en avant, qu’elle soit compréhensible, c’était important pour moi. J’ai l’impression que si quelqu’un ne parle pas l’anglais du tout, s’il aime l’album, c’est un hasard ». Qu’on se rassure, vous n’aurez pas besoin d’être bilingue pour apprécier « North Americana », la texture des mots pouvant se suffire à elle-même pour profiter des chansons et embarquer dans l’univers. « Les paroles sont ce qui rendent les chansons différentes, ça permet de mettre du relief quand le musique demeure un peu statique ».

La « dream team » de musiciens

En parlant des musiciens qui l’entourent, Leif s’exclame : « Ce sont les best ! ». On retrouve en effet Philippe Melanson à la batterie, qui joue dans beaucoup de groupes de jazz, l’excellent Joe Grass (Patrick Watson, Marie-Pierre Arthur) à la pedal steel et Hans Bernhard à la basse : « Philippe et Hans sont des bons amis, ils se connaissaient avant, et c’était important pour moi que le tandem batterie / basse ait l’habitude de fonctionner ensemble. » Il devient naturel pour eux de se suivre lorsqu’ils jouent en live : «  Ce n’est pas comme si tout était écrit quand tu joues en live, ils arrivent parfaitement à anticiper ce que je veux faire, c’est comme une extension de moi. ». À cette base solide s’ajoute Adam Kinner au saxophone ténor : « Je voulais comme un vibe de Tom Waits, mais ça ne sonne pas vraiment comme du saxophone, c’est plus une sonorité d’harmonium car il joue d’une manière velouté, c’est très émotif et transparent. Finalement, je constate que tous mes musiciens ne jouent pas de leur instrument d’une manière classique et c’est sans doute ça qui fait la différence ».

Si on lui pose la question de comment il voit l’avenir, Leif répond : « Idéalement, si ma vie pouvait être : studio, show, studio, show, c’est comme la nuit puis le jour, tu ne veux pas l’un sans l’autre ! ». Leif Vollebekk part en tournée début mars et sera de passage à Québec le 22 mars et à Montréal le 23 mars.

http://www.leifvollebekk.com/

Yolaine Maudet
Photo : Toma Iczkovits
« North Americana »

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