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La Maison Tellier


L’art de la fugue

Pour la route qui trace au milieu des champs à peine perturbés par les éoliennes. Pour le train qui traverse la grande ville fourbue par une journée de travail, constellée de feux tricolores et de néons. Même pour les raides chemins de Corse, dépouillés par l’hiver, ravis des premières chaleurs…

Pour tout cela, le troisième album de la Maison Tellier, « L’art de la fugue », est idéal. « On s’est donné les moyens de mener nos idées jusqu’au bout. On a pris le temps de bien réfléchir à la construction de chaque morceau, et surtout de ne pas abandonner en route une partie de nos ambitions », explique Raoul, l’un des guitaristes du collectif normand. Depuis « Second souffle » sorti en 2007, la Maison Tellier a poussé les meubles, abattu quelques cloisons. Elle a quitté son label d’origine pour une filiale de Wagram. « J’ai clairement trouvé mon compte dans cette nouvelle méthode de travail. Il y avait à la fois une écoute de nos envies, de ce qu’on avait en tête, et une distance critique de part et d’autre qui nous a permis d’aller plus loin », poursuit Helmut, le chanteur du groupe. Résultat : l’impression de voir un esprit malin posséder tour à tour tous les corps, incarner tous les visages d’une Amérique fantasmée. Celle où la loi des hommes est un genou à terre. Celle où l’on imagine croiser Willy Lamothe et Calexico, Ray LaMontagne et Neil Young. Un territoire entre « Paris, Texas » de Wim Wenders et « Into the wild » de Sean Penn. Avec une discrète sophistication et une liberté renouvelée, la Maison Tellier dépeint cette Amérique, désolée et sauvage, où voyage et errance finissent par se confondre. Ce n’est donc pas un hasard si l’une des belles réussites porte le nom d’un roman de Kerouac, « Mexico City Blues ». Décidemment, « L’art de la fugue » ne manque pas d’envergure.

texte: Sylvain Dépée
Photos: Marylou Eytier

www.myspace.com/lamaisontellier

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