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LE MANQUE

LE MANQUE en entrevue sur Longueur d'Ondes

Criant d’imagination

Ce n’est surtout pas Le Manque d’inspiration, plutôt Le Manque de conformisme. Le Manque ou cette urgence du drogué face à sa came, littéraire en tout premier lieu puis suit toute une série de substituts.

« Fasciné par l’avalanche de chansons qui se déversent sur moi depuis ma naissance, comme si cela ne devait jamais s’arrêter, comme s’il en manquait toujours une, j’ai fini par croire que je devais m’y mettre si je ne voulais pas finir noyé », confie l’un des deux porteurs du projet, Lionel Fondeville. « Le nouveau dieu des sociétés contemporaines n’est pas l’argent, c’est indéniablement le manque. »

Dans le numéro 52 de Longueur d’Ondes, nous les présentions comme “le groupe le plus singulier du moment”. Alors, on repense à eux, et on n’est pas les seuls. « Quand je pense aux deux gars du groupe Le Manque… », peut-on notamment entendre de la bouche de Pascal Bouaziz, dans la chanson “La Province”, sur l’album de Bruit Noir I/III.
Et le duo mérite bien cette attention : il vient de balancer ses trois premiers albums en téléchargement gratuit sur Bandcamp (Ratages et confettis, Rester ouvert à l’inattendu et Torse nu dans la fosse). La raison ? « Y a des fauchés partout et il y en a parmi nos fans. »

L’actu du Manque passe aujourd’hui principalement par Youtube. « Un mp3 n’intéresse personne. Il faut des images pour retenir l’attention », murmure Christophe Esnault. Et sur cette scène virtuelle, nombreux sont les artistes à rejoindre Le Manque le temps d’un clip. Réalisateurs, musiciens, écrivains, photographes… « On fonctionne de plus en plus comme un collectif. »

Les influences vont « de Dada à l’art conceptuel », en variant les genres puisque « les codes sont là pour être explosés » : électro, garage, folk, expérimental, grindcore… « Si on en avait le temps, on préparerait dix titres pour être programmés au Hellfest, dix autres pour le festival de Francis Cabrel à Astaffort, et enfin dix pour le Zouk Festival d’Helsinki. »

La littérature façonne Le Manque dont l’aventure a commencé par l’écriture de nouvelles à quatre mains. Habitué des revues littéraires, Christophe Esnault a publié une dizaine de livres : « D’autres sont à venir, mais je suis surtout un lecteur insatiable. » Lionel Fondeville s’approprie alors ses textes et les met en musique : « On retrouve dans ces chansons le monde tel que Christophe le voit. Ce sont ses obsessions, ses rages, une sorte de lucidité presque désespérée, mais justement pas tout à fait. Je me charge de mettre cela en valeur, de donner une voix et une forme à ce “pas tout à fait”. » Une noirceur poétique qui s’autorise à peu près tout : “Je veux un enfant médiocre”, “Coucher avec ma sœur”, “Même mon cancer”, “Nietzsche m’a tout piqué”…

Texte : Thibaut Guillon
Photos : Aurélia Bécuwe

 

 

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