Que la nuit m’emporte
Autoproduction
Le nouvel album des Toulousains énervés possède une excellente corrélation entre fond et forme. Pendant que la musique égrène une rage insidieuse, le spoken word (en français) de Nicolas Lafforgue monte au front. Fausse douceur mélodique contre logorrhée incendiaire. Mais le chanteur de BRTQC, dans son élan révolutionnaire, ne tombe cependant jamais dans le revendicatif explicite. Centrées autour du thème de la nuit, ces dix compositions pourraient tout aussi bien aborder l’incrédulité face à une tuerie de masse que l’inquiétude d’un artiste peinant à quitter la sphère underground. Les mots trouvent le bon floutage : intimes mais universels, engagés mais banalement quotidiens, ouverts à l’interprétation. De même, Nicolas détient le sens de l’épure. Pas question de saturer la musique d’un flot sans fin. Au contraire : chaque phrase réussit à faire mouche car un bel équilibre est ici respecté entre accalmies sonores et vindictes verbales. Un disque aussi réfléchi qu’instinctif.
À écouter en priorité : “Je n’ai pas peur”, “Dans l’ombre d’un doute”.
Chronique à lire dans le magazine Longueur d’Ondes N° 79 / Automne 2016
JEAN THOORIS