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PAUSE GUITARE

Pause Guitare 2016 - Ambiance -©Marylene Eytier - Longueur d'Ondes

Du 5 au 10 juillet 2016, Albi (81)

CADRE : Albi est en festival ; du Grand Théâtre à la Place du Vigan pour le Off, de la salle Athanor aux immenses près de Pratgraussals en passant par une dizaine de bars du centre ville.

MÉTÉO : Sous le soleil exactement !

LA CARTE D’IDENTITÉ : 20 balais, rien que ça ! Et une ambiance bon enfant, chaleureuse, insufflée par le couple de dirigeants Annie & Alain Navarro.

LES PLUS : Pas d’œillères dans la programmation qui peut séduire les jeunes de 7 à 77 ans : de Louise Attaque à BigFlo & Oli en passant par Jain ou The Avener.
Bien vu de faire jouer plusieurs fois les groupes canadiens, ça permet de choisir son horaire pour ne pas les rater.

LES MOINS : Un nom de festival absolument pas en rapport avec la réalité. Mais comment changer de patronyme après 20 ans de bons et loyaux services ?
Les bouchons sans fin pour accéder ou sortir du site Pratgraussals à certains horaires… et l’absence notoire cette année de policiers pour faire la circulation !

EXPÉRIENCE ACADIE : Deuxième année de présence sur le festival. Pleins feux sur le Nouveau-Brunswick avec des stands tourisme, immigration, études… et une scène qui balaie différents styles acadiens. Retenons deux formations de Moncton : Simon Daniel, petit bonhomme frêle à la voix puissante et haut perchée qui « voyage dans sa tête » et nous en fait profiter, guitare en main, avec son acolyte aux claviers et CY, quatre excellents musiciens allant du folk-trad à la chanson d’aujourd’hui avec des mots d’antan. Un faux-air de Beau Dommage plane sur l’ensemble…

QUE DES MANCHES ! Un de contrebasse, un de banjo et deux de guitare. Tous maniés par quatre Acadiens (dont deux chanteurs) jouant un bluegrass country anglo invitant à la danse. La voix éraillée du leader de The Backyard Devils nous plonge dans des ambiances de tavernes enfumées. Un grand moment !

MASSACRE (sans la tronçonneuse) : On a envie de l’aimer la petite Louane, la nouvelle France Gall… mais quand on la voit habillée comme un sac, massacrer Blur ou Renaud avec un orchestre de bal, on a juste envie de lui dire « Stop, achète-toi des musiciens, un arrangeur et un producteur dignes de ce nom plutôt que de nous vendre ton “poster dédicacé 5 € et les 3 pour 10 € seulement” ! »

QUÉBEC & FOLIES : Les artistes du Québec et de la francophonie canadienne avec le concept « Québécofolies » ont accès à un bel un outil de promotion. Evénement dans l’événement, c’est une vitrine, une série de 5 showcases pour les pros… mais aussi pour le public ! Le quatuor de bûcherons de l’Ontario, Hey Wow, fait dans le trad-rock, mais c’est quand il s’en éloigne qu’il est le meilleur (“On s’est battu au Ikéa”). Les cinq Raton Lover qui revendiquent de faire du rock en français depuis leur Québec natal privilégient les guitares, mais le clavier est aussi bienvenu. La Bronze, trio pop-rock énervé est mené par une chanteuse qui en fait trop, surjoue tout sans grande nuance (une Izia métisse) et use beaucoup d’onomatopées. On retiendra la délicate et pertinente Joëlle Saint-Pierre (aux faux-airs d’Isabelle Carré) qui s’accompagne au vibraphone. Un univers doux et intelligent.

LA CARAVANE DU VLADKISTAN : Scène dédiée à Vlad dandy-punk un brin déjanté et sa programmation iconoclaste (Kolinga, Sylvain Reverte, Jenny Dahan…). Un vent de folie dans le off.

HARRY, UN AMI QUI VOUS VEUT DU BIEN  : Seul sur la grande scène des “Amis du jour d’euf”, Harry Brown n’a peur de rien et emballe le public avec son éléctro-rock hybride mâtiné de pop-punk. Une belle découverte.

LA GRACE : “Full of grace” chante Rover ayant posé ses lunettes de soleil. Et c’est un peu ce que l’on pense de sa voix, unique, modulable, un peu à la Rufus Wainright. L’écrin musical qui l’entoure est parfait ; planant dans le fond, rock en surface… Dommage qu’il reste quasi tout le temps les yeux rivés sur sa guitare, se coupant ainsi d’une complicité accentuée avec le public… qui ne demanderait que ça ! Cependant, pour le show, on lui décerne la Palme d’or de la meilleure création de lumières du festival !

LA DÉCEPTION : Annulation du show de William Sheller pour cause de malaise en répétition. On lui souhaite un prompt rétablissement !

L’AGITÉ DU BOCAL : Toujours aussi fascinant ce Mathias de Dionysos bondissant sans répit, haranguant la foule, monopolisant l’attention au détriment de la belle Babet, femme-fleur au violon et aux chœurs… et ne parlons pas des trois autres (supers) musiciens éclipsés par ce diablotin au chapeau !

LA PETITE PHRASE : « Hein, vous ne connaissez pas la chanson de Francis Cabrel en faveur de l’euthanasie ? Allons… ”Je l’aide à mourir” quoi ! » Vlad

GÉNÉREUX : Belle leçon d’humilité et de générosité de la part de Mika qui sait rester proche du public malgré un méga show qui déploie ballons et confettis.

CLASSE : Joan Baez, tenue décontractée, sait rester simple et classe à la fois. Après cinquante ans de carrière, elle garde une fraîcheur qui met le public au diapason avec quelques extraits de son dernier album, des reprises (“The Boxer”, “Imagine”…) et ses hits (“Here’s to you”…). Respect madame !

GAGNANTS : D’un excellent niveau, le Tremplin Découvertes met en lumière les différentes facettes de la chanson française, pop, rock, hip hop ou poésie, avec, entre autres, Léon et Sages comme des sauvages. C’est Zob, avec un show déjanté et parfois dérangeant, qui décroche le Prix du Public ; celui du Jury et de la Dépêche du Midi revient à Emilie Marsh qui a séduit les professionnels avec sa prestation impeccable.

L’ANECDOTE : Après une reprise de Bob Dylan qu’il a adapté en français, Francis Cabrel a eu droit au bisou de Joan Baez qui regardait le concert des coulisses.

SACEM : « Chers amours bonjour »! c’est ainsi qu’Alain Navarro a accueilli le public venu découvrir les deux projets soutenus par la SACEM : Zaza Fournier et La Maison Tellier.
Zaza, la conteuse d’histoires intimistes et son acolyte MaJiKer (human beat box & piano) ont embarqué le public dans leur folie passagère : ce duo improbable tient en halène, surprend et fonctionne à merveille.
Les 5 membres de la Maison Tellier sont venus présenter leur nouveau spectacle Avalanche, profitant de ce cadre idéal pour mettre les petits plats dans les grands : une scénographie classieuse, une création lumière subtile et originale, des nouveaux titres encore plus puissants, servis par des arrangements toujours aussi précis, envoûtants et singuliers. Une avalanche de superlatifs pour un moment exceptionnel et intimiste.

LE FINAL : La belle Jeanne Added a subtilement distillé sa magie sur Pratgraussals alors que le public arrivait au compte goutte. Feu! Chatterton et son rock littéraire a su s’imposer devant une assistance de plus en plus fournie.
Elton John, s’est enfin présenté devant une fosse pleine à craquer : un véritable showman, bluffant par son jeu de piano et la puissance de sa voix, entouré par des musiciens fidèles (certains l’accompagnent depuis plus de 40 ans). Si la première partie du show était plutôt calme, c’est la seconde partie avec ses plus grands succès qui a fait chavirer le public. Elton a prouvé qu’il était encore le maître en la matière.

LA DEVISE : Se divertir, découvrir, écouter et… aimer !

CHIFFRES : 75 000 spectateurs, 950 bénévoles,175 entreprises partenaires, 250 professionnels de la musique.

RÉTRO : Sanseverino et son band racontent l’histoire du prisonnier Papillon sur fond de rock-blues mixé à l’ancienne (un seul micro pour les musiciens). Après une reprise d’ Aragon et un final endiablé, le mot de la fin lui revient : « Vive la Tolérance ! »

 

Site du festival Pause Guitare

Texte : SERGE BEYER & MARYLENE EYTIER
Photos : MARYLENE EYTIER

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