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FRANCE DE GRIESSEN

JOURNAL DE TOURNÉE
01 France de Griessen - Jipe Truong

Première partie d’Indochine sur le “Black City Tour 3”

11 mars 2014, Bruxelles, Jardin du Mont des Arts

Il est 18h, demain, ce sera mon premier concert du “Black City Tour 3 ». Je suis allée acheter des jeux de cordes pour ma guitare et je regarde le ciel bleu-rose poudré et les toits des maisons… Des arbres peints en blanc et un pigeon au dessus d’une colonne forment un paysage presque surnaturel, comme dans un conte.

12 mars 2014, Bruxelles, Palais 12

France de Griessen © Jipe TruongPremière date en première partie d’Indochine pour moi, et on commence par une salle énorme : Le Palais 12 et ses 15 000 places ! Je serai accompagnée sur scène, pendant la tournée, par François “Shanka” Maigret (The Dukes), avec qui j’ai co-composé mon album “Saint Sebastien” et entourée de Kamel Bouchakour, poète de la lumière dont j’adore la sensibilité, et de Mazarin avec qui j’ai déjà fait de nombreux concerts, et qui avait co-réalisé mon premier album “Electric Ballerina”. Se joindront à nous sur certaines dates Romain Al.l. et Judith à la caméra, ainsi que Jipé Truong avec ses appareils photo, des regards bienveillants, attentifs et affutés.

Fender Malibu acoustique équipée d’un micro LR Baggs, Gibson SG Junior de 67 et Fender Jazzmaster Costello, pédaliers et ordis dans leurs housses… la journée commence par la préparation du matériel, puis de nos tenues de scène. Couronnes de fleurs, petit perfecto en synthétique noir, brassière, jupe-culotte à bretelles et bottines cloutées pour moi, chapeau, pantalon noir, gilet orné de paillettes étoilées ou pull marin revisité pour Shanka. On se retrouve tous ensemble pour déjeuner puis nous partons pour le Palais 12. Il fait un temps magnifique, nous sommes tous en T-shirt comme en été, les Yeah Yeah Yeahs dans l’auto-radio.

Nous arrivons et retrouvons notre ami Alexis Berthelot, qui a enregistré mon album au Studio G (Brooklyn) et qui travaille également sur la tournée d’Indochine. Nous attendons nos balances dans une jolie loge ornée de grandes photos de musiciens en noir et blanc et de lampes au design 70’s. Un moment pour se retrouver avec mon équipe, avant cette première soirée. Des personnes que j’ai choisies non seulement pour leur savoir faire, mais aussi pour des raisons humaines, des gens avec qui je me sens bien, c’est primordial pour moi.
Les balances seront très courtes, une seule chanson, “Honey Lake”, pour régler le son et les lumières ; je suis heureuse d’avoir une équipe technique aguerrie et qui à l’habitude des grandes salles, cela me met en confiance malgré ce timing plus que serré.

France de Griessen © Kamel BouchakourNous avons répété le show à Planet Live avant la tournée, dans des conditions de son et d’espace proches de celles de ce soir. La scène est immense, mais, comme c’est toujours le cas pour les premières parties, l’espace scénique qui nous est attribué est restreint – le décor d’Indochine étant masqué par un grand rideau noir et leur matériel au sol nous encadrant à gauche et à droite -, il s’avère que cela convient pour une formation en duo. Beaucoup de personnes m’ont demandé si je n’avais pas trop peur face à un public aussi nombreux. Le trac, certainement terriblement avant de monter sur scène – qui ne l’éprouve pas ? -, mais peur, ça non, au contraire, je suis heureuse de l’opportunité qui m’est offerte par Nicola et Indochine, et mon cœur est bien accroché. Je ne sais pas quel accueil je vais recevoir, mais je sais que mon show est bien préparé, selon mes critères artistiques, et que Shanka et mon équipe sont avec moi.

À 19h45 nous montons sur scène et c’est parti… Le concert se passe bien, je suis heureuse. Quelques fans ultra-exclusifs d’Indochine n’aiment pas et le font savoir – j’aurai droit à leur présence sur toutes les dates d’ailleurs, puisqu’ils se trouvent près de la scène à chaque concert du groupe -, mais c’était à prévoir et ne me déconcerte pas. D’ailleurs, ils ne représentent pas l’ensemble du public du groupe, avec qui j’aurai de très beaux échanges au long de cette tournée.

J’ai passé beaucoup de temps à préparer ma set-list pour ce “Black City Tour 3 », pour un public qui n’est pas le mien au départ et à qui il s’agit de faire découvrir mon univers. Je suis très attachée à cette image du capitaine de bateau : on propose un voyage et on trace sa route. Il faut tenir bon la barre, sentir le vent, être en osmose avec les vagues de la musique et du moment, être connecté à sa force intérieure. C’est comme cela que l’on peut être généreux d’ailleurs, il me semble. Pour moi l’humilité va main dans la main avec la force intérieure que nous avons potentiellement en nous, c’est autre chose encore qu’être “sûr de soi”, qui ne me paraît pas forcément intéressant ni indispensable à moins d’être un candidat de crochet de télé-réalité. La force dans toute sa diversité m’intéresse beaucoup plus, et c’est ce que j’admire chez bien des artistes parfois très écorchés ou d’apparence fragile d’ailleurs. Ma première “première partie” se termine, et nous retournons en loge, place à Indochine.

France de Griessen – Teaser 2014 – par Al.l from Al.l. on Vimeo.

15 mars 2014, Dijon, Zénith

Après plusieurs heures de route en écoutant en boucle le coffret “Breezes of patchouli – Studio recordings 1966-1969 » de Donovan, reçu en cadeau lors de mon showcase chez Gibert Musique la semaine dernière, “Hurt me” de Johnny Thunders et “La Taille de mon âme” de Daniel Darc, nous arrivons au Zénith de Dijon sous un ciel gris clair. Dès l’entrée dans le Zénith par l’entrée réservée aux artistes et aux équipes techniques, tout est rouge, comme dans un film de David Lynch… France de Griessen © Leslie MunarNous déjeunons avec Alexis puis nous rendons en loge pour préparer nos affaires pour le show du soir. Cet après-midi, j’ai des interviews et un titre acoustique filmé qui ne figure pas dans la set-list, “I thought I had”. C’est un moment très sympathique, avec des questions intéressantes et variées, de très belles rencontres.

L’après-midi tire vers la fin, et nous ne sommes toujours pas appelés pour faire la balance son et lumières. Des réglages techniques de la vidéo prennent plus de temps que prévu : nous n’en auront pas, l’ouverture des portes étant imminente, et nous allons monter sur scène directement. Qu’a cela ne tienne, j’ai confiance en mon équipe, on gère ! Le public de Dijon se montrera très chaleureux et c’est une soirée superbe. Quelques habituels classieux “À poil !” seront de la partie, mais aussi des “France, on t’aime !” et des applaudissements chaleureux entre les chansons me vont droit au cœur. D’autant plus dans le cadre d’une première partie !

Après le show, Kamel, Mazarin et moi installons le stand, tandis que François range notre set-up. J’aurai ainsi l’occasion au cours de cette fin de soirée de discuter avec les personnes qui achètent mon disque, de bien jolies rencontres. Nous rentrons à l’hôtel, et trinquons joyeusement au bar de nuit de l’hôtel. Des petits moments magiques où on oublie la fatigue…

19 mars 2014, Clermont -Ferrand, Zénith d’Auvergne

France de Griessen © Jipe TruongFrançois et moi arrivons au Zénith d’Auvergne vers midi, après avoir roulé en écoutant Daniel Darc en mode repeat, avec ses paroles entêtantes et magnifiques : “Rappelle toi / On est fou / C’est tant mieux / Ça évite de devenir… / Suicidé”. Les loges se trouvent toutes au cœur d’un bâtiment de forme ronde, on se croirait pour un peu dans un film de SF 70’s. “Cosmos 99” dans un cercle. Le train nous amène Mazarin et Kamel par cette journée ensoleillée, on déjeune tous ensemble puis commencent les préparatifs habituels : mettre en bord de scène le set-up, installer le stand de merch… Après une courte balance, nous entrons en scène.

Encore une très belle soirée, un accueil chaleureux. C’est notre meilleur show jusqu’à présent d’après Mazarin, nous avons pris beaucoup de plaisir sur scène, d’autant plus que nos raffinés amis campeurs semblent avoir perdu leur voix ce soir. Nous rentrons au gîte que nous avons réservé, faisons un joli feu de cheminée…

Le lendemain nous passons la journée tous ensemble à Clermont-Ferrand après un petit-déjeuner dans le jardin, au soleil. Au détour d’une rue, je rencontre un beau chien noir et blanc, le petit village au mur de pierre ressemble à la Provence en plein cœur de l’Auvergne…Campagne douce et poétique, un vrai petit break. À Clermont, nous déjeunons en terrasse puis visitons la vieille ville. Je trouve pour ma mère des pierres aux couleurs magnifiques venues des quatre coins du monde dans une boutique incroyable qui, me dit-on, existe depuis plus de vingt ans : Cash Minéraux. Nous continuons la promenade par la rue du Port et découvrons une petite friperie fabuleuse, à la déco et à la bande-son aussi fantastique que les vêtements et accessoires en vente : Chambre 16. Nous ressortons avec un T-shirt à damiers pour la fille de Mazarin, des lunettes John Lennon pour Kamel, un foulard léopard pour François et une lampe oiseau rose des années 70 pour moi. Des cadeaux que nous nous faisons mutuellement pour fêter cette journée. Mazarin repart avec des amis de la région, François, Kamel et moi rentrons au gîte avec une bonne bouteille de vin rouge du Chili, et je prépare un curry vegan pour nous tous en sirotant mon verre, accompagné d’olives. La recette : lait de coco, curry, purée de tomates, carottes, pommes de terre, un oignon, une courgette, des abricots secs et du basilic frais, longuement mijoté puis servi avec du riz thaï. Après quoi, nous discutons jusqu’à l’heure du coucher. Demain, de la route nous attend.

21 mars 2013, Lyon, Halle Tony Garnier

France de Griessen © Jipe TruongNous arrivons à la Halle Tony Garnier pour l’heure du déjeuner, Mazarin nous rejoindra en train en début d’après-midi. Nous découvrons l’organisation des loges, réparties dans différents bâtiments. Au contraire de l’architecture chaleureuse du Zénith d’Auvergne, ici tout est loin, morcelé. La Halle est si grande que tous les semi-remorques d’Indochine sont garés à l’intérieur même de la salle. Cet après-midi, interview filmée. Encore une belle rencontre, avec des gens passionnées, amoureux de la liberté et de la diversité culturelle.

Romain et Judith sont arrivés pour filmer le show de Lyon. L’après-midi avance, et nous nous demandons si nous aurons la possibilité de faire une balance aujourd’hui. Il est 18h, la Halle doit ouvrir ses portes à 18h15, nous montons sur scène pour faire les réglages sur un demi-morceau, et il faut quitter le plateau. Nous repartons en loge nous habiller, et à 19h45 exactement, le concert commence. Dès les premières secondes, je comprends qu’il y a un problème : je n’ai aucun retour dans mes in-ears et le timing serré n’a pas permis de régler les retours. Je vais donc devoir me repérer sur les doigts de François, et me baser sur ma seule mémoire pour partir aux bons endroits sur les machines, puisque je ne les entendrai pas, et ce quasi jusqu’à la toute fin du set. Je ne sais pas comment j’ai réussi un tel tour de force, mais je sors de scène dans un état second. Deux minutes après, je m’effondre. Heureusement que mon équipe et moi sommes très solidaires et liés, on se serre les coudes, on part boire des coups dans un bar voisin. J’en ai besoin. Retour à l’hôtel, je m’endors. Black out.

France de Griessen – Teaser 2014 – par Al.l from Al.l. on Vimeo.

23 mars 2014, Nantes, Zénith

Réveillée par le chant des oiseaux, nouvelle journée, Nantes, une ville qui a une résonance particulière puisqu’elle a été marquée par un événement personnel très cher à mon cœur.
Des messages reçus si sympathiques et chaleureux à propos du concert de Lyon et le visionnage de vidéos m’ont permis de vérifier que, si j’avais passé un sale moment, le show de Lyon avait néanmoins été assuré. Je me sens donc beaucoup mieux et j’ai hâte de jouer. Ce soir, nous n’aurons plus aucun souci de son, tout est rentré dans l’ordre et ce sera un plaisir immense que de jouer. Dans les premiers rangs, certains chantent avec moi mes chansons. Pour une première partie, c’est chose rare, alors je suis vraiment touchée, et j’aurai la larme à l’œil en quittant la scène.

Goodbye “Black City Tour 3 » !

Mon but sur cette tournée, était de faire des shows intenses et de partager mon univers rock’n’roll poétique, – que ce soit à travers un titre qui envoie ou une chanson plus intimiste, c’est la tension qui m’intéresse, ainsi que le fun, le challenge, l’énergie brute – et de rencontrer de nouvelles personnes qui s’y reconnaîtraient. De vivre une chouette aventure humaine avec mon équipe. Derrière tout cela, et pour que ce soit possible, il y a beaucoup de travail, de soin apporté à la construction d’un voyage pour le public.
France de Griessen & Shanka © Jipe Truong
Je remercie Nicola et Indochine de m’avoir donné l’opportunité d’avoir pu atteindre ces buts que je m’étais fixée, je remercie mon équipe soudée et solidaire, je remercie Shanka, always, et bien sûr je remercie le public pour toutes les belles rencontres qui ont émaillé cette tournée. Il y a eu de sacrés challenges, des moments durs aussi, mais surtout d’immenses et d’inoubliables bonheurs. Love LOVE Love from a rock’n’roll HEART…

France de Griessen
Photos : Jipé Truong, Kamel Bouchakour et Leslie Munar

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