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Pilöt


Son énergie électro-punk avait brillamment éclaboussé les Découvertes du Printemps de Bourges 2009.Depuis, le quatuor parisien a peaufiné et éprouvé sur scène son vibrionnant premier album, Mother. Il sort le 9 septembre. Attention ! Arme de séduction massive.

Si l’on l’observe de près, disons au microscope ionique, il semble évident que tout vient d’une anomalie originelle : un noyau constitué de deux talentueux neutrons, Antoine et Victor, deux potes qui montent en 2002 leur propre studio de création et de réalisation de BO pour films, et d’un proton à l’incontestable charge positive, la tonitruante Alex : “Quand je suis arrivée à Paris, ils cherchaient une chanteuse. Je n’ai pas fait d’école de musique ; je n’ai été qu’enfant de chœur quand j’étais petite, en Bretagne. Victor et Antoine sont eux, des musiciens. Ils sont tous les deux ingénieurs du son. Ils ont des compétences que je n’ai pas. J’ai une approche beaucoup plus instinctive de la musique et du chant. D’ailleurs, au départ, ils avaient un son plutôt électro. Je suis venue avec mon bagage très rock et j’ai foutu de la dynamite dans leurs compos !”, explique-t-elle avant d’ajouter malicieusement : “Les enfants de Dieu sont aussi des enfants du rock ! ”

Les lois de la physique dérogeant rarement aux règles, l’atome fondamental devait attirer dans son sillage, pour trouver un semblant d’équilibre, un électron libre. En 2008, Thomas est ainsi catapulté derrière la batterie du groupe. Ce qui n’est pas le moindre des postes. Car au cœur de la bombe à fragmentation Pilöt, il y a un détonateur : une base rythmique terriblement relevée, assurée par un couple basse-batterie, primitif et déterminé. Mais, cette force de frappe ne serait rien sans un redoutable explosif : la voix d’Alex, surprenante et puissante. Sur scène, cette brindille envoie le bois ! Elle susurre, vocifère, scande, pousse des petits cris, se déchaîne et balance les mots comme on largue des scuds. “En concert, on fonctionne effectivement à l’énergie. Et on a intérêt parce qu’il faut suivre Alex !, confie Antoine d’un sourire. Quand on joue, on vit une expérience parallèle à la vie. On a un rapport très viscéral à la scène. Il ne faut pas oublier qu’un concert, c’est du spectacle vivant ! Ce n’est pas la simple répétition des morceaux d’un disque ! Il doit y avoir des surprises, des accidents, des imprévus…”

En plus de tout l’univers graphique, Pilöt doit son nom à la demoiselle, clin d’œil à la profession de son père, gradé de l’armée de l’air. Il lui doit aussi l’intégralité de ses textes. Tous en anglais : “Je propose aux garçons une chanson et je leur explique les images qui en ont nourri l’écriture. Les choses s’échafaudent ensuite de façon très cinématographique. On parle des ambiances, des lumières, des décors, de scènes de films vers lesquels on voit évoluer le titre. Ce sont autant de références qui nous guident.” Tarantino, Fellini, Nino Rota, “Sa Majesté des Mouches”, le film de Peter Brook d’après le roman de William Golding, William Burroughs et les westerns alimentent ainsi l’accélérateur de particules sonores d’où sortiront les boucles entêtantes que Pilöt malaxe, triture et étire jusqu’à épuisement naturel du motif. D’où s’échapperont aussi des claps insolents et des bourdons, une ghaita esseulée, des sifflets de galopin, un orgue anglais et un collier de coquillages. “Alex impulse la façon de travailler et ensemble, on essaie de trouver, pour chaque chanson, la bonne méthode de travail. Celle qui à la fois nous permettra d’aboutir à quelque chose de satisfaisant et de ne pas nous répéter. On a besoin de se déstabiliser, de déconstruire, de créer pour ensuite tout casser ou presque “, assure Antoine. Résultat : “Mother”, douze titres païens diablement efficaces. Un premier album animal et sophistiqué.

Sylvain Dépée

« Mother » / Pilöt / Iris Music – Harmonia Mundi

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