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Do Montebello


Un concert qui a du sens !

« LA FONDATION POUR LE LOGEMENT SOCIAL (FLS) » à 20 ans ! 20 ans de lutte contre ces lèpres meurtrières que sont les taudis et la misère. 20 ans de combat pour le logement des plus démunis. Voilà un anniversaire qui se devait d’être fêté. L’idée de marquer l’évènement en musique en organisant un concert, s’est rapidement imposée pour lever des fonds dans le but de créer d’autres logements et pour informer un plus large public sensibilisé à la cause des mal logés. Et comme Do Montebello (entre jazz brésilien et musiques du monde) est une artiste dont la musique se nourrit de l’ouverture aux autres et d’une profonde empathie, c’est tout naturellement vers elle que le choix de la FLS s’est porté. Mixité musicale, linguistique à l’image de la mixité sociale voulue par la Fondation, Do Montebello, accompagnée de ses musiciens et, pour l’occasion d’un quatuor à cordes de l’Opéra de Paris, chantera dans plusieurs langues son profond attachement à l’humain.

Qui est la « FLS » ?La FLS loue des logements (appartements ou petites maisons) situés dans des zones de centre ville, à proximité des écoles et des transports en commun à des personnes dont les revenus sont encore trop faibles pour pouvoir obtenir un logement que ce soit dans le parc privé ou en HLM. Aujourd’hui, bien trop nombreux sont les personnes dans une situation de logement précaire, qui survivent entre la rue, l’hôtel et l’hébergement chez des proches. Et puis, comme la situation d’une famille devient dramatique lorsque la précarité s’accompagne d’un handicap, la FLS est attentive à créer des logements adaptés aux personnes handicapées. La Fondation travaille également en partenariat avec différentes associations qui aident les plus fragiles à se reconstruire : jeunes marginalisés, femmes battues…Lorsque l’on s’adresse à la FLS, c’est que l’on a épuisé toutes les solutions de recherche de logement sans aucun résultat. Quelques exemples : Stéphane et sa femme étaient employés comme gardiens d’immeuble en région parisienne. Quand il a perdu son épouse l’année dernière, leurs contrats de travail étant liés, il a également perdu son emploi et son logement de fonction. A 57 ans, veuf, sans logement ni emploi, Stéphane a du « repartir à zéro » pour reconstruire sa vie… Michaël et Sophie se sont, eux, retrouvés expulsés début janvier du garage où ils étaient hébergés par un « proche ». Leur petit garçon, Raphaël avait alors 15 jours… Mais les locataires de la FLS, ce sont aussi Germain et Suzanne, 82 et 84 ans, dont l’âge et le handicap ne permettaient plus de continuer à vivre dans leur appartement situé au 4ème étage sans ascenseur. Tous le diront : retrouver un toit ne fait sans doute pas tout… mais sans logement, on ne fait plus rien !

Do Montebello
L’arrivée de cette artiste dans le décor de la Fondation n’est pas étonnante quand on connaît un peu le parcours de cette femme étonnante. Il y a dans les chansons de Do un mystère, quelque chose d’impalpable : une présence, une force, « Un voyage de peau entre toi et moi » comme elle le chante. « Je marche vers l’intérieur, aux respirations du cœur. » poursuit-elle. Et côté engagement, elle défend déjà la cause des enfants, participe au “Mécénat Chirurgie cardiaque” et reverse une part de ses cachets à une association qui opère des enfants malades du cœur, venus du monde entier…

Après les Lettres Modernes à Paris, les clubs de jazz, le théâtre, la musique brésilienne, navigation pendant douze ans entre la France, les Etats-Unis, les Caraïbes et le Brésil où elle se produit en tant qu’auteur-interprète. Un nouveau pays lui apparaît alors : celui de la musique de l’âme et des mots du cœur. Sur scène, elle offre sa grâce délicate et nous transmet sa lumière interne. Mais qui donc cette drôle de bonne femme tour à tour jazzy et femme des îles ? « Le chant, c’est l’acoustique de l’âme… » répond-elle, citant Goethe pour se définir. Allons voir de plus prés qui se cache derrière cette chanteuse hors du commun…

Longueur d’Ondes : Comment as-tu mis les doigts dans la musique ?

Do Montebello : « Petite, j’ai d’abord senti que j’étais attirée par le timbre de la voix, des voix… Les différents registres de la voix parlée et chantée… La voix, c’est comme un paysage, une saison. Dans ma famille, du plus loin que je me rappelle, ça chantait beaucoup. Toute petite, je fermais les yeux et ma plus grande joie était de me sentir invitée par la voix d’un chanteur ou d’une chanteuse que je reconnaissais instantanément… C’était une joie convulsive et qui me poussait de l’intérieur à entonner les airs que l’électrophone crachouillait. Quel bonheur au cœur du corps qui se sent tout « chose », un peu comme l’ivresse… Et j’y allais à pleins poumons… Nous avions à la maison une vieille radio désossée et je marchais dans le couloir, la tête à l’intérieur du caisson en chantant… Je devais avoir quatre ou cinq ans quand j’ai éprouvé cela et ça ne m’a pas quitté. Au fond, j’aurais aimé être musicienne et c’est sans doute pour cela que je chante… Chanter, c’est utiliser son corps comme un instrument. »

L.O. : Ton parcours musical ?

D.M. : « A tâtons, je chemine depuis plusieurs années en dépit d’instants plus ou moins sombres qui finalement n’ont pas plus de prise que la roche sur l’eau. Tout au plus une manière de façonner un itinéraire. Dans la pratique de la musique et du chant, ce qui m’intéresse c’est le souffle. Je pense souvent à ces hommes, qui dans les grottes de Lascaux, à la lumière d’un flambeau, dessinaient leur histoire et le faisaient par le souffle. Partout dans le monde, l’homme cherche à laisser une trace. Au fond, dans la musique, c’est ce que je fais (à tâtons) qui m’apprend ce que je cherche. »

L.O. : L’histoire de ton écriture ?

D.M. : « J’ai commencé à écrire très jeune ; dès que je rentrais seule de l’école vers 7 ans. Le silence de la maison a sans doute sa part de responsabilité à cela. Au départ j’avais instauré un journal avec des dessins, des collages en tous genres, de courts récits… Écrire, pour moi, il me semble que ça a toujours été là. Et puis les mots sont comme des notes… J’aime prendre le temps de les choisir pour leur sonorité, au plus juste pour décrire une situation, parler d’une personne, raconter une histoire… Au fond, les mêmes thèmes se racontent depuis la nuit des temps et pourtant c’est dans la façon dont on nous les raconte que tout se joue. Chacun de nous disposons d’outils pour se dire et pour parler de la vie. On m’a donné les mots, alors je les malaxe comme je peux afin qu’ils m’aident à retranscrire des moments clés, à rendre hommage à des personnes qui m’ont touchée… »

L.O. : Et les compos musicales ?

D.M. : « Parfois, au gré d’une rencontre avec un pays dans lequel on se rend pour la première fois on ressent une résonance, une teinte particulière. Rien ne se jette sur vous et pourtant une familière connivence est déjà installée. C’est un peu la même chose pour les compositions musicales. Les textes, confiés à des compositeurs de mon choix, me reviennent habillés d’une étoffe musicale dont me plaisent texture et couleur. Puis le temps sacré fait son office ; lentement s’apprivoisent notes et mots… La chanson interprétée nous invite, alors, à voyager en nous. Certaines compositions m’embarquent bien plus loin qu’aucun voyage ne saurait le faire. »

L.O. : Tes alliers musiciens ?

D.M. : « J’ai la chance de collaborer régulièrement avec des compositeurs qui jouent à mes côtés. C’est le cas de Patrick Favre, pianiste, qui signe deux compositions “Mankind has its way” et “Corretenza”. J’ai adressé les textes à Patrick qui en a fait la musique et les a enregistré en version instrumentale, aux côtés de Gildas Boclé (contrebasse) et Karl Jannuska (batterie) sur son album “Humanidade”. De l’autre côté de l’Atlantique, à Natal au Brésil, réside Sergio Farias, un compositeur guitariste avec lequel je collabore aussi depuis de nombreuses années. Je dois à l’auteur compositeur Ivan Silva le très beau thème dévolu à Minas Gerais, un des états du Brésil auquel j’ai voulu rendre hommage tant j’ai été bouleversé quand je m’y suis rendue. Enfin, certains thèmes sont écrits en collaboration avec Marcio Faraco. Sans doute existe-t-il différentes manières d’appréhender la musique et de la faire. Pour moi la qualité de la relation humaine, la fluidité au cœur d’une équipe sont des enjeux majeurs. Les musiciens qui m’accompagnent sont aussi des amis et on nous fait souvent remarquer que la complicité sur scène se voit autant qu’elle s’entend. Je remercie ceux qui sont là depuis les premiers instants, Patrick Favre, piano, Ricardo Feijão, bassiste, Julio Gonçalves, percussionniste et Mauro Tahin, batteur, qui nous a rejoint ensuite. »

L.O. : Tes voyages ?

D.M. : « Je suis née en France, mais j’ai vécu en Algérie dix-huit ans. L’enfance dans ce pays du Maghreb a été très enrichissante, d’abord parce que mes parents s’y sont installés au moment où l’Algérie, indépendante, sortait d’une période de guerre, et puis, l’enfance, c’est une période où tout est découverte… Alors vivre à Alger dans une ville portuaire de la Méditerranée, m’a donné une certaine vision du monde. J’aime les ports, j’aime regarder la mer qui invite au départ et au voyage. Durant toutes ces années, j’ai fait de nombreux périples dans le sud et surtout à Ghardaïa où je suis allée régulièrement. Il y a une cadence au Maghreb qui me va bien surtout dans les lieux reculés : les Aurès, la Haute Kabylie, le désert. Il y a une musique de la nature et une variété considérable de musiques, selon les régions…. Ont suivi les Caraïbes où j’ai vécu près de dix ans, les Etats-Unis, le Brésil où je séjourne régulièrement depuis 1995. Ce qui m’intéresse dans le voyage ce sont les langues qui sont d’étonnants vecteurs de liberté et d’échange… Par exemple certains mots en langue arabe m’ont soufflé le sens de mots en portugais et dans ces instants on se dit que tout est relié ! »

L.O. : La rencontre avec la FLS ?

D.M. : « Dans le courant de l’année 2008, j’ai chanté à plusieurs occasions dans le cadre de représentations théâtrales au profit de l’association « Mécénat Chirurgie Cardiaque » qui opère des enfants malades du cœur, venus du monde entier et dont les ressources et / ou moyens techniques médicaux ne leur permettent pas d’être opérés dans leur pays d’origine. C’est à cette occasion que j’ai rencontré Daphné Dauvillier, aujourd’hui chargée de la communication auprès de la Fondation du Logement Social. Touchée par la musique et les textes de mes chansons, c’est naturellement qu’elle est revenue vers moi lorsque la Fondation a souhaité organiser un concert au profit de la cause des mal logés. Pour ce concert, je me suis longuement interrogée sur la question des sans abris. Se loger, aujourd’hui, ressemble à un parcours du combattant et la détresse gagne du terrain. Le comportement de survie d’hommes et femmes paupérisés pour d’innombrables raisons, vient très naturellement bannir une appartenance à une communauté affairée. On ne se retrouve jamais à la rue par hasard. Les parcours sont tous très différents, mais témoignent d’une seule brutalité : un être sans toit est privé de lui-même. Viennent alors le temps de l’errance, du désespoir et à fortiori du dégoût. Si la FLS mobilise toute son énergie afin de concourir à redonner espoir, confiance et dignité à ceux qu’elle parvient à reloger, chanter pour ces personnes est pour moi un acte d’engagement. « Ces gens qui souffrent, qui sont-ils ? Je ne sais, mais ce sont les miens » disait Pablo Neruda. C’est une chance pour moi et mes musiciens de chanter pour la cause de ceux qui attendent de nous tous un geste de civisme et de compréhension pour vivre logés et recouvrir leur dignité. »

L.O. : Concrètement, le concert : où, quand et qu’y aura-t-il ?

D.M. : « Il aura lieu à l’Européen, le samedi 4 septembre à 20h30. L’ensemble musical de l’équipe sera constitué en quintette piano, basse, batterie, percussions à mes côtés et, pour l’occasion, j’ai invité d’autres amis artistes guitaristes, chanteurs ainsi qu’un quartet de cordes réunissant des amis solistes de l’Opéra de Paris. »

Donc un excellent moyen de soutenir la Fondation et de se faire plaisir en découvrant une personnalité à fleur de peau, qui saura nous parler d’âme à âme, c’est de réserver dès à présent sa soirée du 4 septembre à l’Européen !

Do Montebello : le myspace

Photos : Yvon Meyer, Catherine Cabrol, Ivan silva

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