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FESTIVAL SIDÉRAL

Vivres de l’Art-Salle du Grand Parc-Iboat, Bordeaux, les 5-6-7 mai 2022,

Le Festival Sidéral à Bordeaux les 5-6-7 mai sur Longueur d'Ondes

Du 5 au 7 mai dernier s’est déroulé le SIDERAL Festival à Bordeaux nord. Le Festival rock, très éclectique cette année dans sa programmation, a débuté dans la cour des Vivres de l’art par un DJ set du disquaire Total Heaven dès 18 heures. Accueillant les festivaliers comme dans un lobby, les sonorités blues jazz lounge se sont enchaînées avant l’ouverture de la salle.

Premier soir

Le rôle d’ouvreur a échu aux Rennais de Guadal Tejaz. Le chant punk posé sur une musique rock aux sonorités new-wave travaillées avec brio au clavier offrait au chanteur tout le loisir d’afficher un brin de folie. Laissant le monde arriver petit à petit, la salle s’est chauffée peu à peu pour se mouvoir dans un élan de chaos. Très bonne prestation du groupe dans une dynamique d’ouverture peu facile à remplir.

Le temps d’un changement de plateau et c’est au tour de Giöbia, venus de Milano d’afficher leur psycho space rock à 20h30. Les riffs lancinants sur un rythme rock permettent au chant baigné d’écho et de reverb d’appuyer la mélodie saturée d’un éther persistant. Nous sommes en pleine transe hypnotique sur fond de heavy mélodique. Niveau sons, Giöbia ose même un passage au bouzouki sous saturation, du jamais entendu jusqu’alors, et vu la puissance du son qui en sort, on se demande encore pourquoi. Mélissa l’organiste, rajoute à tout cela la touche finale qui va remplir l’espace de multiples teintes sonores, ne laissant aucune échappatoire au chant envoûtant de «Basu» remplissant déjà les lieux. Au final, une ode à la transe par laquelle vous vous laisserez capter. Contactés le lendemain, sur la route les ramenant à Milan, avant de repartir le surlendemain pour jouer à Turin, ils confieront en français : « Nous avons bien aimé jouer au Sidéral ! Le public a été très chaud avec nous et nous nous sommes beaucoup amusés » Pour l’explication qu’ils m’ont donnée : « Giöbia est un mot du dialecte milanais. La «Giöbia» est la sorcière ; ce mot représente aussi une ancienne cérémonie pré-chrétienne qui se déroule dans le nord de l’Italie en janvier, le dernier jeudi du mois: on brûle une poupée de paille, dans les places principales des villes, comme un signe de bon augure pour l’année à venir ». Ils reviendront en France le 27 Août prochain jouer au Volcano Session Vol.7 (Festival rock organisée par l’asso des Black Owl depuis 2015 dans le cratère du Montpeloux -Puy de Dôme).

Giöbia

 

Mars Red Sky s’installe ensuite sur scène en distillant son stoner psyché. Les premières notes font rentrer la foule qui se posait dehors et déjà le feutre du nu-métal emplit la salle. C’est gras, c’est percutant, vous n’avez qu’une idée en tête : vous laisser entraîner. À trois ils font autant de bruit qu’un char d’assaut décoré de fleurs éparses qui roulerait vers vous.  C’est hypnotique, vous êtes sous le charme.  Les têtes se balancent, le public forme désormais une onde vibrant au rythme de sonorités vous emmenant de plus en plus aux abords d’une abîme sans fond.

Mars Red Sky est au métal ce que Jonathan Wilson est au rock.  C’est une invitation au voyage intérieur. Le concert est très intimiste dans ce lieu des Vivres de l’art, qui tient presque du showcase. On a cette impression d’être privilégiés, très près du groupe et de leur musique.

La clôture de la soirée se fera lors d’un dj set de l’équipe Musique d’Apéritif. Les rythmes électro, se succèdent et le public encore présent, déverse le reste de son énergie dans des danses aussi variées que passionnées.

Jeudi 6 mai

La seconde soirée du Sidéral se passe dans la salle des fêtes du Grand parc. Belle scène dans la salle qui a beaucoup de volume. À l’extérieur, une petite terrasse aménagée autour de deux food trucks bio. Le temps de faire le tour du propriétaire et Caméra, groupe d’électro rock berlinois, balance les premières notes. Son set est constitué de rythmes éclectiques. Une sorte d’ambiance urbaine d’une jungle tropicale. Mélange de noise électro et de sections rock répétitives.

 

Les 5 membres d’Iceage, fraichement arrivés de Copenhague, s’installent pour le second set de cette soirée. On sent certaines influences dans le rock des années 70-80, avec certaines consonances Rolling Stones.  Le batteur vole sur tous ses toms avec un certain doigté pour ne faire ressortir que ce qui va vraiment marquer les temps rythmiques et pourtant il y a du volume dans ce jam de batterie. Une telle précision dans le jeu est littéralement bluffante quand on le voit taper ses fûts à répétition. Le groupe nous réserve des surprises : enchaînant les changements de rythmes en prenant au dépourvu, on passe d’influences en influences, pop, rock, parfois on est clairement en plein western. On ne sait plus sur quel rythme bouger mais on bouge quand même ; le show en vaut la chandelle. C’est bon, très bon et Iceage a la scène dans le sang.

Vox Low © Jessica CalvoLe Festival Sidéral à Bordeaux les 5-6-7 mai sur Longueur d'Ondes

Dernier set pour cette seconde soirée, ce sont les français de Vox low qui vont fermer les portes. Crescendo sur fond de tom basse, se greffe l’accompagnement lancinant de la basse. On entre dans le vif du sujet. La base rythmique est simple mais elle fonctionne. Leur recette : on lance un riff qu’on fait durer, la batterie augmente l’intensité tandis que le clavier brode dessus des sonorités électro-lounge et la voix vient souligner la mélodie du riff. Des ponts et autres interludes viennent casser la monotonie hypnotique des morceaux.

Vox low aura un mot pour les organisateurs qui ont galéré depuis 2-3 ans essayer de maintenir le projet. Au final ils sont contents d’être enfin là. Le dernier morceau ne se finira « peut-être » pas. L’idée étant de ne plus caler de pause musicale entre les morceaux pour rester dans la demande initiale d’avoir commencé le dernier morceau avant minuit. Finalement un enchainement de 2–3 morceaux qui nous tiendront encore 20 minutes. L’ambiance dans le public était géniale, beaucoup de danses frénétiques ou non mais tous emportés par les morceaux des talentueux et expérimentés membres du groupe.

Dernière soirée du Sideral

Menelas ayant annulé c’est À YGGL de Biarritz d’ouvrir le bal. Retour dans le temps : il est 14h, il s’apprête à partir à l’océan et on l’appelle pour jouer ce soir. Il n’hésite pas, il n’a pas fait son set, ne s’est pas préparé mentalement à jouer dans une salle comme le Grand Parc devant une telle audience. Il fonce, prépare son matos et le voilà seul sur scène avec pour seuls comparses sa guitare sous chorus mêlé d’overdrive, son clavier à ses côtés et son pédalier. La partie rythmique est assurée par des boucles de batterie sur lesquelles se greffent sa guitare et sa voix raisonnant dans l’atmosphère de ses compositions. Il crée ses boucles de riffs sur place, les chansons montent de ce fait crescendo. La batterie et la guitare rythmique, puis la boucle enclenchée, la partie riff entre, puis une fois cette dernière paramètrée, c’est en live qu’il fera sonner ses solos. Un subtil mélange de rock suave et sucré. Entre surf rock, filiation grunge de Nirvana avec des tonalités vocales mêlées de trémolo et de reverb se rapprochant parfois de Babylone zoo.

On présente de moins en moins les 4 Alsaciens de Last Train, tellement leurs shows sont puissants. Ce concert qui marque la seconde partie du set de cette soirée ne fait pas exception. Visiblement il y avait du monde sur le quai à attendre le « Last train ». Les silhouettes apparaissent et les cris retentissent dans la salle. L’intro de concert sur «Fire» explose et déjà la salle bout. Des riffs saturés, un son de dingue, une ambiance de furie, et la voix particulière du chanteur qui n’hésite pas à laisser le micro de côté pour chanter avec le public en poussant sa voix. L’occupation de l’espace est optimale.  Ça bouge, ça monte en puissance et c’est bon. Ils savent comment chauffer une salle, on se donne, presque autant qu’eux. Ils s’éclatent et c’est réciproque.

 

Les slams s’accélèrent au-dessus de la foule, les corps passent de mains en mains dans un manège endiablé. Même le chanteur ne peut y résister, debout puis allongé tout en continuant les morceaux au chant ou à la guitare.

Forts de leur humilité, les remerciements de toute la team (ingés, roady) et du festival ne sont que la préface du dernier hymne qui sera «The Big Picture», entonné par le public. Quoi de mieux qu’une ode aux amours déçues, celles qu’on aurait voulues et qui n’ont jamais eues lieu, à jamais gravées dans l’éther de nos réalités fantasmées, pour faire exploser la sensibilité du groupe et terminer sur un fondu noir enchaîné sur des larmes. Nous avons chacun nos propres expériences, mais parfois elles trouvent échos dans celles des autres, et qui n’a jamais imaginé, fantasmé un amour sans que cela ne voie jamais le jour ? Ces échos, c’est aussi ce qui nous rapproche les uns des autres. Cette histoire d’amour ils la vivent désormais avec leur passion et s’y donnent à fond en prenant pleinement conscience de la chance qu’ils ont. Quand on y rapproche les images du clip, de leur enfance à aujourd’hui et le chemin qu’ils ont fait pour être là ce soir, alors cette passion, cette reconnaissance, cette joie deviennent palpables et s’insinuent en nous.

Le moment de la dernière scène au Grand Parc arrive. Venant de Linburg, Dewolff se démarque par ses tenues. Leur style pantalon-chemise noires avec des designs indiens rappelant les vestes westerns de la fin des années 60 pose directement la signature revival du blues rock un peu psyché de cette époque. L’organiste est très présent. En écoutant on ne peut pas s’empêcher de penser à The Doors, Lynyrd Skynyrd.  Ça sonne bien, ça sonne rock, et sur scène ils sont à fond. Les solos bluesy s’enchainent et s’endiablent, suivis de près par des solos d’orgue aux sonorités si caractéristiques de la fin des 60’s. Vu le format de la soirée, Dewolff peut se permettre de faire des rappels. Leur communication avec le public est fréquente, allant jusqu’à le faire chanter. Le public répondra présent à cette énergie.

La Mverte (c) Jessica Calvo

La fin du festival qui s’est déroulée à l’IBoat où La Mverte a enflammé une bonne partie de la nuit, dans une config peu commune pour l’artiste où il était accompagné d’un guitariste qui accrochait ses riffs aux samples électro-romantico-techno et aux arrangements du DJ. C’était sans nul doute que les personnes présentes se sont laissées embarquer dans cet univers sonore.

Texte: Jason « Jipé » PINAUD

Photos: Jessica CALVO

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