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WARM UP

Thomas Howard Memorial © Carolyn.Caro

Le 15 octobre 2019, avec Thomas Howard Memorial, Volin, Th/s /s sh/t au Hasard Ludique, Paris.

Après plusieurs jours de beau temps sur la capitale, voilà que la pluie revient. Mais c’est sans grande importance puisque c’est en intérieur que la soirée se déroule. Le label Upton Park propose en effet une soirée entre rock, chanson française et électro avec trois de ses poulains. 

Volin

 

VOLIN-©Carolyn.Caro

VOLIN

 

La salle se remplit doucement pour Volin, de plus en plus dense à mesure que le groupe distille sa chanson française moderne. Dans un premier temps, le quatuor enchaîne les morceaux, avare d’échanges avec le public. Son chanteur prend néanmoins le temps de remercier la « petite salle chaleureuse » et d’ajouter que le retour à Paris est un plaisir malgré « le periph’ et le métro ». Impossible de ne pas penser à Feu! Chatterton tant le phrasé et l’élocution travaillée rappellent un certain Arthur Teboul. Pourtant loin de simplement s’inspirer du groupe français aux deux albums triomphants, Volin prend à mesure de son set des accents rock. La batterie s’énerve et la guitare est remplacée par un clavier guttural. Les sonorités s’épaississent dans leurs derniers morceaux, plus sombres. Les riffs deviennent répétitifs et le phrasé se fait plus grave et solennel. Le combo prend le temps de dire au revoir et de présenter son équipe alors même que ses refrains maintenant entêtants et hypnotiques font danser le public. Il ne leur fallait que le temps de s’échauffer pour mieux résonner.

Thomas Howard Memorial

 

THOMAS HOWARD MEMORIAL © Carolyn.Caro

Thomas Howard Memorial

 

Comme toujours au Hasard Ludique, difficile pour l’assistance de savoir quand débute un concert. C’est ainsi qu’une bonne partie de la foule rate les premières minutes d’un live qui se positionne d’entrée comme puissant. Notes psychédéliques et chants aériens s’imposent face à une batterie rythmée. Du rock oui mais de la pop aussi promet le quatuor à la classique configuration batterie, basse, guitare et chant. Les éclairages roses et jaunes bercent ce rêve poignant. Calibrés, les musiciens étirent leurs morceaux, font la part belle aux instruments et leur abandonnent le chant. Sur son troisième acte, le set se veut plus groovy. La voix aérienne se pose préférant alors les épilogues pop aux montées lyriques. La chaleur monte. Chantant plus près de son micro, le chanteur danse au gré de ses accords pour parfaire un couplet qui entre facilement en tête. On boit une gorgée de bière sur scène et le public se compacte. The Thomas Howard Memorial n’est pas ces groupes huppés qui innovent, il utilise de fait un matériau sûr et connu, emprunte des chemins traditionnels. Pour autant, pas besoin de constamment innover pour bien faire. Justesse et précisions sont là pour sortir du lot et donner une touche particulière à ses compositions rassurantes comme une madeleine de Proust, de celles qui ont su bercer introspections et rêves votre vie durant. En avant ! Le set continue et s’enflamme alors qu’une petite interaction vient à le couper : « On vient de Guingamp ». Chemise, jean, baskets et simplicité habillent nos rockeurs qui n’ont pas besoin d’uniformes et cuir pour faire résonner leurs guitares avec énergie. Voilà tout l’équilibre de cette performance entre force rythmique et balades rock.

Th/s /s sh/t

Riffs entêtants qui rappellent le générique de la série Netflix Stranger Things, s’offrent une boucle psychédélique pour ouvrir cette dernière partie de soirée. Et voilà que la batterie s’en mêle, vibrante, puissante. On monte d’un cran. Le clavier se pare d’électro et une voix féminine vient alors murmurer quelques mots chuchotés en série. Sur scène, un trio masculin, guitares, batterie et synthé se dévoile. Pas besoin de beaucoup pour convaincre. L’heure est à la précision et à la rage. Quand on s’appelle à mots voilés Th/s /s sh/t , il faut envoyer, donner des coups de pieds musicaux dans les emmerdes du quotidien, dans ce qui cloche, dérange. Ça tombe bien, le groupe se déchaîne et donne une furieuse envie de se déhancher sans soucier des regards. Si le rock est le maître mot de la soirée et s’invite à chaque groupe en arrière plan ici c’est surtout l’électro instrumental qui domine. Les lumières bleues s’alternent et illuminent une démonstration technique un brin contemplative. Un brouillard de fumigènes empli la scène et face aux carreaux voilés de noir du Hasard Ludique, le temps n’existe plus. Grave, pesant, percutant, le groupe plonge dans les abîmes nocturnes puis se révèle enjoué, solaire entraînant. Chaque morceau est une montée en puissance étayée de quelques mots balancés ça et là et de bonne humeur. Il manque néanmoins quelques interactions et moments de complicité avec le public pour l’aider à plonger entièrement dans cet univers carré et calibré. Pour autant, l’audience accepte de se perdre dans la transe qui les proposée, les trois compères eux-mêmes se laissent aller à leur amour visible pour les instruments qu’ils portent. Répétitif certes, rentre dedans aussi, adressé à un public expert complètement. Un live expérimental à ne pas mettre dans toutes les oreilles.

JULIA ESCUDERO

Photos : CAROLYN CARO

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