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PETER HENRY PHILLIPS

PETER HENRY PHILLIPS en entrevue sur Longueur d'Ondes ©Emmanuel Crombez

Le retour aux sources

Producteur émérite, multi-instrumentiste de renom et chanteur s’étant illustré aux côtés de DJ Champion, Peter Henry Phillips vit aujourd’hui entre Montréal et son coin de paradis, en campagne, comme il a toujours voulu le faire ! Entretien avec un homme bien enraciné.

Enregistrer à l’extérieur, avec les sons environnants.

Pierre-Philippe Côté (Pilou pour les intimes) a su se tailler une place de choix dans le paysage culturel québécois ; que ce soit en tant qu’accompagnateur pour Ariane Moffatt, Jorane, Elisapie Isaac ou Thomas Jensen, il a maintenant une réputation qui le précède. Mais quelle est la genèse de ce parcours musical ? « Il date de ma tendre enfance : mon père était chansonnier et ma mère a eu un parcours au conservatoire en piano classique, donc la musique était omniprésente chez-nous. À l’adolescence, je me suis appliqué à la confection de trames sonores pour des pièces de théâtre et j’ai été membre de quelques groupes de punk. Ensuite, le conservatoire en contrebasse classique et plus tard, j’ai tenu quelques studios pour la conception de musiques de films, téléséries et publicités. »

Ses allées et venues dans la métropole sont fréquentes, la ville étant un pôle d’attraction pour se produire sur scène. « Après des années de Montréalité, avec le rythme de vie imposé par le métier de musicien, j’avais un besoin primordial de m’enraciner. J’ai alors entrepris la construction de ma maison et mon studio Le Nid, au fond des bois du village de Saint-Adrien en Estrie (au sud-est de Montréal), pour m’y établir avec ma femme et notre enfant. Dans ce terreau fertile en inspiration, avec les particularités acoustiques uniques du studio, j’ai su utiliser les éléments qui ajoutent une atmosphère inimitable aux enregistrements. »

L’album The Origin est le fruit de plus d’une décennie de travail, entrecoupée de nombreuses collaborations, que ce soit sur scène ou derrière la console. Entre la réalisation des albums de Moran, David Giguère et Philippe Brach, sans oublier la bande sonore du film Le Règne de la beauté de Denys Arcand, l’artiste a trouvé le temps — on ne sait où — de produire son propre disque sous le pseudo de son alter-égo anglophone. « L’anglais est un véhicule pour porter la musique de ce projet, c’est un groupe qui emprunte un nom d’individu ! J’avais une latitude que les conditions urbaines ne peuvent accorder, comme enregistrer à l’extérieur, avec les sons environnants. Certaines sessions ont été réalisées en une prise, avec la spontanéité du moment et ses imperfections. Je planche actuellement sur des idées en français et en anglais… »

L’artiste originaire d’Asbestos — réputée pour être la capitale québécoise de l’amiante — a réalisé bien des choses avec le recul : « Grandir dans cette ville m’a permis de voir à quel point l’opinion publique et la politique ont un impact sur la vie des gens. Comme dans toute industrie, il y a de la pression exercée par des lobbys, surtout que l’économie régionale reposait exclusivement sur la mine… Après le départ de ses exploitants, la ville se relève, se diversifie grâce à une économie sociale. Dans mon village, le centre communautaire et culturel La Meunerie est un bon exemple d’organisme qui sait attirer l’attention sur la région en présentant des spectacles d’envergure comme Louis-Jean Cormier, Marie-Pierre Arthur et Michel Rivard. Je m’y implique au niveau du Moulin à Talents, une initiative qui favorise les jeunes de la région à s’épanouir artistiquement. »

Engagé, il tente de garder espoir en l’avenir : « J’ai confiance en l’être humain, mais je trouve ce qui se passe en ce moment assez inquiétant, que ce soit sur le plan politique ou environnemental, surtout la montée du radicalisme et les opinions extrêmement polarisées. Je souhaite qu’un jour, les modes de scrutins évoluent au-delà de la simple partisanerie, pour que la population puisse voter pour les candidats qui représentent adéquatement la volonté et les valeurs du peuple, afin que des politiciens davantage réceptifs à ses besoins, aient enfin accès au pouvoir ! »

>> peterhenryphillips.com

Texte : Pascal Deslauriers
Photo : Emmanuel Crombez

Peter Henry Phillips - Origine - Longueur d'OndesTHE ORIGIN

Coyote Records / Hi-Lo

Le sublime maxi homonyme, paru en 2014, laissait présager le meilleur pour la suite, donnant le ton et surtout, la signature sonore d’un son vocal trempé dans la réverbération. Les arrangements plus étoffés que ceux du premier jet ajoutent du tonus au folk intimiste avec une bonne dose de rock-atmosphérique, évoquant au passage Patrick Watson, Half Moon Run, The Barr Brothers et Louis-Jean Cormier. La voix chatouille joliment les tympans et ces hymnes s’assurent de rester accrochés, hissant aisément l’artiste parmi les meilleurs de sa génération. Avec cet enregistrement, il troque l’anonymat de l’accompagnateur pour l’avant-scène avec brio.

 

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