Sauvage et primitif
Ne pas se fier au nom de ce duo né en 2012 : Milan n’a rien à voir avec la ville italienne capitale de la mode. Ses membres, le chanteur Corentin Gallet et le muti-instrumentiste Sébastien Forrester (alias Holy Strays en solo), sont Parisiens et n’ont que faire des tendances musicales du moment. Rencontrés en classe de prépa littéraire et biberonnés autant au reggae qu’au jazz, au rock ou au blues, ils dévoilent une musique à la fois nerveuse, minimale et sauvage, qui fût d’abord repérée par les singles “Versions” (2013) et “Lost on a straight way” (2014), et se retrouve cristallisée cette année sur leur premier EP “Dunkers”, dévoilant six titres envoûtants, entre dub-rock et électro : “On a toujours eu une idée précise du son que l’on voulait, mais on a peut-être trop mis l’accent sur l’aspect dub. Par la suite, on a envie d’aller vers un son plus brut, plus rock aussi peut-être”, confie Sébastien. Derrière leur formule épurée en live (une batterie, un clavier, un mélodica, une voix) se cache un travail d’équipe naturel et exigeant : “Nous avons toute une série d’automatismes entre nous deux. L’alchimie entre la batterie et la voix est ce qui nous définit”, avance Corentin. Si Sébastien écrit souvent “le socle mélodique, la boucle servant de squelette”, Corentin arrange ensuite les chansons avec lui en posant des textes en anglais plutôt “impulsifs et directs”, ou des paroles en français “plus travaillées” visant à “montrer une dimension plus littéraire de notre sensibilité.” 2015 ayant débuté sous les meilleurs auspices (dont une sélection aux Inouïs du Printemps de Bourges), le duo a de quoi se tailler une belle réputation dans le paysage rock français. Et qui sait, peut être même se faire un nom jusqu’à Milan.
Emeline Marceau
