Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

LA ROUTE DU ROCK

17-19 AOÛT 2023, SAINT-MALO & FORT DE SAINT-PÈRE 

Trois jours sous le signe de l’indie rock

Jour 1 : jeudi 17 août

15h30. Le festival commence sur la plage Bon-Secours de St. Malo, dans un cadre magique où se mélangent vacanciers et festivaliers sur fond de paysage sonore psyché folk et quasi mystique, distillé par l’artiste Aoife Nessa Frances, auteure-compositrice-interprète et musicienne irlandaise. En écoutant – les pieds dans le sable – le groupe jouer lors de ce concert capté pour la série des lives d’Arte Concerts,  on sent une véritable vulnérabilité, accompagnée d’une sensation de grâce dans la voix lorsqu’elle exprime ses sentiments et ses expériences de guérison.

Du côté du Fort de Saint-Père, le festival s’annonce bien: le temps est idéal, pas de pluie de prévue, juste quelques nuages pour ouvrir la 31éme édition de cette Route du Rock avec Jonathan Personne sur la scène des Remparts.

Mais le rock ne démarre vraiment qu’avec Dry Cleaning, groupe de Londres formé en 2018, qui scotche d’entrée les festivaliers avec leurs sons post-punk et le style spoken reconnaissable entre mille de leur chanteuse Florence Shaw.  

20h30. Squid arrive sur la scène du Fort, avec la lourde tâche de faire passer la pilule de l’annulation de Viagra Boys annoncée 5 heures plus tôt. Ce sera chose faite car les Anglais sont survoltés et font le job jusqu’au bout. Le public est particulièrement conquis par le titre ‘Sports’, reprise des Viagra Boys, comme un clin d’œil malin. Ils seront suivis par Gilla band, un groupe de rock tout droit arrivé d’Irlande. 

22h15. Le temps passe vite. Le soleil laisse place à la nuit et toujours pas une goutte de pluie, ouf! Les festivaliers sont toujours présents en nombre et se regroupent autour de la scène du fort pour accueillir l’électro-rock des Français de M83 porté par Anthony Gonzalez qui n’était pas revenu sur la scène du Fort de Saint-Père depuis 2003.

Les titres s’enchainent à une vitesse folle, entre dernier album et anciens disques, l’ambiance est au rendez-vous. M83 calme ensuite un peu le jeu avec le titre “Wait”, vite accompagné de briquets, de lumières de portables, puis de clappings. Mais le meilleur reste à venir lorsque le groupe commence à jouer “Midnight City” qui relance la folie dans le fort de Saint-Père, les festivaliers reprennant tous en chœur le titre se clôturant dans un incroyable solo de saxophone. 

Le set de M83 à peine terminé, les festivaliers se réunissent déjà en masse pour continuer sur leur lancée avec le groupe Special Interest et leur punk industriel-électro. Le groupe ne fait pas dans la demi-mesure et sa chanteuse impressionne. 

00h10. C’est l’heure des Australien de King Gizzard tant attendus. Pas le temps de souffler, ils sont à peine arrivés sur scène du Fort que le public est déjà survolté. Suite à leur annulation l’année dernière, les fans sont encore plus surexcités à l’idée de pouvoir enfin vivre ce moment rock, psyché, garage, surf, stoner, heavy metal… Rien que ça!

Le groupe commence fort avec le titre “The dripping tap”, d’à peine 18 minutes, histoire de mettre en condition les festivaliers, chauds bouillants.  Le groupe est électrisant, pas un moment de répit, ça bouge dans tous les sens. Le groupe profite de la fin du set pour passer quelques titres de son dernier album, tels que “Gila monster” et “Dragon”.

1h40. Fin du show, les King Gizzard n’ont pas eu le temps de sortir de scène que les festivaliers se tournent et entament, tous ensemble, comme il est coutume à chaque édition du festival, leur célèbre chenille. Cette année le record sera une nouvelle fois battu. Bravo les Bretons! 

Jour 2 : vendredi 18 août

18h30. Deuxième jour au Fort de St-Père, les festivaliers sont déjà présents en masse  pour l’ouverture des portes. À 19 heures, c’est parti, le public a pris le temps de bien se placer devant la scène des Remparts pour Grand Blanc en ouverture avec leur style électro punk. 

Puis direction la grande scène, pour accueillir les américains de Yo La Tengo. Les festivaliers affluent pour voir le groupe jouer ses meilleurs titres, à la fois rock et pop et country.  Les compositions s’enchaînent avec quelques ballades par-ci par-là que le public chantonne, avec une météo bien clémente aujourd’hui encore.

La chaleur se fait même sentir, et à 21h20, les festivaliers profitent d’un moment pour souffler et pour prendre une bière “Indie way” avant l’arrivée tout droit d’Austin (Texas), des psyché-rock bien connus du public sous le nom des Black Angels. Sous un magnifique soleil déjà couchant, l’entrée en scène d’Alex Maas – leader, chanteur – et de son guitariste Christian Bland se fait entendre. Le public est déjà bien lancé…

Les “anges noirs” ouvrent le bal avec le titre “Prodigal sun”, annoncé par le chanteur dans un bon français, histoire de faire comprendre aux festivaliers à quel rock ils vont être mangés. 

Les compositions s’enchaînent sans fausses notes, la plupart des titres joués est reprise de leurs différents albums, comme le titre “Entrance song” qui ne te donne pas d’autre choix que de bouger. C’est presque la fin du concert lorsque le groupe entame le titre “Young men dead” qui fera secouer plus d’une tête, sous une ambiance complètement psyché. On en redemande encore, jusqu’à “Empire falling” qui conclura le set. 

Le concert des Black Angels à peine terminé, juste le temps de reprendre nos esprits chamboulés par cette première déferlante psyché, qu’il faut déjà se préparer à la seconde lame, ou plutôt au tsunami des fous furieux dénommés Osees, emmenés par le chanteur John Dwyer venu de son San Francisco natal, prêts à retourner le Fort de Saint-Père de St Malo. 

Le groupe envoie du lourd dès le premier titre avec “Come from the mountain”. Pas une minute pour respirer, poussés par deux excellents batteurs hyper synchronisés, les titres s’enchainent ; la machine Osees est lancée et ne s’arrêtera plus.  On aura même le privilège d’entendre en live le titre ‘Intercepted message’ de leur nouvel album paru ce jour.  Le final se termine avec ‘A foul from’, histoire de faire redescendre les palpitations de notre cœur, frôlant alors la crise cardiaque.

00h05. La température est toujours aussi chaude, et après avoir eu du gros rock, place à l’électro avec Clipping, suivi juste après par le groupe Young Fathers et leur style électro/hip-hop teinté de pop.  Le groupe arrive pour le clap de fin de cette seconde journée, les titres “Queen is dead”, “Get up” “In my view” et “Geronimo” font bouger, danser, transpirer et voyager le public pour conclure cette chaude journée complètement dingue.

2h00. Young Fathers prennent congé et comme la veille, deux options se présentent : continuer la soirée dans les douves du Fort de St-Père pour danser jusqu’au petit matin, ou bien alors aller sagement récupérer pour se préparer à affronter le dernier jour de festival. 

Jour 3 : samedi 19 août

18h00. Les portes du fort s’ouvrent, et 30 minutes après, le groupe Sorry dans un style indie-rock attaque son set sous un soleil bien présent ce qui rassure les festivaliers.

19h20. Un public en demi-teinte accueille le duo électro-pop expérimental baroque Jockstrap sur la scène du Fort. Les festivaliers pourront se faire une idée du groupe avec les titres “Acid” “Greatest hit” et “Glasgow”.  Nous restons toujours sur la scène du Fort pour cette fois repartir avec le groupe rock new-yorkais Bodega. Ils démarrent leur set avec “Thrown”, les têtes bougent, les corps se laissent porter par leur rock tonitruant. Bodega fait l’unanimité, jusqu’aux chèvres du Fort de Saint-Père qui elles aussi semblent conquises.  Les titres sont forts, les titres sont rock, le groupe s’amusera même à offrir un petit hymne avec les festivaliers qui reprendront tous en chœur “La route du rock” sous un soleil couchant.

22h15. La nuit est bien tombée, la chaleur est moins présente que la veille, et le public, formé d’une majorité de fans, se retrouve pour accueillir les mythiques The Brian Jonestown Massacre, emmenés par l’emblématique Anton Newcombe, et son acolyte Joel Gion

Un petit bonjour en français d’Anton au public et c’est parti pour le premier titre “#1 Lucky Kitty”, ballade psychédélique rock telle que seul le BJM sait les faire. Le groupe de San Francisco semble décontracté, mais s’avère tout de même être une machine bien huilée, alimentée par des titres efficaces, issus pour la plupart de leurs derniers albums. Bien évidemment, le titre phare “Anemone” qui a fait les grandes heures du groupe figure sur la setlist du jour dont “The Mother of all fuckers” sera le dernier titre, clôturant ainsi un superbe concert dont on aurait aimé qu’il dure encore.

La soirée continue avec Flohio sur la scène des Remparts avec son style hip-hop, avant de finir avec le Dj du nom de Jamie XX sur la scène du Fort, et ce pour son unique représentation en France. Il fera danser les festivaliers jusqu’à 1h30, puis They Hate Change prendra le relais sur la scène du Fort pour continuer sur l’ambiance électro. et clôturer cette 31eme éditions de la route du rock 2023,

2h30. Fin des 3 jours de festival à l’esprit rock d’un côté et ouvert à l’électro de l’autre. Les festivaliers seront malheureusement restés un peu sur leur faim avec ce dernier jour qui était placé sous une esthétique plus électro que rock. 

Espérons néanmoins que La Route du Rock saura garder ses origines et son identité rock, comme on a pu l’entendre à travers nos échanges et conversations durant les 3 jours. Cette année aura donc été l’année de la reconquête et de la mixité au Fort de Saint-Père, et comme l’a si bien dit un festivalier : “Cette année, c’est La Route du Genre”.

Texte : Damian VINYLRESEARCH

Photos : Jessica CALVO

ARTICLES SIMILAIRES