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FESTIV’ASQUES, PUNK’S NOT DEAD !

Asques (33), les 3 et 4 juin,

Vendredi 3 juin

Premier jour de la 14ème édition, il est 18 h 45 et je compte encore les voitures autour de moi en sortie d’agglomération sur cette rocade bondée et je pense “ouvrir un festival à 18h un vendredi à Asques, il fallait oser”. Je laisse Bordeaux derrière moi et me gare enfin sur le parking prévu, pile pour arriver pour le set de Valjean.

Les membres du groupe réinventent Hugo version rap-rock français sous diverses influences que la musique aurait pu apporter depuis Les misérables, du reggae au punk. Les interventions orales sont théâtrales. Valjean, c’est une pièce artistique qui se transformerait en comédie musicale libertaire et révolutionnaire. Ou bien est-ce le contraire ? Leur second CD Anarchitecte est sorti et le titre homonyme présente bien sous ses influences orientales.

Bob’s not dead s’installe seul sur la scène d’à côté avec ses chansons françaises, tranches de vie chargées d’humanité. Un Renaud, pas encore sur la fin, qui serait resté sur ses inspirations bluesy. Nous nous décalons de nouveau vers la scène sous chapiteau pour entrevoir Dätcha Mandala faire ses balances, la scène va changer d’ici peu et les festivaliers avec elle. Le son monte, l’encens emplit l’espace. Et Dätcha nous livre ses premières notes sur une explosion saturée. Son rock martèle ses influences psyché et zeppelinienne. Parmi le set, 2 inédits, jamais joués nulle part. La fin du set est une apothéose de rythmes tout droit issus de l’ère de la naissance du heavy métal. Un concert d’une puissance qu’on aura du mal à retrouver sur les albums du groupe, pourtant excellents. Vraiment heureux de les avoir revus après plus de 10 ans je crois. Ils sortaient de la pépinière du Krakatoa et passaient en première partie de… Je ne me rappelle pas. Je n’avais retenu que leur prestation. Un groupe à voir, revoir en concert, encore, encore, encore, encore…. Ad lib !

Nous repassons sur la scène voisine comme des balles de tennis lors d’un échange Borg-McEnroe. Le réparateur est un duo batterie guitare bien punk, aux confluents des Wampas et de Didier Super. Ça ne chante pas forcément juste, pas forcément en face du micro, pas forcément avec des rimes mais comme ils disent : “tout l’monde s’en fout!!”. Ça bouge, c’est drôle, et c’est juste le but de tout ça. Ça répare la mauvaise humeur !!

Hop, échange suivant, le backline de Pogo Car Crash Control est sur scène, son blanc splashé de rouge façon “tronçonne-moi la gorge”, attend de cracher ses watts. Leur métal français hurlant déchaîne les foules et les pogos et les slams ne cesseront pas du concert. À cette heure il y a de la viande froide qui tombe, trébuche, fonce à tombeau ouvert avant de finir sa course sur plus froid, ou plus lancé que lui. Je sors du set trempé, incapable de savoir si c’est ma sueur, celle d’autres ou bien de la bière renversée par quelque incompétent nocturne. Il m’a même semblé croiser des commandos armés de pistolets à eau. J’ose à peine sentir mon tee-shirt mais c’était vraiment fun.

Dernière rencontre de cette première journée, Betablock commence sous le chapiteau abritant de la pluie qui s’est invité avec son pass VIP. L’orage monte, il fait 35°, et le chanteur déboule sur scène en anorak pour balancer son rap fusion façon pirates et flibustiers. Comme attendu, l’anorak n’aura pas duré jusqu’au second morceau. Nettement plus punk-ska, la suite fera oublier qu’il est déjà très tard. Ou très tôt. À 1 h du mat’, tout devient relatif.

Deuxième jour

Arrivés tôt sur le site pour la seconde journée, nous avons loisir de déambuler entre les stands d’artistes locaux et de merchandising divers. Ici, on peint sur les visages, de nouvelles marques uniques mais éphémères. On chine parmi les vinyles des BeruriersNoFX, ou de Bad Religion. On essaie les bagues, les colliers. On cherche le badge qu’il nous manque ou qui fera la différence. Il y a une vie dans le festival. Un petit marché local équitable et bien sûr le tout, un verre à la main. C’est l’heure des balances et le temps est pour l’instant bon. Les gens flânent, discutent, s’attroupent autour des stands de nourriture ou de fringues. Ça discute alentour, plaisante, sous l’odeur des pieds de vignes qui se consument sous les merguez du stand bouffe. Le site est assez petit pour que la fumée se répande sur les fringues du moindre festivalier caché dans son coin. Ça donne une ambiance familiale, apaisée. C’est cool, roots et on recroise beaucoup de têtes aperçues la veille.

Le premier set commence avec Bagdad Rodeo et son rock, punk-blues français mariné dans la dérision, la satire et l’ironie, mais sur des sujets de fonds pour le moins sérieux. Prestation déconseillée aux enfants en raison des nombreux biiiipp, les @+%%’&, ?@!&#@, et encore les enc@/%’+% qui fusent. Le soliste, chapeau de cowboy vissé sur le crâne, offre à sa Les Paul des riffs bluesy à souhait. Ça bouge, les paroles sont drôles, et le tout bien ficelé avec un ail en chemise dans le c@& à 140bpm dans le four du rock contestataire.

Le temps de se dire au revoir et Kapo Blôd lance son keupon avec sa voix rauque sur la scène voisine. Les échanges de tennis reprennent et on quitte le court central pour celui d’à côté. Ici point de fioriture. C’est le punk rock de la rue, brut mais efficace.

L’accent du sud du chanteur de Goulamas’k résonne et le public s’installe devant l’autre scène tandis que les musiciens arrivent 2 par deux, sortis d’on ne sait où. Le ska festif sur chant occitan, castillan, français embrase le chapiteau qui danse à s’en rompre. Les deux joueurs de vents (fifres, gralla, trompettes…) se balancent dans des mélodies hypnotisantes. Le public charmé n’est plus qu’une mer déchaînée.

Les Bourses Molles et Rouflaquettes balancent un punk pur et dur sur la petite scène. On doit en être à deux sets à rien, j’ai perdu le score de ce match de tennis. En frontwoman, la chanteuse entonne ses critiques sociétales et la voix féminine ne fleurit pas le ton. Pogo à volonté. Les torses se dénudent, hommes ou femmes, ici aucune différence.

La déco de crânes roses et jaunes éparpillés sur toute la scène du chapiteau donne le ton du concert imminent de Punish Yourself. Sur fond de cartoon, le groupe monte sur scène, entièrement peint au Stabilo multicolore révélé par les lumières noires disposées tout autour de la scène. L’électro métal cogne sur le duo de chant. Leurs visages sont totalement méconnaissables sous ces peintures bigarrées. La chanteuse joue allègrement avec sa meuleuse sur son corset en fer afin de baigner dans des gerbes d’étincelles. Le morceau d’après, ce sont des chandeliers enflammés qui virevoltent entre ses mains. L’ambiance est au nu métal à l’étage du purgatoire.

Bourses Molles et Rouflaquettes refont un set sur la scène 2 le temps de préparer la scène 1 pour Krav Boca après le passage infernal de Punish Yourself. Scène minimaliste pour Krav Boca, mais tenues hautes en couleur également. Cagoules pour les 3 chanteurs qui balancent leur flow rageux sur le métal qui les suit. En sort une fusion énergique aux allures de rap de cités. Il n’en faudra pas moins pour éviter de laisser aux festivaliers un goût d’inachevé.

Les balles se sont arrêtées de rebondir, le court central est vide, tout le monde est parti et je regagne ma voiture. La nuit est d’encre dans la campagne asquaise. Le Festiv’Asques vient de se terminer et seul le bourdonnement de mes oreilles malgré mes bouchons témoigne de la force de ces 2 jours. Un festival à ne pas prendre à la légère !

>>Site du festival

Texte: Jason « Jipé » PINAUD

Photos: Carolyn CARO

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