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Ed Wood Jr

Ed Wood JrLe duo lillois, un peu sommairement classé « math-rock » avec la sortie de son premier disque, « Ruban de Möbius », est porteur d’autres envies. Ses expérimentations le poussent plus à faire ressortir le côté rock, tendance hardcore, où l’énergie brute rencontre des structures construites sur de belles ambiances, des sons diversifiés, une combinaison rock et électronique très entraînante. C’est ce que démontre pleinement « Silence », la deuxième réalisation du groupe. Un disque rock, efficace, joué à quatre mains, celles de Thibault, batteur, et d’Olivier, guitariste. Ce dernier revient sur l’évolution de leur travail…

Comment s’est formé votre duo, qu’est-ce qui vous a rapprochés et qu’est-ce qui vous motive encore aujourd’hui à jouer ensemble ?

Ed Wood Jr s’est formé en février 2008. J’avais booké un concert sur Lille pour des amis. Comme j’avais pour projet de monter un duo, j’ai proposé à Thibault de me rejoindre et on s’est dit : « Allez, faisons la première partie ! ». On a développé, structuré des morceaux que j’avais composés et hop ! Un concert trois semaines après la première répète ! Eh bien, nous sommes toujours motivés car on aime jouer ensemble. On tourne pas mal et on prend plaisir à voyager, rencontrer de nouvelles personnes. On aborde chaque nouvelle compo comme une nouvelle expérience, on essaie de découvrir de nouvelles choses, techniques, à chaque nouvelle chanson. On essaie surtout de ne pas se répéter et d’aller toujours plus loin dans la recherche musicale.

Etait-ce un choix de jouer en duo ?

Oui, un choix complètement assumé ! Jouer en duo permet d’aller plus loin dans la pratique de l’instrument, ça laisse beaucoup plus de place dans la compo et c’est un challenge de composer à deux. Les harmonies sont composées grâce aux loops. D’ailleurs, la gestion des boucles est, de base, assez contraignante. Il faut jongler avec les machines pour obtenir quelque chose d’intéressant et qui se démarque des simples superpositions de riffs. En live, je boucle du clavier et des guitares, c’est un risque important car la moindre erreur est fatale. Nous n’avons pas de garde fou… C’est stressant mais extrêmement motivant.

Vos deux disques sont assez différents. Est-ce que vous recherchiez quelque chose de particulier pour ce second disque en termes d’ambiance, de réalisation sonore ?

Ruban de MoebiusOui, tout à fait. « Ruban de Möbius » est assez « math-rock » et nous voulions nous éloigner des clichés des duos guitare / batterie. Répéter des choses entendues ne nous intéresse pas. Nous vivons chaque nouvelle compo comme une expérience, une chance de découvrir et d’expérimenter des choses que nous ne maîtrisons pas encore. Le second album est mieux produit, car nous avions un budget conséquent et donc du temps et des moyens pour le faire sonner comme nous en avions envie (ou presque).

Il semble que l’utilisation de plus de claviers et d’électronique ait permis d’ouvrir votre champ d’action ?

Je pense que l’apport du clavier est pour beaucoup dans l’évolution d’Ed Wood Jr.
Le spectre des fréquences est plus diversifié, on a désormais de « vraies » basses, les boucles de guitare croisent les boucles de clavier, cela crée des mélodies et harmonies intéressantes. Le chant prend davantage de place dans les compos, bien que jamais mis en avant, il est beaucoup plus présent.

Au niveau rythmique aussi, vous avez voulu insister sur certains aspects, l’intensité notamment ?

Oui, on essaie de jouer avec les nuances pour donner davantage de relief aux titres. Thibault a une frappe assez sèche et précise et cela donne une dynamique intéressante aux nouveaux titres.

Pouvez-vous expliquer l’écriture double des titres des chansons ?

Les titres sont écrits en phonétique, c’est un choix esthétique (visuellement parlant) et nous aimons aussi le fait que des sons sortent de cette écriture.

Est-ce que vous dirigez l’artwork ? Que représente cette pochette pour vous ?

Sébastien Lordez a réalisé l’artwork, nous en avons discuté avant qu’il ne commence à travailler puis nous nous sommes vus régulièrement pour donner notre avis et valider l’artwork final. La pochette de « Silence » représente un arrêt sur image : est-ce que l’animal va être percuté ? Est-ce que la voiture va dévier ? Est-ce un spectre ? C’est un instant de « silence » pendant lequel on retient son souffle…

Ed Wood JR - SilenceEn intitulant l’album « Silence », qu’aviez-vous derrière la tête ?

C’est ironique et cela fait également référence à un livre que John Cage a écrit et qui nous paraît assez incompréhensible.

Le clip sur « IVCV » s’est réalisé dans quelles conditions ? Est-ce qu’il y aura des suites ?

Un ami nous a appris qu’il pouvait avoir un entrepôt de 6000 m2 à prêter, pas loin de Lille. C’était une première pour tous : premier teaser pour lui comme pour nous ! On n’a engagé aucun frais, payé personne, c’était convenu d’avance : on essaie et on voit si ça fonctionne. Oui, il y aura des suites, on aimerait faire un clip sur un des titres de « Silence », le tout sera de trouver quelqu’un qui souhaite le réaliser ou de trouver du temps pour le réaliser nous-mêmes.

Est-ce que l’univers cinématographique ou visuel est une inspiration importante pour votre musique ?

Je ne suis malheureusement pas expert en cinéma ni en arts « visuels »… par manque de temps certainement… Mais oui, tout cela nous inspire… Et lorsque l’on utilise le nom du plus grand looser du cinéma, il faut bien se douter que nous ne sommes pas insensibles à cet univers.

Etes vous impliqués dans d’autres projets musicaux, artistiques ?

Oui, je joue dans Persian Rabbit, un projet « dark hippie » avec des harmoniums, guitare, contrebasse, chant et percussions (avec des gens de Tang, Green Vaughan, Two Left Ears…) On est en train d’enregistrer le premier album et on commencera les concerts début 2012. Je compose aussi de la musique et des illustrations sonores pour des galeries d’art, vidéos, peintres, etc.

« Silence »
(Swarm records / A Tant Rêver Du Roi)
http://www.edwoodjr.fr

Béatrice Corceiro

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