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ALEXIS HK  : UN RETOUR MAJESTUEUX

On avait laissé Alexis HK il y a quatre ans avec un album et une tournée plus que réussis pour Comme un ours. A l’automne dernier il revenait avec un album génial Bobo playground. Portrait.

ALEXIS HK © Souffle

Alexis HK a toujours été plus qu’un musicien. Son sens de la punchline, son humour décapant auraient pu l’amener à faire une carrière d’humoriste de grand talent. Dans son dernier album il se moque avec un sens de la formule parfaite des bobos mais si sa plume est aiguisée elle s’avère plus tendre que méchante et moins dure qu’autrefois assurément :

« Un titre comme “Chien de vieille” c’est quand même hyper violent. L’ironie mal contrôlée c’est un truc de jeunesse. Aujourd’hui j’ai 50 ans  et c’est moi qui suis en train de devenir la petite vieille.  Avec les bobos il ne s’agit pas de stigmatiser toute une catégorie de population. C’est un exercice d’auto-dérision et un positionnement personnel. Dans la chanson-titre je reprends tous les clichés sur ces gens, tout ce que l’on peut dire d’eux. A travers cela je parle des clivages qui traversent la société. Quand la vie est plus facile, tu restes un enfant. Les bobos restent des enfants car ils ont la vie facile et c’est cela qui agace. Je les casse certes un peu mais les trouve sympathiques. Être un bobo aujourd’hui c’est être un privilégié. C’est un peu le rêve de tout le monde, après tout.  »

Dans son nouvel album Alexis HK reprend “Partenaire Particulier” et l’on se demande si ce n’est pas un clin d’œil aux bobos tant ce titre est devenu l’indispensable de leurs soirées, mais non  :

« Cela rentrait bien dans ce cadre-là, c’est vrai. Le bobo est une cible marketing. C’est amusant. Il est important de se moquer de soi. J’adore ce titre. Les morceaux des années 80 étaient calibrés pour entrer au top 50 mais avaient une écriture hyper forte. On n’écoute pas assez le couplet  : «  Je suis un être à la recherche non pas de la vérité mais simplement d’une aventure qui sorte un peu de la banalité. » C’est puissant. Je trouve ça important de faire honneur aux vieux tubes.  »

Après vingt-cinq ans de carrière le musicien a bien sûr évolué dans son art mais on sent aujourd’hui encore tant dans ses textes que dans sa musique l’influence de Brassens :

«  Son regard m’a toujours inspiré. C’est lui qui m’a donné envie de faire de la musique. Je revendique une filiation d’amour pour lui. J’aime son humour, sa liberté. Mais j’aime tout autant Brel qui était un être brûlé. Ces deux artistes m’ont donné envie de faire de la chanson tout en restant affranchis.  »

ALEXIS HK © Souffle

Comme le natif de Sète Alexis HK est doué pour dresser de superbes portraits des gens ordinaires et de la société dans laquelle nous vivons comme sur ce splendide “Ville lumière” qui clôt son album (peut-être le plus beau morceau jamais écrit sur un SDF). Cela ne fait pas pour autant du chanteur un artiste politique  :

« La chanson est un lieu d’expression artistique mais ce n’est pas politique. “Qui l’eut cru” pose un regard avec un certain recul sur tout cela. Nous sommes arrivés à un moment où l’on cherche un équilibre.  »

Peut-être arrivé au sommet de son art, Alexis HK reste pourtant un homme à la modestie rare dans ce milieu où les egos sont souvent boursouflés  :

«  Un album de moi n’a rien d’indispensable. Quand ça me passionne j’y vais à fond mais je n’éprouve pas le besoin d’être plongé là-dedans tout le temps. Je me suis éclaté tout au long de ma carrière. J’ai des albums qui ont bien marché, c’est vrai, mais je ne me suis jamais retrouvé dans la presse people. Je ne sais pas si j’aurais géré cette pression. Je n’ai pas fait ce métier pour me cramer. Et puis la vie n’est pas faite uniquement pour prendre la parole, il convient aussi d’écouter.  »

Pierre-Arnaud JONARD

Alexis HK / Bobo Playground / La Familia

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