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Red Sun Atacama

Roadhouse Bordeaux, 30/11/2022

Le soleil rouge au zénith

À la suite de Darwin, leur second album après Licancabur, le trio stoner de Red Sun Atacama qu’on a pu découvrir au Black Bass Festival ce mois d’août, continuait sa tournée au Roadhouse à Bordeaux ce 30 novembre.

La mise en bouche étant prévue pour 19h, nous y étions déjà attablés et servis pour les voir s’installer et faire leurs réglages avec des bribes de leurs morceaux dont le passage musical très Pink Floydien d’“Antares” issu de leur dernier album. Pas très stoner me diriez-vous… allez… je vous entends d’ici.  Hey, chacun puise dans les influences qu’il veut OK ?!

C’est avec plaisir que je découvre que Robin le batteur qui était remplacé sur cette fin de tournée à cause d’une paternité nouvellement acquise, était bien présent ce soir. Proximité oblige, lui et Vincent le guitariste sont tous les deux locaux ici.

Petite pause, nous en profitons pour nous présenter aux artistes avec qui nous avons déjà discuté via Facebook et au Black Bass où nous avions partagé le stand de merch’. Un naturel réjouissant et un souci de disponibilité pour nos besoins qui fait vraiment plaisir. Bon j’avoue, je suis fan donc non objectif mais il faut aussi parfois savoir se sacrifier et oser faire des reports qu’on aime. Si vous croyez que c’est facile vous de se rendre disponible en pleine semaine pour aller voir un concert de groupe que vous adorez et dont les albums tournent en boucle dans votre voiture….  Franchement…   Si je pouvais rester bien tranquillement dans mon 2 pièces trois quarts avec 17°C à me faire royalement chier sur mon canapé-lit, ben, honnêtement….   Bon… ok est bien là quand même !

Un bouclage sur la totalité ou presque d’“Antares” (la version album dure 9mn40) annonce la donne. La petite alcôve qui leur sert de scène renvoie étonnement bien toutes leurs sonorités. Des gens sortent, partent, et on apprend que le groupe ne commencera pas avant 21h30. Je comprends que les fuyards étaient déjà au courant et que nous les reverrons plus tard. 1h30 à attendre… Je regarde l’ardoise du bar et quelques idées me viennent pour patienter. Quelques pintes et quizz musicaux sur l’énorme playlist du bar plus tard, Clément le frontman basso-chanteur (même si ça ne se dit pas, je l’invente et le dépose ici même) vient me taper sur l’épaule pour me dire qu’ils ne vont pas tarder à envoyer.



Nous voilà dans le cœur même du stoner que j’aime !! Dès les premières notes, le bassiste de Mars Red Sky rentre dans le bar, on se salue. Oui parce que je ne vous l’avais pas dit mais Red Sun Atacama a signé chez MRS Red Sound, la maison de disques créée par le groupe Mars Red Sky, un des gros groupes de stoner psyché Bordelais. Aparté mise à part, le son de RSA qui résonne est riche en basse et frappe les murs comme le feraient les sabots d’un cheval au galop sur le sol. Seul bémol au tableau, la voix est étouffée dans cette petite alcôve (la sono les a lâchés juste avant le concert) mais rien de bien méchant quand on connaît les albums ou la voix est parfois mise en second plan pour privilégier l’ensemble guitare-basse-batterie déjà très riche en variations.

Le bar est debout, au plus près du groupe, en pleine effervescence. Le peu de place dont ils disposent pour jouer est désormais un luxe par rapport à l’espace restant entre les gens. Ici on fabrique de l’énergie calorifique. On se chauffe à l’humain, à la proximité, à l’enchaînement de mouvements saccadés puis lents avant de reprendre le schéma encore et encore.  Red Sun’, c’est un enchaînement successif de moments énergiques et punchy à souhait suivis par des moments planants et limite psychés. Le calme après et avant la tempête. Entre les morceaux on croise certains membres de groupes locaux comme le bassiste et le chanteur de Bilbao kung-fu, le front man de Lemon Rose, un sosie de Julien Doré et sûrement d’autres que j’ai loupés. Le groupe repart de plus belle avec “Revvelator”, la chanson phare de leur dernier album. J’adore la tonalité du chanteur !! Très inhabituelle, elle se perche dans les aigus et sur un volume un peu en retrait et doublé par un brin de reverb, certes modulée mais avec ce soupçon de je ne sais quoi qui vous laisse coi. Comme un murmure hurlant (notez l’oxymore).

La batterie martèle un rythme rapide et complexe qui donne toute la richesse aux morceaux. Le guitariste et le bassiste sont si proches que leurs pédaliers forment une console entière d’effets devant la scène. Leurs propriétaires se déchaînent sur leurs instruments avec une précision chirurgicale et super efficace. Les riffs de la 6 cordes sont soit spatiaux soit sortis avec un train d’enfer et c’est un habillage adéquat à leur style.

Les gens n’arrêtent pas de rentrer dans l’établissement. Bientôt il va falloir pousser les murs si la puissance de leur son ne les fait pas exploser avant. Sans être fort c’est juste puissant, tant par les variations que par l’ambiance que cela communique. Une atmosphère qui vous fait bouger la tête et le corps avant même que l’envie ne vous vienne. L’instant d’après la transformation survient. Le public se meut petit à petit en océan de têtes qui basculent, d’épaules qui se haussent. Ce que j’appelle la mer du chaos. Au milieu de cela, Red Sun Atacama vous surprend avec un break venu du fin fond de l’espace, et ça repart l’instant d’après en pogo entourant le guitariste qui a tenté une sortie extra véhiculaire de l’alcôve ou il avait vraisemblablement trop de place. Si un cyclone devait véhiculer une musique ce serait n importe laquelle de leur set. Tantôt en pleine tempête tantôt planant dans l’œil. Le set s’arrêtera au bout d’une heure explosive sur ce bouquet final.

 

Nous revenons vers les membres du groupe pour les shootings que la photographe avait calés avec eux et discutons un peu en passant devant leur stand de merch’. Leur simplicité et leur sympathie me troublent. J’ai l’impression de discuter sans entrave ni frontière. Finalement une soirée qui finira au bar avec une playlist encore énorme et le souvenir d’un concert de proximité mais tellement énergique.  Et j’ai un nouveau tee-shirt.

Texte : Jason PINAUD

Photos : Caroline CARO

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