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Skip The Use

7 décembre 2022, Le Rocher de Palmer, Cenon (33)

Skip The Use © Jessica Calvo

Skip the use se produisait ce 7 décembre au Rocher de Palmer à Cenon près de Bordeaux pour sa tournée “Human desorder”. 

C’est Dedhomiz qui fera leur première partie. Le duo chant/guitare/batterie/sample (duo touche à tout où tout le monde fait tout) vient de Roubaix.
 De base rock-funk, les deux “meilleurs potes” balancent à tout va leur flow bigarré des couleurs des différents styles que la fusion funk peut le permettre. Une bonne entrée en matière pour le groupe de tête d’affiche qui viendra ensuite. De plus leur verve ironique et leur façon de tutoyer 1000 personnes en même temps leur attire sympathie et chauffe la salle.

 

Dedhomiz © Jessica Calvo

 

Arrivés du Nord, le choc des cultures aurait pu être électrique et refroidissant, disons comme un séjour dans un frigo avec froid pulsé, et pourtant la salle n’a pas mis longtemps à rire en levant ses mains de gauche à droite et rebelotte.  A croire que là-haut, il a beau faire froid, les gens ont le cœur chaud et c’est communicatif même si comme ils disent : ils sont “venus pour la bagarre”. Pendant leurs derniers morceaux ou Enzo lâche la guitare pour prendre la batterie, on ne peut s’empêcher le parallèle avec Twenty one pilots au début de leur carrière. On se quitte sur un “Bordeaux je t’aime, je n’t’oublierais jamais”. Ben gars, comme ils disent, reviens quand tu veux. (Moi aussi j’ai le super pouvoir de tutoyer plus d’une personne à la fois).

 

Dedhomiz © Jessica Calvo

 

Et surprise première musique de l’interlude est : Heavydirtysoul de Twenty one pilots.  Quand je vous disais qu’on ne pouvait pas s’empêcher le parallèle. Nan mais vous me lisez et vous vous dites : « oui, bon OK peut être mais bon… Quand même… ». Mais siiiii !! Accordez-moi un peu de crédit non de non !! (J’aime bien les vieilles expressions). Après j’ai bien précisé : « au début de leur carrière ». 

Après 2 ans de privation de publique due au covid, la nouvelle mouture de Skip The Use, voit Mat Bastard le chanteur et Yan Stefani le guitariste, s’entourer de deux nouveaux partenaires : Nelson à la basse et Enzo à la batterie (pur hasard, ce n’est pas le même Enzo que la première partie). Le nouvel album a été conçu autour de cette nouvelle collaboration.
La lumière s’éteint doucement, le public applaudi et trois membres cagoulés de blanc font front un instant avant d’aller chausser leurs instruments.

 

Skip The Use © Jessica Calvo

 

La musique commence et la voix sort de nulle part. Aucun quatrième homme sur scène.  Sur scène non mais la foule ne tarde pas à se retourner et voilà la dernière cagoule blanche debout derrière tout le monde et je suis au mieux placé. Retour sur scène, le quatuor découvre leurs visages et le concert continue sur une marée de mains et de chants.
Mat profite de l’interlude avant le troisième morceau pour introduire ses “jeux de merde”.  D’abord un jeu facile puis au fur et à mesure il promet qu’on va faire de la merde tous ensemble, et pendant que j’écris, il arrive à faire scander au public des Hoo, heyyyy, au fur et à mesure qu’il lève le pied gauche ou droit. Ça commence bien. Heyyyy, Ha non pardon, je croyais qu’il avait levé le pied droit.  Comme le nom du groupe l’indique, ne cherchez pas l’utilité, c’est juste du fun.  Cinquième chanson et second jeu de merde. 

 

Skip The Use © Jessica Calvo

 

Ils se mettent à créer de la cohésion sociale en groupe, améliorée.  Chaque personne doit bouger et terminer la chanson à au moins 5 personnes de là où elle a commencé. Car comme ils l’expliquent, “les concerts c’est le meilleur réseau social, bien mieux que toutes ces merdes”.  A ces mots combien applaudissent et s’en servent tous les jours ? La probabilité fait que 1000 personnes ne peuvent se retrouver ensemble dans une salle en partageant ce point d’accord sans être venues à un coloc contre les réseaux sociaux. Un peu comme le gars qui s’accorde avec son voisin sur le fait que c’est bien d’arrêter de fumer, tout en portant une blonde à ses lèvres.

 

Skip The Use © Jessica Calvo

 

Moment émotion sur l’histoire de la création de leurs deux chansons pendant le covid et cette foutue période où il a fallu se “réinventer” ironiquement. Finalement à quoi bon se réinventer quand on a toute la matière première ? Une chanson pour quand on était p’tit et qu’on s’demandait c’est quoi qu’on f’ra quand on s’ra grand.  Et la suivante sur ce qui se passe après.  Dans le nord Pas de Calais,  on ne se réinvente pas monsieur le président , on raconte, on imagine.
Autre anecdote sur She’s my lady et la création de leur première chanson d’amour sortie tout droit de la rencontre entre le chanteur et le guitariste, tous deux esseulés à la fermeture d’une boîte de rock et rêvant de la femme idéale à y rencontrer.

 

Skip The Use © Jessica Calvo

 

Anecdote d’or, lors de la sortie de leur première chanson, Virgin Radio avait organisé un concours de reprise et le petit garçon qui l’avait jouée à la guitare n’est autre qu’Enzo leur batteur actuel.
Skip The Use c’est aussi ça, des chansons ponctuées par des interventions, des jeux, des histoires, du partage, des anecdotes et du rire. Nous ne sommes pas juste devant un groupe qui vient faire sa prestation devant un public en liesse, c’est une rencontre.
L’énorme défi du groupe c’est de savoir rassembler, les goûts, les couleurs, les âges pour que tous se retrouvent autour du contexte de « famille ». Vous connaissez le coup du lapin ? C’est une idée de Nelson à la basse. Jouer un morceau pour rassembler les jeunes, leur donner confiance avec une chanson qu’ils connaissent, comme Bad Guy de Billie Eilish. Les jeunes sont contents, ils dansent, s’amusent, se retrouvent dans la chanson et BAM, le p’tit coup sur la nuque : on finit par Motorhead pour se faire plaisir parce qu’on est un peu vieux quand même, non sans avoir fait assoir toute la salle juste avant. Demi-tour et Mat et Enzo au clavier cette fois-ci, chantent Fou ou misérable face à l’arrière-salle où le chanteur avait débuté le concert.

 

Skip The Use © Jessica Calvo

 

Vous devez vous demandez comment je peux me souvenir d’autant de choses. Petit indice je ne filme rien (j’ai fini par comprendre que filmer un concert où on est physiquement présent c’est le voir à travers un filtre qui est le même que derrière son écran). Non j’écris pendant le concert. Là, tout ce que je vous raconte, se passe pour moi au fur et à mesure. Alors que pour vous, tout ceci est passé, cristallisé dans les pixels que vous lisez. Moi je vous écris ce que je vis à l’instant T en vous imaginant le lire plus tard, et vous en lisant, vous m’imaginez en train d’écrire pendant le concert qui est passé. Alors certes c’est un voyage dans le temps à deux directions mais seulement moi je peut communiquer avec vous finalement. Alors tout ce que j’espère c’est que je vous communique un peu de la furie du concert en cours pour moi et rapporté pour vous. Parce qu’ici mes lecteurs du futur, on s’élance, on s’enlace, on saute, on lève nos mains tous ensemble parce qu’on est une seule et même famille : we : “the people of the crowd”.
Et dire qu’à la base je n’avais pas envie de sortir ce soir.

 

Texte : Jason PINAUD
Photos : Jessica CALVO

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