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OPEN AIR ASTROSHOW

Early seventies au dernier Open Air de l’Astroshow – jeudi 22 septembre

Arrivé tard dans le jardin d’Éden des Vivres de L’art, le DJ set en cours (Acid Shrimp & Don Gardener) a l’air de se passer au sommet de la colline des transats Rolland-Garros. 3 groupes à venir ce soir et aux vues des habits de certaines personnes près de la table de mixage, j’imagine qu’il doit s’agir d’un bouquet garni des différents membres. Point d’électro ce soir, tout est dans la playlist revival d’un rock de la fin des années 60. Pantalons pattes d’éph’ et chemises grand col sont de rigueur.

 

Lemon Rose commence à poser ses premiers riffs un poil en avance (je vous avais dit dans le dernier report qu’il y’avait une marque de fabrique de l’Astroshow de faire mieux que nos TGV). En tous cas ici point d’annulation de dernière minute. Le premier morceau introduit une longue phase musicale autour du même riff dans lequel la basse se distingue par son volume. Ça tourne puis s’ajoutent petit à petit des notes plus distinctes d’une guitare branchée sur une pédale chorus rendant son timbre plus aigu qu’à l’accoutumé. Un break de batterie et le set commence sur un rock ayant la même base que la DJ session d’avant. Ce sera la note commune à tous les groupes ce soir.

La voix un peu planante et appuyée nous fait entrer dans un espace psychédélique où la basse nous guide à grands coups de battements cardiaques. Il y a parfois un semblant de Velvet Underground dans ces morceaux. Les mélodies et la fumée planant sur scène évoquent ces scènes de films sur l’époque hippie où, si nous nous imaginions en être les acteurs, nous avancerions le long de couloirs enfumés et bruyants où des petits groupes de personnes discuteraient en aparté tout en buvant et en fumant sur un fond musical diffus. Au fur et à mesure de nos pas, cette jeunesse éprise de liberté nous saluerait brièvement avant de repartir au sein de leurs conciles respectifs. La fumée environnante augmenterait alors la musique se ferait plus forte, pour finalement déboucher dans la pièce principale où la source du groove serait entourée d’une foule faisant onduler leurs longs cheveux sur leurs épaules en s’échangeant des petits tubes à faire de la fumée. C’est ce genre de musique que distille Lemon Rose. Le rock planant de la fin des années 60. Celui qui donne envie de bouger ses hanches, le rock festif et criard des fêtes qu’on a l’habitude de voir retranscrites dans les films. Peut-être certains d’entre vous les ont-elles vécues autrement que par intermède cinématographique. N’ayant pas eu cette chance, je dois pallier ce manque par mes propres moyens…

Pendant l’inter-plateau, un petit set électronique est présenté dans la salle par llama Este Pez dans le cadre de l’exposition photo style indus traitant de lieux abandonnés, qui trône sur les murs . Rythmé, saccadé et un poil psyché, mêlant des sons sur le même thème que l’expo photo, on pourrait se méprendre à entendre R2-D2 sous amphet’ qui se mettrait à partir en sucette sur le beat du groupe animant la salle du trône de Jabba pendant qu’un garde gamorréen lui tape sur la carcasse avec sa massue. (NdlR : désolé si vous n’avez pas la référence, là je ne peux plus rien pour vous)

 

Directement venu de Milan, Aquarama se téléporte sur scène, un peu en avance encore… Signature Astroshow oblige ! Des notes de guitare fleurissent comme des explosions de couleurs et bientôt nous voici sous les tropiques à boire des cocktails sous l’onde d’un rock mêlant bossa, biguine et hymne à l’été perpétuel. On en serait presque à demander des ombrelles dans nos pintes. Le synthé aux sonorités seventies est parfois rejoint par une batterie martelante. On a parfois l’impression que les Doors ne se sont jamais éteints et ont juste passés les 40 dernières années sur les plages des tropiques à s empreindre des influences locales.  D’autres morceaux plus funk entraînent le public avec des effets wha wha. James Brown aurait-il lui aussi pris sa retraite à Acapulco ?

Une seconde partie du concert tournera autour de rythmes électro pilotés par le batteur sur son pad, où s’ajouteront des riffs synthétiques et une percussion qui rappelle les batucadas do Brazil ! La suite reste dans la continuité de la première partie en ajoutant même un morceau mêlant inspirations Ennio Morriconesques aux rythmes des îles. On troque le Stetson pour un chapeau de paille, mais on garde le poncho, pour la poussière et les moustiques. Papooz passe 15 minutes aux balances avant de s’éclipser avant de commencer leur set avec 9 mn de retard. Acte de résistance envers le mot d’ordre de L’Astroshow ou actionnariat à la SNCF ?

 

La voix d’Ulysse Cottin emplit le parc des vivres de l’art de façon éthérée. Baignés sous les spots de lumières bleutées, le groupe balance une pop douce et marquée par les riffs des guitares et du clavier, rappelant là encore les Velvet Underground  mais sous la voix de Nico, particulièrement lorsque le chant est pris par Armand Penicaut. On tourne la tête pour discuter et on se prend à penser qu’on est devant un concert de Sophie Ellis Bextor sur Murder on the dancefloor,  mais non, les chanteurs et guitaristes de Papooz ont juste pour habitude de prendre une voix de tête plutôt féminine, et le rythme de la chanson serait un mélange de ces influences et de rythmes funk des îles.

Le reste du set oscille entre pop lascive et funk tirant parfois sur le disco du début des années 70 façon Earth Wind and Fire avec une ligne de basse vraiment très omniprésente et qui inconsciemment vous fait bouger sur place. Le funk a cette force qui, grâce à la basse, dessine les schémas de toutes les meilleures chansons du style. Papooz aura su rameuter la foule sur le devant de la scène avec ses sonorités éclectiques. Un show qui fonctionne pour ceux qui y sont sensibles et il y avait du monde à l’être !

Texte : Jason PINAUD

Photos : Jessica CALVO

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