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ASTROSHOW OPEN AIR

Bordeaux – 15 septembre 2022

18h30. Je gare ma brêle sur le trottoir et m’enfile dans le parc Les Vivres de l’Art pour siroter tranquillement, assis sur une chaise longue. Au milieu du terrain arboré, parsemé de ferronnerie en forme de bancs, de cahutes faites d’anciennes citernes perchées en haut d’un tronc d’où le DJ envoie des sons psyché-chill sur un groove rock des années 70, mon coin “chaises longues blanches” ressort comme le carré VIP de Rolland-Garros au milieu de tout ce new âge de récup post-apocalyptique.

Cet endroit plein de vert et de rouille contrôlée est étrangement apaisant. Est-ce le set en cours ou est-ce l’endroit ? Peu importe, il y a pire comme salle d’attente pour un concert. Jessica, la photographe en profite pour amener les groupes vers un cadre plus propice à ses shoots. À peine Les 2 frères Marcos de The Twin Souls se sont-ils prêtés allègrement au jeu qu’elle nous montre les résultats du shooting, comptant en plus ceux de Slift et d’Étienne Jaumet.


 

Plus précis qu’un train, The Twin Souls commencent leur set avec à peine 2 minutes de retard sur l’horaire annoncé.  Autant dire qu’ils sont en avance… Leur duo guitare – batterie aux inspirations nombreuses mais avec une griffe personnelle bien marquée, rameute le public près de la scène. Ces deux gauchers échangent à loisir leurs instruments et le micro pour les morceaux. Qui est Guilhem, qui est Martin ?  On s’y perd. Leurs styles respectifs ont beau être diamétralement opposés, leur groove musical est si complémentaire ! Ils s’éclatent sur scène. L’un arbore une coloration prune sur ses longs cheveux tombant sur son tee-shirt en dentelle, le second ayant gardé ses cheveux naturels mais tombant également sur les baleines de son costume dandy vert pomme clair, sous lequel siège tout de même un chemisier en dentelle noire.

Ce set est juste énorme. Le duo toulousain enchaîne les morceaux rappelant Black Keys, Quintana Dead Blues Experience (que j’écoute pas mal en ce moment mais qui partage beaucoup d’influences avec le duo en place), d’autres vraiment empreints de leur griffe. Le public se rapproche petit à petit, comblant les espaces vides. Les deux frères n’hésitent pas à jouer de plus d’instruments que leur nombre le leur permet : guitare, batterie, clavier, thérémine. Ils chantent, tapent, grattent, pianotent, jouent avec les pieds sur le clavier, les dents sur les cordes. Ça chauffe le public et le rendu est électrique.


 
Avant l’heure annoncée – la SNCF pourrait s’en inspirer  le trio toulousain de Slift commence à prendre l’accord avec Étienne Jaumet.  Pour ceux qui ne connaissent pas Étienne Jaumet, de prime abord, si on le croisait dans la rue, il ferait bon pyrénéen du village voisin : béret enfoncé sur des lunettes de vue et une coupe de cheveux ordinaire qui seraient enquillés sur un quinquagénaire qui n’éveilleraient aucun soupçon. Rien de ce à quoi on s’attend à l’espace loges VIP d’une personne de sa renommée. Que voulez-vous la simplicité ça ne s’achète pas… Cette personne connait le moindre bouton de toutes ses tables d’effets, parmi laquelle deux énormes caissons, semblables aux standards téléphoniques des PTT des années 60, enrubannés de câbles branchés où seul lui sait à quoi ils sont reliés.

Le set présent ce soir est une sorte de side-project éphémère des meilleurs thèmes instrumentaux de Slift sur lesquels le saxophoniste et DJ se greffe avec brio. Commande du Roadburn festival aux Pays-Bas, cette formation en est à sa 4ème ou 5ème représentation et c’est planant. Slift de formation heavy rock psyché pose des bases qui vous emportent dans l’océan sur lequel voguera le saxophone d’Étienne Jaumet afin de souffler quelques brises et de pimenter par quelques effets, les alizés de cette création psyché électro rock commune qui sait conquérir la masse ondulante se mouvant au plus près de la scène. Les morceaux se succèdent et dans la mémoire collective, ça n’a semblé être un seul et même morceau variant de rythme en rythme au fil du temps. Le seul indice tient dans la batterie se taisant pour laisser place à l’électro qui sert aussi de lien entre les différents enchaînements. Le tout donne un mélange d’effets transe, de riffs de guitares puissants, de basse : tantôt lancinante tantôt furieuse, de slams de batterie énergiques, énervés, et omniprésents, de saxo aux sonorités harmoniques jazzy versant sur cette mer sonore. Les ingrédients adéquates en ce milieu de soirée.


 
Le temps de changer d’ingénierie sur le plateau et Étienne Jaumet se met aux platines pour une DJ party électro aux basses très présentes. De quoi ambiancer un public déjà électrisé, sur ses discussions de fin de soirée.

Un sans-faute ce soir pour l’Astroshow qui a encore su compiler de façon lissée, le rock a l’électro.

Texte : Jason PINAUD

Photos : Jessica CALVO

 

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