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LES FATALS PICARDS 

Au sommet de leur art

Même si les Fatals Picards jouissent d’une très grande popularité, le groupe a toujours été snobé par l’intelligentsia et les médias branchés. À tort, car ce combo s’avère bien plus subtil que certains l’imaginent. Il n’est heureusement pas trop tard pour redécouvrir ou découvrir ce groupe dont le dernier album Le Syndrome de Göteborg est une nouvelle réussite.

Les fatals Picards

 

On connait la scène parodique française à travers Ultra Vomit ou Princess Leya. On pourrait facilement imaginer les Fatals Picards comme les précurseurs de cette scène mais il n’en est rien. Certes le groupe manie bien évidemment l’humour, mais le leur est bien plus social et politique que parodique et fait de ces garçons de dignes héritiers de Brassens, Desproges et des Monty Python. Ainsi, dans leur nouvel album le groupe écrit un morceau comme “9 milliards”, avec un texte clairement politique et anti-militariste : « C’est la première chanson que j’ai écrite pour l’album. C’est un cri d’indignation sur le fait que mon pays fabrique des armes. J’avais envie d’évoquer un sujet malheureusement peu traité. J’essaie toujours d’écrire sur des sujets qui n’ont pas été faits et refaits. »

Rien d’étonnant à ce côté engagé lorsque l’on sait que le grand-père de Laurent a été député communiste : « À la maison on écoutait Aragon et Ferrat. Nos chansons vont dans ce sens. » Cet engagement se retrouve ainsi dans le génial “Sous les tilleuls de Barcelone” morceau qui, musicalement évoque Mike Brant mais dont les paroles conspuent le franquisme avec une puissance que ne parviendrait pas à atteindre un groupe punk anarchiste.

 

Les Fatals Picards réussissent ainsi l’exploit d’être à la fois extrêmement drôles tout en amenant l’auditeur à la réflexion. Et l’on sait à quel point être drôle et faire penser est un exercice on ne peut plus délicat. Un texte comme “Les Playmobil complotistes” est ainsi d’une rare intelligence sur la dérive paranoïaque qui sévit en ce moment.

Il y a chez les Fatals Picards quelque chose qui rappelle à la fois Renaud et les Wampas, des artistes qui comme eux possèdent cette facilité à saisir l’humeur du temps d’un trait de plume :« “Rimini” des Wampas, c’est le genre de morceau qui peut me rendre jaloux. J’aurais bien aimé l’écrire ce titre. Quant à Renaud c’est l’une de nos références. C’est bien simple lorsque nous composons un album nous ne l’écoutons jamais de peur d’être trop influencé. On écoute les Beatles, les Kinks mais jamais Renaud. Si tu lis ses textes, même après dix ou vingt lectures, tu découvres encore des choses nouvelles. »

Aujourd’hui, après plus de vingt ans de carrière les Fatals Picards sont au sommet de leur art. Le groupe n’a en outre rien perdu de sa popularité comme en atteste cet Olympia programmé pour mi-septembre : « C’est notre dixième Olympia. Ce n’est pas rien. »

Si le combo peut regretter l’ostracisme dont la presse spécialisée a fait preuve à son égard tout au long de ses vingt années d’existence, il se console avec cet amour qu’il a reçu et continue de recevoir du public : « C’est clairement le public qui nous a fait. On a construit avec lui, année après année, une relation très forte. »

On pourrait penser que le fait d’avoir représenté la France à l’Eurovision en 2007 a peut-être été une épine dans le pied du groupe, lui ouvrant les portes du grand public mais lui fermant celles de l’intelligentsia : « On ne va cependant pas cracher dans la soupe. C’est aussi grâce à l’Eurovision que l’on a fait notre premier Olympia. En fait notre rêve serait de jouer à la fois sur TF1 et Public Sénat. »

Un groupe populaire qui fait réfléchir… cela représente bien ce que sont les Fatals Picards aujourd’hui.

Texte : Pierre-Arnaud JONARD

Photos : Nathanaël MASSON

Le Syndrome de Göteborg

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