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LES FRANCOS DE MONTRÉAL – JOUR 2

Montréal, du 10 au 18 juin

Le deuxième jour des Francos de Montréal est sur Longueur d'Ondes

 

En ce samedi 11 juin, la ville de Montréal est gorgée de soleil. Les rues débordent de promeneurs. Sur Saint-Laurent, le festival les Murals, dédié aux graffs et aux arts de rue a pris possession du quartier, entre stands de cuisines aux saveurs du Monde entier et friperies. La rue du Mont-Royal connaît un sort similaire, emplie de passants qui flânent et chinent des livres,  de la déco, des tee-shirts gothiques, le tout en dégustant une glace molle aux couleurs pastels.

Le deuxième jour des Francos de Montréal est sur Longueur d'OndesLa veille, lors du lancement du festival, il était de mise de dire que la ville était l’une de celles qui avait le mieux su soutenir la culture face au Covid. A en juger par l’amour porté par ses habitants aux arts, à la défense de la musique et de la langue française, il y a fort à parier que l’affaire soit vraie.

Côté place des Arts cette fois, le ton est tout autant à la célébration. Le quartier qui accueille les Francos de Montréal est empli de familles, d’amis qui profitent du soleil. Les restaurants qui encadrent le site servent cocktails,  poutines et veggie burgers en terrasses, la queue devant le stand de karaoké se fait déjà dense et les scènes se remplissent grandement.

Une Bell programmation aux petits oignons

La scène Bell, la plus grande de l’événement, profite de ce début de soirée pour présenter à 19 heures ses révélations. Caracol est de ceux-là. La chanteuse dévoile en duo son spectacle. « La dernière fois que j’ai joué ici, il pleuvait tellement qu’on a failli annuler le show. »  Cette fois-ci les 25 degrés sont si forts qu’ils ressemblent plus à des 30 degrés bien tassés. Vêtue d’une tenue jaune, elle assure avec son binôme un set entre chansons, notes dansantes rétro-électro, et parfois des titres proches de la comptine. De quoi fasciner les petits garçons perchés sur les épaules de leurs parents qui ondulent des épaules. L’énergie est là et elle est communicative.

Pour les férus de rock, il suffit de se rendre sur la scène SiriusXM pour profiter du show de Gazoline. Devant la scène des étendues de pelouse vertes se déploient à perte de vue. L’air sent le popcorn au beurre et la pizza. Bières et Spritz peuplent le moment. Côté scène, la joyeuse troupe envoie un rock aux couleurs classiques en français dans le texte. Les notes swinguent et s’emballent alors que le chanteur communique très volontiers dans l’assistance, rappelant en s’amusant que si les pizzas et le popcorn sont un plaisir à déguster, ils sont mauvais pour la santé. L’un des mots d’ordre de la programmation, c’est bien de prouver qu’on peut créer tous les registres musicaux en français. En ça, Gazoline remplit son cahier des charges, voix lancinante et guitares qui claquent, mélodies qui swinguent, le groupe s’ose à varier les registres et influences. Le tout séduit et prend bien, la foule danse volontiers.

Elle est d’ailleurs chauffée à bloc quand débarque sur la scène Loto-Québec, France d’Amour pour son spectacle D’amour et de rock’n’roll. Le Québec aime ses chanteuses à voix, une particularité sonore que l’on retrouve aussi chez ceux qui ont imposé leurs marques à travers le Monde. Elle est de celles-là. Et d’emblée, il est évident que son répertoire est culte pour beaucoup de festivaliers.

Avec cette âme entre rock rétro et chanson, le tout a un charme désuet. Le spectacle est familial et les titres connus du plus grand nombre. Là, des amies chantent à tue-tête, derrière eux, un jeune couple s’embrasse en entonnant tous les couplets. Ces retrouvailles sentent la nostalgie et ressemblent à une machine à voyager dans le passé. Pour ajouter une note festive au moment, la musicienne se lance dans un medley de classiques de “Bloody Sunday” à “Seven Nation Army”. Certes, l’heure n’est pas à la finesse et à l’innovation mais le show satisfait pleinement ceux qui y assistent.

Un autre territoire 

Le deuxième jour des Francos de Montréal est sur Longueur d'Ondes

Les Francos célèbrent toute la scène francophone et sa pluralité. Le festival invite de ce fait chaque année, des musiciens issus de tous les pays où la langue est parlée. Parmi eux, cette année, Fishbach prend d’assaut le Club Soda. La salle montréalaise est particulièrement bien pensée. Étirée en rectangle, elle offre une vue imprenable sur la scène. Vêtue de noir, d’un chapeau et équipée de ses platine, la chanteuse impressionne. Venue partager les titres issus de son dernier opus Avec les yeux, elle profite d’un son millimétré.

La sophistication est de mise avec Fishbach, pas besoin d’artifices, seule la musique compte. En avant-scène, elle danse volontiers avec une certaine grâce alors que sa voix tape juste. L’instant est cadré, il évoque le perfectionnisme, la capacité à créer et à se renouveler. Lorsque les premières notes de son plus gros succès, l’immense “Un autre que moi” se font entendre, la foule reprend les paroles en choeur. Avant de quitter la scène, la musicienne remercie avec une jolie sincérité le public: « Putain que c’est bon d’être ici ! ». La grande dame de la chanson et sa capacité à innover quittent la scène face à un public qui supplie un rappel qui n’aura pas lieu. Les règles en festival ne le permettent pas.

Propulsés dans la chaleur extérieure, le site grouille maintenant, il palpite comme un cœur qui bat la chamade. Entre les stands bondés, il faut zigzaguer pour rejoindre l’immense scène Bell qui ce soir, fait la part belle au Hip Hop avec un concert de Souldia. Le rappeur signe ce qui est l’une des plus belles claques du festival. Devant un parterre plein à craquer, il dévoile un flow précis et millimétré. Les refrains sont chantés, son flot est précis. Le crâne rasé empli de tatouages, torse nu, il arpente la scène comme un tigre en cage, dévoile un phrasé qui laisse exploser sa rage et maîtrise la foule à la perfection. Lorsqu’il demande à l’audience d’allumer « tous ses flashs », l’immense scène quitte la nuit, le jour enseveli tout à plus de 22 heures. Lorsqu’il interprète “Brûlures” avec Tizzo, le super single fait trembler la foule. Avec le charisme d’un Orelsan local, des textes qui pourraient avoir été écrits par un La Fouine originaire d’une petite ville canadienne, l’homme remercie le public pour ce qu’il « vit jour après jour ».  Le public le remercie pour ce moment digne des plus grands festivals.

Une dernière surprise

Il fait toujours aussi chaud alors que la scène Silo Brasseur est prise d’assaut. Par surprise, Les Louanges ont annoncé leur show le jour même. L’électro pop sophistiquée des musiciens était des plus attendues. Avec leurs riffs dansant lo-fi, les musiciens incarnent la perfection d’une soirée d’été. Les refrains frappent juste et fort, le public se tasse tellement qu’il devient impossible d’apercevoir la scène sans se hisser sur la pointe des pieds sur un banc. L’avant-scène se transforme en boîte de nuit géante à ciel ouvert. Le moment est l’illustration même de comment la culture sait sublimer l’été urbain et unir les générations. L’électricité reste longtemps dans l’air quand le concert touche à sa fin comme si le lieu lui-même souhaitait garder l’énergie qui y a été partagée. Il pourra en reprendre une grande bouffée dès le lendemain, il reste encore de nombreux jours pour profiter des Francos !

>>Site des Francos

Texte: Julia ESCUDERO

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