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LES SHERIFF

L’énergie punk-rock intacte

Rock-School Barbey, mars 2022. Ce soir les Sheriff sont back in Bordeaux, avec un album tout chaud à faire vivre, et la ville en frémit d’anticipation depuis plusieurs semaines.

On n’est pas déçus. Les Héraultais sont frais comme au premier jour (dans les années 80)  livrant un set électrique, enthousiaste et à l’énergie communicative. Le public les suit comme un seul homme (au point que certains s’invitent sur scène, à l’ancienne) succombant au charisme d’Olivier, frontman impeccable, et de ses acolytes.

Les Sheriff, leur concert à Bordeaux sur Longueur d'Ondes

Interview réalisée avant le concert

Nous trouvons le groupe à l’arrière de la salle. Ils prennent  le soleil, souriants, l’air contents d’être là. Olivier, le chanteur, trouve un coin de banquette où se poser près des loges, et l’interview se déroule en musique. Entre 1999 et 2012,  les Sheriff ont cessé d’exister. Reformés pour un concert exceptionnel sur leurs terres montpelliéraines en 2012, ils se découvrent toujours possédés par  le virus de la scène. La machine Sheriff se remet alors en marche, et depuis 2014 les concerts s’enchaînent régulièrement.

La sortie de Grand bombardement tardif en décembre dernier est aujourd’hui le prétexte idéal pour repartir sur les routes.

 « Jusque-là on jouait une dizaine de fois par an » raconte Olivier. « Cette fois c’est parti pour vingt-cinq dates, mais pour nous ce n’est pas vraiment une tournée. Avant on pliait ça en deux mois ! Là on fait un ou deux concerts, on rentre chez nous puis on repart. Avant, la scène c’était tout pour nous. On jouait notre vie à chaque concert. Si le public était bon, on n’avait rien à faire, on se laissait porter. S’il fallait aller chercher les gens dans la salle c’était plus dur, mais ça donnait nos meilleurs concerts. Maintenant si le public est bon, on l’est aussi, sinon on se plante. On s’éclate à fond, on fait de notre mieux mais on n’est plus dans cette dynamique quasi vitale ».

Qui est votre public aujourd’hui ?

« Beaucoup de fidèles qui nous suivaient déjà dans les années 90. On peut dire que c’est un public acquis, les jeunes qui viennent sont leurs enfants !»

Comment s’est passée la création de Grand bombardement tardif ? Vous pensiez à des mélodies ou des mots depuis longtemps ou c’est du tout neuf ? 

«Tout est nouveau ! Notre compositeur c’est Manu, et pendant l’arrêt des Sheriff lui de son côté a sorti trois albums. Il a utilisé tout ce qu’il avait en stock, et comme moi je lui ai écrit des textes, on a dû tout créer de A à Z pour notre album. On avait fait ”À Montpellier” il y a quatre ans pour une compilation qui n’est jamais sortie. On a pensé à sortir le morceau en single ou le balancer sur Internet, bref ça cheminait. Mais si on le sortait en 45 tours, il nous fallait une  face B . Là-dessus le Covid est arrivé, on s’est retrouvés avec du temps et de l’inspiration. On a fait huit titres, puis douze, et voilà l’album. Sans le Covid on aurait peut-être mis cinq ans à sortir tout ça ! Là on s’est dit allez les gars, balancez vos idées ! Cet album est là parce qu’on a communiqué . »

Et il vous plaît, cet album ? 

« Oui, on en est très satisfaits. Du son, surtout. Avant, la technique n’était pas aussi pointue, là on a exactement ce qu’on voulait. Ça change plein de choses, notamment au niveau de la spontanéité. Avant j’arrivais en studio avec des textes que je n’avais encore jamais chantés au micro (rires) ! Du coup il m’arrivait de faire cinquante prises, c’était épuisant. Là, je fais quatre prises et en production on choisit tel mot, telle phrase, et on égalise ».

Les Sheriff, leur concert à Bordeaux sur Longueur d'Ondes

 

On a tous vieilli. Alors la scène, c’est plus dur ?

« Houla oui ! Quand on a repris les concerts j’ai dit« Jamais deux concerts d’affilée». Avant c’était déjà dur mais on était jeunes, on récupérait vite, avec trois heures de sommeil. Il m’est arrivé de faire des concerts presque sans voix, mais aujourd’hui je fais plus gaffe car elle ‘pète’ facilement. Et puis physiquement une heure et demie de scène c’est crevant. Manu et moi on est les deux vieux, lui il lui faut cinq jours pour se remettre d’un concert (rires).»

« Dans ta bagnole », qu’est-ce que tu écoutes ces temps-ci ?

« Du rock’n roll bien sûr, du ska et et du reggae, j’adore ça depuis toujours. Je pense qu’à partir de trente ans on ne découvre pas de nouvelles musiques. C’est le cas de beaucoup de gens autour de moi. Quoique quand on a des enfants, ils nous font écouter de nouveaux trucs. Mais personnellement je ne vais pas jusqu’à acheter les disques (bon, ça n’existe plus). Dans ma bagnole j’ai AC/DC, les Ramones, Mötorhead… notre ADN, quoi. »

 Qu’est-ce qui vous inspire ?

« Pas la musique. Mais pour mes textes je lis énormément, de la poésie notamment. J’écoute la radio, je peux aussi piquer à droite à gauche des titres de films, des mots, des rimes, et ensuite je fais ma petite cuisine. Je suis ouvert, j’absorbe, je me nourris de tout. Je me mets dans une bulle de créativité. Parles-en à ma femme  (rires) ! »

 

Vous êtes forcément contents de l’excellent accueil de l’album, mais en êtes-vous surpris ?

« Une fois de plus on jouait nos vies avec cet album. On n’avait aucun intérêt à revenir si on ne proposait pas quelque chose d’abouti, c’est pour ça d’ailleurs que ça nous a pris autant de temps. Donc on aurait été mal si le public avait pensé ‘wow, les Sheriff c’est plus comme avant’ »

 Justement, fallait-il que ce soit comme avant ?

« Non bien sûr, le temps et la vie sont passés sur nous tous. Mais ce qu’on propose, c’est ce qu’on sait faire depuis toujours. On a essayé de jouer autre chose, du reggae par exemple. Mais on n’est juste pas faits pour ça ! On est un groupe et quand on joue ensemble ça donne le son des Sheriff. On a un nouveau guitariste, il  a apporté de nouvelles influences mais au final ça donne ça »

 Ton titre préféré ?

«J’aime beaucoup ”Loin du chaos” et ”Ma lumière”, ils peuvent faire des singles. En gros sur un album quatre morceaux sont des ‘tubes’ potentiels, faciles à jouer sur scène. Et il y a au contraire des titres qui ne sont pas faits pour le live. Mais on joue quand même dix morceaux de l’album sur douze !»

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Entrevue: Stéphanie FAVREAU

Photos: Carolyn CARO

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