BOLD c’est la rencontre au sommet de High Ku de Chinese Man et de Supa-Jay de Scratch Bandits Crew. Le duo nous offre aujourd’hui leur premier album. Un disque qui mêle avec brio hip/hop old school et trip-hop, le tout mâtiné de rythmiques plus modernes empruntant au trap et à l’électro. Rencontre.
High Ku de Chinese Man et Supa-Jay se côtoyaient dans le même label label (Chinese Man Records) et avaient travaillé ensemble au sein de celui-ci pour les Groove Sessions 5. Du fait du confinement la tournée Groove Sessions 5 n’a jamais eu lieu. Les deux hommes se mettent alors à une collaboration qui donnera naissance à Bold : « Groove Sessions était une grosse machine. Nous avons eu envie d’un truc intimiste. A la base nous pensions faire trois quatre titres et un EP. Vu que nous avions le temps nous avons amassé pas mal de morceaux et de quoi faire un album. »
Sur ce disque on voit un duo qui sait merveilleusement mêler samples efficients à des arrangements très travaillés sur des sons qui groovent. L’album plaira donc à coup sûr tant au public hip/hop qu’à celui orienté soul ou électro. Le duo a su garder le côté brut du hip/hop en le mélangeant à des arrangements sophistiqués.
Cet album montre en outre une grande culture musicale de la part des deux garçons, comme en atteste ses samples issus d’albums obscurs de musique thaïlandaise ou japonaise dont on se demande bien où les compères sont allés les trouver : « Venant de Chinese Man j’aurais voulu avoir moins de samples asiatiques. J’utilise beaucoup de choses venant de librairies musicales. Ce sont des choses obscurs que tu ne trouves pas sur Youtube, qui ne sont pas réédités. Tu peux les dénicher sur des albums genre Exotic Relaxation. »
Bold c’est un projet qui s’avère nécessaire dans la carrière de High Ku : « Les gens s’attendent à quelque chose de précis de la part de Chinese Man. Bold est un espace de création et de liberté. Je peux faire avec Bold une musique différente de celle que je fais avec Chinese Man. »
Les racines de Bold viennent de la culture hip/hop mais le genre s’étant métissé avec le temps à d’autres styles musicaux, le groupe suit lui aussi cette évolution qui permet au genre de se réinventer : « On fait vivre les prods d’une manière différente de ce qui se fait dans le rap. On a des sonorités trap ou électro par exemple. On a fait un truc très instinctif sans se poser mille questions sur où doit aller le morceau. On perd parfois de la simplicité aujourd’hui car il y a tellement d’outils à disposition. Nous ne voulions pas de cela mais au contraire aller à l’essentiel. C’est pour cette raison que nos titres sont courts.»
Le duo reste néanmoins dans la tradition hip/hop, multipliant les featurings pour ce disque : « Il y a différentes manières de faire vivre des morceaux. Il y a deux titres chantés, deux rappés. On ne voulait pas trop de morceaux rappés pour ne pas saouler les gens. Nous n’avons pas fait de featurings pour faire du featuring. Il y a des titres qui se suffisent à eux-mêmes et où il n’y en avait pas besoin. On ne voulait pas d’une esthétique marquée ou en tout cas nous voulions notre propre esthétique. Nous sommes la partie canapé de Chinese Man Records : tu t’installes et tu profites. »
Entrevue: Pierre-Arnaud JONARD
Photo: Chinese Man Records
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