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KLINK CLOCK

Clap de fin

Tout en annonçant un nouvel EP, le duo composé de Jennie et Aurélien a soufflé le froid en déclarant qu’il ne ferait plus de live… De là à en déduire la fin du groupe il n’y a qu’un pas, d’autant plus que le titre de l’album, Le temps de la chute, sonne vraiment comme une épitaphe.

 

 

Cette annonce « il n’y aura plus jamais de live », ça signifie que Klink Clock c’est fini, ou bien cela existera sous une forme différente peut-être ?

Aurélien : « Je t’avoue que l’on a pas réfléchi à la suite, la fin est marquée comme ça avec Le temps de la Chute qui porte bien son nom. Pour cet album, on a exposé nos travaux les plus aboutis. Même s’il y a pas mal de choses dans les tiroirs, c’était plus cohérent de ne sortir que ces titres-là. Mais pour répondre à ta question, non ça n’existera plus…. pas comme ça en tous cas. »

Les titres qui restent dans les tiroirs ont-ils une chance de paraître un jour malgré tout ?

Aurélien : « Si on nous propose d’autres types de projets, comme par exemple des bandes originales pour le cinéma, pourquoi pas… Mais tu sais, il y a des titres que tu arrives à finir, d’autres que tu ressors après et puis d’autres que tu ne finiras peut-être jamais. C’est le cas de beaucoup de groupes en fait. »

Pourquoi vous avez pris cette décision ? Le confinement ? Une forme de lassitude ?

Aurélien : « C’est une prise de recul, très consciencieuse, pour un bien-être, un équilibre vital. Oui c’est vrai que de toutes façons cette période est compliquée pour tout le monde. On s’est dits que c’était le meilleur équilibre à avoir, plutôt que d’être sans arrêt dans l’attente. On a toujours été en auto-production, on ne s’est jamais bridés. Je pense qu’on est arrivés au bout de ce que l’on pouvait être, sous cet aspect-là. C’est très simple en fait, même si je sais que ça a choqué énormément de personnes, mais c’est une finalité. Tu vois, par exemple, moi pour travailler comme artiste ou artisan [NdlR : Aurélien fabrique des guitares électriques sous la marque AurA, ainsi que des micros], je vois bien que ce sont des montagnes russes, et c’est de pire en pire. Je pense que c’est une période où il vaut mieux ne rien attendre.»

 

 

Vous sortez Le temps de la chute qui est vraiment un super album, et en même temps vous dites à vos fans « à vous de le faire vivre ». Vous lâchez un peu le plat, non ?

Aurélien : « Je ne le vois pas comme ça. Cet opus on l’offre, c’est comme un partage. Ça aurait pu être un souvenir scénique par exemple, mais dans le cas présent ça sera un souvenir non éphémère, qui durera le temps qu’il durera sur les plateformes de streaming. C’était pour nous un moyen d’offrir nos travaux de ces dernières années. »

Vous ne vouliez pas lui donner un support physique ?

Aurélien : « On n’en avait pas les moyens. Tu sais, ça fait 12-13 ans qu’on fait de la musique avec Klink Clock, et la façon dont tu as de t’en sortir c’est de vendre du merchandising à la fin des concerts. Et n’ayant plus de concerts… on n’aurait pas eu les reins assez solides pour commander 1000 vinyles ou 1000 CDs pour se retrouver à essayer de les vendre juste en faisant une annonce… ça ne marche pas comme ça. »

Il n’a pas une certaine frustration à ne pas pouvoir défendre ce dernier album ?

Aurélien : « Pour cet album, on a lâché tous les liens du duo physique technique quand on l’a composé. On ne pensait pas au live quand on l’a écrit. C’était plutôt un catharsis. On a fait exactement ce que l’on voulait faire et quand tu l’écoutes bien tu te rends compte qu’à deux, ce n’était pas envisageable.  De toutes façons, on voulait aller jusqu’au bout de ce que l’on avait commencé avec Accidents, avec un peu de piano et d’autres instruments, des choses alors sous-entendues faites pour la production. Et là, on s’est dits « Lâchons-nous ! » tout simplement. On aurait pu le jouer en live, mais pas à deux. Boris [NdlR : Boris Jardel, guitariste d’Indochine] nous a rejoints sur pas mal de titres, il était prêt à jouer avec nous, mais un musicien en plus ne suffisait pas à faire vivre le son comme on l’entendait. Ça aurait été beaucoup de complications techniques et financières, et puis tourner après cette période c’était pas super excitant… »

 

 

Qu’est-ce que vous allez faire maintenant ?

Aurélien : « Jennie a la marque d’upcycling Fantôme, moi je fais des micros et des guitares avec AurA. Je suis aussi technicien le plus souvent possible pour des tournées. On s’en sort comme ça. En fait, on a toujours jonglé pour ne pas être dépendants de grosses productions qui nous auraient enfermés dans quelque chose qui ne nous aurait pas plu. Du coup, on a toujours fait plusieurs choses et c’est très bien, c’est ce qui nous permet de rebondir et de nous en sortir en ce moment. »

S’il n’y avait pas eu ces confinements et ces arrêts des concerts, tu penses que ça aurait été différent ?

Aurélien : « Je pense que le confinement a accéléré la décision. Mais ça reste beaucoup de beaux moments, de moments déglingués, beaucoup d’éclats de rires… on a que des beaux souvenirs. Avec l’annonce, on a vu qu’on avait une base de fans très solide, ça fait plaisir »

Vous allez continuer à composer ?

Aurélien :« Non, même si dès qu’on aura une idée évidemment on ne va pas pouvoir s’empêcher de le faire certainement. Mais on a vraiment été au bout de ce qu’on pouvait et voulait être avec Klink Clock, d’où cette démarche de dire : c’est fini. »

 

L’ALBUM

Le temps de la chute – Autoproduit

Le premier titre, “Avec toi”, ouvre de la plus martiale des manières comme on le fait pour les annonces de la plus haute importance, porté par des instruments que l’on a pas l’habitude d’entendre comme ce bourdon vite rejoint par les toms de Jennie et la guitare d’Aurélien. Puis, de l’ambiance quasi crépusculaire ainsi créée, émerge la voix de la moitié féminine du duo, libératrice. C’est profond, ça ne laisse aucun répit et on est pris dans un tourbillon qui continue avec le sublime “Majorette”, puis avec des “Cicatrices” mises à vif. Après l’expérimental et noisy “Voodoo O”, l’album se referme avec le mélancolique et très beau “What sad is”. Tout est dit alors et il est déjà temps de se quitter. Si les Klink Clock ont voulu soigner leur sortie en offrant ces 5 derniers morceaux, ils ont réussi au-delà de leurs espérances tant cet album est une totale réussite. Mais qui sait, peut-être qu’un jour…

Album disponible en écoute sur les sites et applications de streaming (Spotify, Deezer…)

Entretien et chronique album : XAVIER-ANTOINE MARTIN

Photos : NICOLAS DEMARE (NIDIMAGES)

“Majorette”

 

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