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BANDIT BANDIT

Pour l’amour du rock

Ce duo perpétue la belle tradition du duo rock explosif. En seulement quelques années, il s’est  imposé comme l’une des valeurs montantes du rock hexagonal. Nouvelle preuve avec leur récent EP Tachycardie, un disque au charme vénéneux.

 

Bandit Bandit, leur entrevue sur Longueur d'Ondes

 

Bandit Bandit a fait sensation dans le monde de la musique avec un premier EP de grande facture et des prestations scéniques de haut vol qui leur ont permis de s’imposer rapidement dans le paysage rock français. Parallèlement, le duo portait haut et fort l’étendard du féminisme et de l’égalité femmes/hommes dans un milieu (le rock) où les réflexes machistes restent encore malheureusement vivaces. Maëva et Hugo enfoncent le clou avec un deuxième essai discographique encore plus rock et abrasif que ne l’était son prédécesseur. Le combo avait initialement prévu de sortir un album mais la Covid-19 est passée par là et il nous faudra donc patienter encore un peu avant l’arrivée de celui-ci : « Un album, ça se défend sur scène. Avec la Covid, il était impossible de jouer live donc nous n’aurions pas pu le défendre. Du coup, un nouvel EP s’imposait. Les morceaux étaient prêts. On jouait déjà ses titres sur scène depuis un moment. »

Bandit Bandit réussit la prouesse de marier un son énorme avec la langue de Molière : « Il n’y a plus qu’un titre en anglais sur notre nouvel EP et il n’y en aura plus à l’avenir, en tout cas pas avant un bon moment. On se sent plus honnêtes et légitimes à écrire dans notre langue. On écrivait en anglais à l’époque où l’on avait encore un peu peur de se confronter au français. Avec ta langue maternelle, tu peux jouer avec les mots, les allitérations. On a appris cela au contact de Dimoné (ndlr : Hugo a joué dans le projet Kursed et Dimoné), lui qui sait si bien jouer avec la langue. »

L’utilisation du français permet en outre de faire passer de façon plus évidente et directe un message. Celui de Bandit Bandit s’inscrit dans la lutte contre les discriminations. C’est pourquoi le duo parle de sujets que l’on a guère l’habitude de voir traités dans le milieu rock : « Il ne faut pas avoir peur du mot engagé. Nous le sommes. “Désorganisé” parle du fait que le cycle menstruel de la femme reste quelque chose de caché. Pourquoi cela devrait-il l’être ? Tu es un animal. Le sang te rappelle cela. Il convient de se confronter à son corps, de se le ré-approprier. Dans de nombreuses sociétés, on a voulu cacher les règles, les considérant comme sales, alors qu’il convient de se reconnecter à son moi animal. » Et même si le monde du rock reste avant tout masculin, les choses bougent : « Les mecs de trente ans déconstruisent les vieux schémas en disant aux filles qu’elles peuvent faire la même chose qu’eux. Il est important qu’hommes et femmes soient alliés dans ce combat. Il y a de nombreux groupes avec des filles en France maintenant : We hate you please die, Décibelles… Quand un combo comme les Psychotic Monks arrête l’un de leurs concerts parce qu’une fille se fait emmerder, c’est encourageant. Si une ado écoute Maëva en se disant « Moi aussi je peux faire du rock » ce ne peut être que positif. Il y a encore des discours nocifs qu’il convient d’éradiquer dans la musique, le travail n’est pas fini mais les choses avancent.  Cela prendra du temps mais on finira par y arriver. »

Discours engagé, qualités musicales évidentes : Bandit Bandit a tout pour séduire. Mais nous ne sommes sans doute pas au bout de nos surprises avec ce duo, car la suite risque d’être encore plus aventureuse : « Nous avons déjà plein de morceaux pour un futur album. Celui-ci risque de surprendre. Nous voulons prendre des risques. Après deux EP très rock et rentre-dedans, nous voulons proposer autre chose, aller vers de nouveaux territoires. » Affaire à suivre donc.

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PIERRE-ARNAUD JONARD

Photo : DAVID POULAIN

 

 

 

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