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LOMBRE

LOMBRE ET LA LUMIERE

« C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche. » – Pierre Soulages

La musique de Lombre est comme le noir-lumière de Soulages. Intense, profonde et lumineuse. Rencontre avec le jeune rappeur au Festival Charabia de Reims.

Il est cohérent d’écrire sur ce qui nous entoure. Dès lors s’il est normal que les rappeurs de Seine St-Denis parlent des cités, Lombre paraitrait quant à lui hors-sujet s’il évoquait celles-ci. Car grandir dans le 9-3 ou dans l’Aveyron cela n’amène pas, on l’imagine, à la même écriture. Lombre venant de Rodez, de quoi parle-t-il ? De Soulages, bien sûr. Une écriture hip-hop sur le peintre de l’outrenoir n’apparaissait pas comme quelque chose d’a priori évident. Et pourtant lorsque l’on écoute les sons de Lombre, cela le devient instantanément. Le jeune rappeur a su retranscrire de la plus belle des façons possible la beauté plastique de Soulages à l’intérieur d’un projet musical : « Des gens trouvaient qu’il y avait quelque chose d’introspectif dans ma musique comme on trouve une forme d’introspection dans sa peinture. J’ai lu des interviews de Soulages et j’ai eu envie de faire un titre autour de son art : “La lumière du noir” est né. J’y ai incorporé un sample de Soulages qui parle car j’aime beaucoup sa voix. »

crédit photo : Pierre-Arnaud Jonard

Se confronter à un monument comme Soulages est un pari ambitieux mais Lombre situe les choses d’une autre manière, plus simple et naturelle : « On m’a souvent demandé si je n’avais pas eu peur de me confronter à lui mais je ne vois pas les choses ainsi. Je ne fais que souligner son propos. »

Avant cet EP autour de Soulages il y a dix ans de projets divers, d’apprentissage de la musique. Lombre est venu au rap de manière naturelle : « Je ne suis pas musicien. Quand tu commences un projet à 12 ans tu regardes les trucs que tu peux trouver sur Internet. J’ai fait un truc avec mes cousins qui s’appelait 12/40 car je venais de l’Aveyron et eux des Landes. La force du hip-hop est qu’il peut correspondre à plein de réalités différentes. Je ne me suis jamais senti comme un imposteur dans le fait d’en faire. »

Au confluent du hip-hop et de la chanson Lombre est un électron libre : « Ce que j’écoute le plus c’est du hip-hop et de la chanson mais je peux aussi aller vers des choses électro ou rock. J’aime l’énergie rock, le fait de tout lâcher. J’aime beaucoup Fauve qui a changé ma vision de la musique. Je me suis rendu compte grâce à eux que tu pouvais faire ce que tu voulais. Je n’avais plus besoin de cette technique trop rigide du flow. J’ai toujours voulu un mélange des genres musicalement, ce qui me permet d’ouvrir pour des gens aussi différents que Cali, Feu! Chatterton ou Seth Gueko. Lorsque j’ai ouvert pour ce dernier je me suis dit mais comment le public d’un artiste rap hard-core va-t-il me percevoir. Et au final ça s’est très bien passé.»

A 23 ans Lombre possède déjà artistiquement et musicalement une maturité qui impressionne, peut-être parce qu’il n’a pas peur de montrer ses fragilités, fragilités qui atteignent profondément le public. Il y a dans sa musique quelque chose qui touchera autant les amateurs de chanson que le public rap hard-core. C’est toute sa force et tout son talent. On a vraiment hâte d’entendre son premier album prévu pour 2022 sur lequel l’artiste travaille actuellement.

 

PIERRE-ARNAUD JONARD

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