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L’ENVOȖTANTE 

L’humain d’abord !

 

L’Envoutante, leur entrevue sur Longueur d’Ondes

 

Avec Espoir féroce sorti cette année l’Envoûtante confirme toutes les attentes placées en eux. Rage du rap et férocité du rock, leur mélange bouscule les codes.

Dans une période complexe et difficile il est bon de voir surgir des groupes comme l’Envoûtante. Des groupes avec une conscience qui nous poussent à ne jamais baisser les bras. Des combos qui manient les mots comme une kalashnikov : «Nous avons été influencés par des groupes qui n’étaient pas classés comme conscients à l’époque. On peut nous classifier ainsi mais on ne sera pas pour autant le style de groupe qui criera “No Pasaran” dans nos paroles. On peut trouver notre écriture politique, mais elle est plus sociétale et philosophique que politique, en fait. Nous ne sommes pas des militants de quoi que ce soit. Après, faire du lien au niveau des assos, oui bien sûr, mais nous ne sommes pas là pour réveiller les consciences. »

Même si l’Envoûtante ne se définit pas politique cela n’empêche pas le groupe de jouer dans les prisons comme récemment à Mont-de-Marsan ou après la projection d’un film sur les violences policières : « Pour certains c’est cela être politique mais la politique n’est pas toujours là où on le croit. Quand des jeunes de 25 piges nous font jouer dans des endroits paumés dans de supers conditions, c’est politique. La solidarité est importante et nous devons nous-mêmes dans le groupe être encore plus solidaires des autres. L’humain est une machine à espoir. Il ne faut pas désespérer. »

 

L’Envoutante, leur entrevue sur Longueur d’Ondes

 

Petits-fils de paysans le combo parle d’un sujet rarement développé dans le rap : la ruralité. Car le vécu béarnais ne peut bien évidemment pas être le même que celui d’un habitant de St-Denis ou de Villetaneuse : « Nous assumons de plus en plus de parler de fromages, de notre région. Nous vivons dans des coins paumés. Nous aimons nous promener dans les coins reculés autour de chez nous. Il y a, dans notre région, beaucoup de descendants de réfugiés espagnols. C’est un carrefour d’identités multiples intéressant. »

Avec ce mélange rap et politique, l’Envoûtante rappelle une époque presque révolue, celle des Assassin ou de La Rumeur pour le côté engagé et celle du crossover à la RATM pour le côté musical : « Nous avons été marqués par cette époque. On a été imprégnés par ça. Quand on entend des trucs comme Vîrus ou Casey ça nous plait toujours autant. Dans nos premiers projets, ceux avant l’Envoûtante, on faisait du rap mais derrière ça tapait musicalement. Il y a des gens come Rocé ou Kerry James qui ont toujours poursuivi dans la même voie et c’est bien. »

Si l’Envoûtante est un digne héritier du rap politique, le combo ne délaisse pas l’influence de la chanson pour autant : « Il y a une grande diversité dans le rap actuel. Nous sommes différents car nous n’allons pas passer une nuit entière à trouver le flow parfait. Nous aimons le rap mais aussi la chanson française, Cabrel par exemple. Cabrel nous parle plus que Public Enemy. »

Avec ce niveau de conscience qui fait du bien, le duo n’est pas donneur de leçons pour autant. On peut même percevoir un certain humour dans leurs paroles comme sur ce “J’ai pas lu” dans lequel les deux compères titillent  le milieu éducatif : « Des profs nous disent souvent : “vous faites du rap mais c’est bien”. On disait aussi cela pour Solaar autrefois. Plein de gens ne voient pas le côté littéraire du rap hard-core alors qu’il existe. On voulait exprimer dans ce titre le fait que la culture orale est aussi importante que la culture classique. Il ne devrait pas y avoir de hiérarchie dans la culture. Certains méprisent le rap actuel car il serait moins engagé que celui d’autrefois, mais que des jeunes se retrouvent dans une musique longtemps décriée et qui a acquis ses lettres de noblesse est d’une certaine manière une victoire. »

Site de l’Envoutante

Entrevue : PIERRE-ARNAUD JONARD

Photos: FRANÇOIS MANIÈRE

 

 

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