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MÉLANIE DESTROY

Cold case normand

L’histoire du premier album de Mélanie Destroy, groupe originaire d’Avranches dans la Manche, a tout du cold case  : enregistré initialement il y a une dizaine d’années, ce n’est qu’aujourd’hui qu’un label parisien, Indelible Records, le ressort des tiroirs pour l’éditer en vinyle. La deuxième vie de Don’t break the mirror peut désormais commencer…

Au début…

L’“affaire” commence il y a plus de 25 ans, par une belle nuit de juillet à Chantilly lors d’un concert de Pink Floyd donné dans les jardins du château. Francis et Cyril, encore étudiants, auront à ce moment-là le déclic qui leur donnera l’envie de faire sérieusement de la musique. C’est ainsi que peu de temps après un premier morceau, “Follow the river”, que l’on retrouve sur l’album en 2021 (!), sera composé. Ce n’est pas pour autant que le groupe est lancé car les études viennent s’intercaler, comme l’explique Francis, chanteur du groupe : « Au début c’était nous deux, dans les années 90. Et quand je suis revenu dans la région après ma thèse à la Rochelle [NdlR : Francis est désormais chercheur-enseignant en biologie à l’IUT de Caen], on a commencé dès 2003 à monter un groupe. On s’est un peu cherchés pendant trois ans, aussi le groupe a réellement débuté en 2006 quand Yvan (basse), Michael (guitare) et Sébastien (batterie) nous ont rejoints. »

crédit photo : Nanou350

A partir de là, chacun apporte sa pierre à l’édifice par le biais d’une culture musicale aux allures de grand écart : d’un côté le trip-hop d’Archive, de l’autre l’indie de PJ Harvey, Garbage et même le grunge de Pearl Jam. Seul point commun entre tous : Pink Floyd. Encore.

Mélanie, entre ombre et lumière

Reste encore alors l’épineuse question du nom à résoudre. C’est Francis qui trouvera solution au problème : « On voulait un nom de groupe qui montre plusieurs facettes. On aimait bien les albums avec des personnages, comme dans The Wall. L’aspect ambigu ou antinomique nous plaisait bien également. Quand on cherchait des noms, j’ai raconté, en me la rappelant, l’histoire d’une étudiante que j’avais connue et que je trouvais étonnante. Elle était à la fois solaire et mignonne, mais aussi héroïnomane – je l’ai su après – avec des black-out, capable de s’endormir au milieu d’une de ses phrases. Elle était étonnante dans son attitude et comme une boutade j’ai dit, c’est « Mélanie Destroy » ! »

La saga de l’album Don’t break the mirror

En 2006, le groupe prépare une première démo de 4 titres qui ne sortira jamais. Quelques temps après, c’est l’album complet qui est enregistré. Il subira le même sort… à se demander si le groupe n’est pas définitivement passé dans le « dark side of the moon », le côté obscur… Il aura fallu 10 ans à l’astre pour faire sa révolution et à nouveau éclairer la destinée des Normands : « Il y a un an Loic de Indelible Records nous a appelés en nous disant qu’il aimait notre album. Cet appel le 1er janvier était complètement surréaliste. On était quasiment en stand-by même si on avait de quoi éventuellement faire un autre album avec les nouveaux morceaux composés lors de nos concerts entre 2013 et 2018. »

crédit photo : Jonathan Perrut

Ce disque, Don’t break the mirror, est exactement le même que celui qui aurait pu sortir il y a dix ans puisqu’il a été créé à partir des bandes d’alors. Si d’aucuns pourraient s’en étonner, l’écoute de l’album montre que ce choix n’est en aucun point préjudiciable, le son d’origine étant toujours d’une actualité incontestable.

Le groupe a fait le choix du vinyle dans un souci d’esthétisme que l’on retrouve dans la pochette mais également à travers la qualité de l’insert « C’est Yvan, notre bassiste, qui a fait la pochette. Quant au livret avec les dessins, très vite l’idée est venue d’avoir une illustration pour chacune des chansons, pour leur donner un univers. Yvan essayait de capter les couches du fond des paroles pour les retranscrire sous forme de dessins. »

Francis n’exclut pas une sortie de Don’t break the mirror en CD un peu plus tard, ainsi que « peut-être un autre disque de 12 titres, puisqu’on a pas mis tous nos titres sur cet album. C’est Loic d’Incredible Records qui a fait les choix, on lui a fait confiance. Par exemple, il y a un morceau plus punk “Monica my frustration”, qui n’est pas là, mais qui pourrait être sur le CD ou éventuellement sur un double album vinyle… ». Décidément, l’histoire est loin d’être finie…

Pour l’instant, les Normands savourent ce moment qu’ils n’attendaient plus vraiment, tout en réfléchissant à la possibilité d’une tournée l’année prochaine.

Xavier -Antoine MARTIN

L’ALBUM

Don’t break the mirror / Indelible Records

Au final, ce sont donc sept morceaux tirés de ces bandes oubliées qui figurent sur ce premier album revenu de nulle part. Il revient à “Radio destroy” d’ouvrir le bal, oscillant sans pouvoir choisir son camp entre pop et sons indies des 90’s,  rappelant à certains  l’époque des Suède et autres Interpol. Changement total de décor avec “An example of good daughter”, plus proche d’Air et de Radiohead que de Rage Against the Machine, avant d’à nouveau changer de cap avec le hip-hop / trip-hop d’“Almost Butterfly” dans lequel on ressent bien l’influence d’Archive. Dans ce tourbillon de styles proposé (le quatrième titre “One more time” est encore différent), la succession des morceaux montre une cohérence aussi étonnante qu’inattendue qui donne bien belle figure à la première face. Puis vient “How long” et son rythme entre mélancolie et résignation qui s’accélère au moment du refrain pour prendre des faux airs de Placebo, suivi de “Follow the river” et ses relents de scène de Seattle, entre Pearl Jam et Soundgarden. C’est alors que, encore tout étourdis par tous les souvenirs qu’ont fait remonter à la surface les Normands à travers leur compositions, arrivent les premières mesures du langoureux “I lie to you” sonnant le départ pour un aller simple vers le passé, jusque dans les jardins du château de Chantilly, en 1994, là où tout a commencé. C’est réussi du début à la fin.

À écouter en priorité : “Almost butterfly”, “Follow the river”, “I lie to you”

 

 

Site : https://www.facebook.com/melaniedestroy

 

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