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ROSAWAY

Bus Palladium le 16 octobre 2021

Le MaMA vient à peine de tirer sa révérence sur le quartier de Pigalle après trois jours de festivités pour le moins intenses. Le bouillon de culture était là, puissant, galvanisant et épuisant. Trois journées passées à courir les concerts et les lives, à faire le tour de discussions, de rencontres et de conférences. Au lendemain du tout dernier concert, la nostalgie est de rigueur. Les oreilles des participants bourdonnent encore, les jambes tirent un peu, la nuit semble tomber plus tôt, les rues pourraient bien aussi s’être vidées.
Se laisser aller au vague à l’âme semble une idée bien saugrenue, alors que Paris ne dort jamais et que les concerts eux, peuvent bien aider à perpétuer une flamme qui a bien besoin de rester allumée. Alors, le samedi soir, le rendez-vous est donné à 22 heures au Bus Palladium. Traditionnellement, la salle de concerts, boîte, est l’un des repaires du fameux évènement. Mais l’année 2021 n’a rien de traditionnelle. Il est donc bon de venir saluer cette vieille amie aux murs rock et aux effluves de gin to’ en cette journée encore assez chaude pour prendre un verre en terrasse avant de s’y rendre.

C’est Rosaway qui invite et la chaleur est au programme. Le duo promet un moment convivial porté par une pop aux accents soul, qui joue la carte de la modernité sans tomber dans le piège du déjà vu.
Sur scène, l’hôtesse de la soirée, Rachel a mis les petits plats dans les grands. Joliment vêtue, la sirène dévoile son chant enivrant qui appelle l’oreille. « Qu’il est bon de se retrouver » était bien le thème du MaMA cette année, mais c’est aussi vrai pour les concerts. Parler de la souffrance du confinement mais aussi de ses capacités créatrices est maître mot pour Rosaway qui évoque avec émotions ce souvenir et rappelle à quel point la scène a aujourd’hui un goût particulier et une forme de privilège. Ce privilège, les musiciens en font profiter un public électrisé.
Le concert se vit comme une promenade dans des paysages variés. Il y est coutume en un titre de passer d’une sonorité à une autre, d’y changer d’ambiance, de revenir, de passer au français puis au phrasé.
Parmi ses nombreux charmes, le duo sait aussi jouer avec ses instruments… et surprendre. Ainsi, Rachel se dévoile derrière sa flûte, joue les charmeuses de serpents, impressionne et séduit. Les solos de l’instrument sont nombreux, lui pourtant rarement privilégié par les musiciens actuels. Et la sauce prend, offrant ainsi une promenade dans les hauteurs, une randonnée à travers ses pics aigus, et ses moments dans les vallées empruntés à la chanson française. La bonne humeur est communicative, l’envie de danser se fait ressentir. Lorsque l’assistance est en transe, Rosaway donne son coup de grâce, et offre un performance de batterie renversante servie avec maîtrise par Stef, le batteur blues de la formation. Accompagné de deux musiciens, le groupe n’en joue pas moins avec ses outils de prédilection et sait les mettre en valeur. Le blues donc, gagne du terrain, il prend des accents world alors que le refrain lui, entêtant et entraînant bat son plein. C’est sur cette apogée que se finit cette promenade aux nombreux visages et aux saveurs musicales variées. L’important c’est toujours le voyage.

Julia Escudero

Photo: Kévin Gombert

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