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NANCY JAZZ PULSATIONS

 2021, du 2 au 16 octobre

Dans une période où les festivals à tendance défricheuse s’enchainent comme des perles, Panorama, Lévitation, Hop Pop Hop, MAMA et Transmusicales, le NJP peut se targuer de proposer un line up au carrefour des styles musicaux et des sens. Attention ça va pulser !

150 concerts en tout genre répartis sur deux semaines aux quatre coins de Nancy, ville aux ornements somptuaires de tradition versaillaise, hérités du duc de Lorraine et roi de Pologne, Stanislas Leszczynski, avouez qu’il y a pire comme cadre visuel. Et au regard de la programmation concoctée, cette édition devrait s’annoncer riches en sensations musicales. Si le festival porte en lui un adn jazz toujours bien présent, l’évènement a su au fil des années s’ouvrir à bien d’autres esthétiques musicales. Des mélomanes aux auditeurs occasionnels, il y a d’abord des oreilles, des sensibilités et un panel de goût aux couleurs éparses. C’est avec cet arc que le festival s’apprête à tirer ses flèches en plein cœur de la musique francophone actuelle et plus si affinités… Présentation d’une histoire musicale qui a débuté il y 48 ans avec son nouveau directeur, Thibaud Rolland.

 


Salut Thibaud, tu as donc repris les rennes de ce festival depuis trois éditions, il était jusque-là chapeauté par Patou Kader, peux-tu nous présenter brièvement les grandes lignes de cette édition 2021 ?

T.R : la crise sanitaire a perturbé le bon déroulement du festival l’année dernière, on a dû s’adapter depuis, être créatifs. Il a fallu repenser un site en plein air et on a ainsi créé un chapiteau dans le parc de la Pépinière. Il y a plusieurs lieux, deux sont centraux, le Chapiteau donc et le Magic Mirrors qui est un club emblématique de la ville de Nancy. Pour moi, c’est le meilleur club de France pendant dix jours, car on peut y découvrir autant de live que des DJ dans une salle plutôt canon, imagine un cabaret sauvage, mais en plus petit. Le Hublot est une salle qui appartient au Crous, elle nous permet de programmer des styles un peu plus trash et éloigné du grand public. Chaque salle sur le festival possède une ligne musicale distincte, jazz et chanson à la salle Poirel par exemple. L’Autre Canal se destine certainement à un public jeune avec une grosse soirée de musique électronique et une autre dédiée au Rap.
“L’esprit, la culture jazz, ce n’est pas une chose élitiste”

L’ADN du festival est jazz certes, mais à la vue du line up, il témoigne d’une grande hétérogénéité, comment la programmation a évolué au fil des années ?

T.R : Patou Kader était le directeur du festival depuis 1981 et vers le début des années 90 il y a eu une ouverture de la programmation sur le monde. C’est aussi à cette occasion que des échanges ont été crées avec des pays africains via une politique d’action sociale qui s’appelle “les quartiers musique” à Nancy et qui existe toujours d’ailleurs. La fin des années 90 a ensuite accentué un tournant avec des artistes tels que Daft Punk, M, Camille, Saint Germain qui commencèrent à être programmés. Beaucoup ont fait leurs premières armes durant ce festival, Eddy De pretto, Shela Shue, Ibrahim Maalouf. Un artiste tel que Trombone Shorty fut programmé en tant que tête d’affiche après que Patou ait été à la Nouvelle-Orléans. C’est un festival qui marche aussi au coup de cœur et qui n’hésite pas à prendre des risques. Il y a une volonté de faire découvrir en mélangeant les genres. Le plateau du dernier samedi avec Wookid, Thomas de Pourquery &Supersonic, Bonnie Banane, représente assez bien cela.
“On fait un le grand écart entre des artistes qui pourraient passer sur TF1 comme sur France Culture”

Comment situes-tu la ligne du festival qui intervient notamment entre le Hop Hop Pop d’Orléans, le Mama et les Trans de Rennes, qui eux-aussi se disent défricheurs ?

T.R : On n’est pas comparable je pense, car Hop Hop Pop et Mama programment surtout des musiques actuelles, la présence du jazz n’y est que peu représentée. En tant que saxophoniste de formation, je peux te témoigner de la qualité de la programmation du NPJ qui avec des artistes jazz arrive à faire un 360°. Les Trans ont su imposer une marque de défrichage musical comme atout principal de leur identité. L’esprit, la culture jazz, ce n’est pas une chose élitiste même s’il existe des festoches très pointus qui se ferment plutôt des portes par rapport aux différents publics qui existent. Le NJP se veut à la fois sur un modèle de musique actuelle et populaire mais avec le prisme de trouver des groupes mélodieux et qui ne soient pas dans la facilité du moment. On fait un le grand écart entre des artistes qui pourraient passer sur TF1 comme sur France Culture.”Le festival doit permettre aussi de découvrir ces lieux qui font la ville de Nancy”

Quelle place du festival dans le cœur des Nancéiens après 48 ans d’existence ?

T.R : C’est un festival qui leur tient à cœur et qui engendre des réactions assez tranchées, soit ils le détestent, soit ils l’aiment, mais en tout cas tu sens qu’il fait partie de l’identité de la ville. Certains, notamment les plus anciens, pensent qu’on ne programme plus de jazz alors qu’il y en a plus d’une trentaine d’artistes du genre sur cette édition 2022. Au contraire, les gens à l’extérieur de la ville sont étonnés de voir que ce festival justement ce n’est pas que du jazz. Enfin il y a un public simplement néophyte et qui découvre. Le festival doit permettre aussi de découvrir ces lieux qui font la ville de Nancy.

À ce propos, il y a un concert prévu à l’opéra, un cadre assez unique, tu peux nous en dire plus ?

TR : Il s’agira de Wynton Marsalis avec le Jazz at Lincoln Center Orchestra. On travaille en outre avec le nouveau directeur de cette structure et on cherche chaque année à créer une création mêlant orchestre et musique moderne. En 2023, on projette d’inviter en ce sens Kamasi Washington www.youtube.com/watch?v=KqJJ-2cRR0M pour les 50 ans du festival, ça serait vraiment grand de l’avoir !

Il y a aussi des évènements gratuits et des concerts pour enfants ?

T.R : En effet, des concerts pour enfants sont prévus via les Magic Kids mais aussi avec la java buissonnière. Il s’agira d’une matinée dans le festival où on invitera 1500 CM1 de l’agglomération avec un artiste de la programmation. Cela a donné de très bons moments lors des précédentes éditions. Graine de musiciens est un dispositif financé par la MGEN qui se déroule dans 30 écoles durant les 15 jours du festival.

Le festival propose donc une dimension pédagogique, mais aussi sociale semble-t-il ?

T.R : Il s’agit d’actions qui se déroulent tout au long de l’année dans la ville comme “quartiers musique”. C’est un dispositif financé par la métropole, l’Etat et nos partenaires privés. Il s’agit d’ateliers durant une à deux semaines en lien avec les MJC et proposant par exemple d’apprendre l’écriture du Rap. On l’a fait cet été avec deux rappeurs de Nancy, Lobo El & Cotchei www.youtube.com/watch?v=sotUrEO4xMw qui sont d’ailleurs programmés durant le festival à L’Autre Canal. Ce projet a une visée internationale à la base, cela avait commencé en 1994. Sans le coronavirus un échange avec l’Afrique était prévu mais ce n’est que partie remise. Des bailleurs sociaux financent aussi des évènements tout au long de l’année pour la création et l’éveil musical avec “De Cour au jardin” et “Rythmicité”, un atelier où les participants s’initient aux percussions corporelles. D’autres actions se font aussi en milieu carcéral quand cela est possible. Tu as aussi “NANCY JAZZ UP!” qui a été créé par le festival Nancy Jazz Pulsations pour repérer et mettre en lumière les artistes de jazz actifs et talentueux de la région et booster le développement de leur carrière.

Tu penses que favoriser la programmation d’artistes locaux puisse amener le public de la région à s’intéresser davantage au NJP ?

T.R : Le développement des publics est un gros objectif. On a mis en place des billets solidaires à ce titre. Sinon le meilleur moyen pour ce faire, ce serait le porte à porte et de recueillir les désirs des personnes, mais ça semble humainement impossible. Le festival commencera dès samedi avec une série de concerts gratuits dans de nombreux lieux de la ville, il y en aura aussi en libre accès comme le dimanche 10 octobre au chapiteau.

Enfin quels sont tes artistes français coup de cœur sur cette édition ?

T.R : En jazz, Léon Phal Quintet, sont lauréats du Nancy jazz Up en 2019. Ils participent vraiment à la création d’un nouveau jazz entre France et Royaume-Uni, leur musique sonne aussi house. Les deux styles fusionnent bien notamment en termes d’accords musicaux. Sinon Ckraft, qui fait du metal jazz, un truc qui mêle saxo et accordéon, ça s’écoute super bien en live. Sinon le plateau du dernier samedi, Wookid, Pourquery et Bonnie Banane, ce sera certainement un grand moment.

Quelques artistes que l’on vous recommande :

>> Lucie Antunes, Madmadmad, Dominique Fils Aimé, Mawimbi, Ami Yerewolo, Frenetik, Anetha, Mezigue, Structures…

>>Billetterie et infos

>>Playlist du festival :

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