“À perte de vue”
Quand l’œil regarde au loin ou avec un manque certain de distance, ne laissant apparaitre à la vue que de vagues formes environnantes, peut-on se fier à des sens qui, on le sait bien, ont souvent trompé l’individu ? Voir avec son cœur n’est pas contraire à la raison, bien au contraire, l’esprit doit-il ainsi plus disputer l’émotion ? Une interrogation qui traverse tout à chacun lors de la réception d’une sensation de l’ordre de l’esthétique.
Ainsi on peut aimer ou non celle qui fut consacrée meilleure artiste féminine des Victoires de la Musique 2021, pester sur une sphère musicale professionnelle et médiatique, la plupart du temps mainstream, dire que tout cela n’est simplement pas ce que l’on recherche ; on peut s’affliger d’une reconnaissance artistique, qui souvent par de grands canaux, récompense l’immédiateté d’une émotion, trouver que tout cela enfin manque cruellement d’âme ou de pensée… Mais voilà, quand pointe ce genre de création, toute d’effusion soit-elle et capable de faire vaciller bien des à aprioris, force d’une poésie subjuguante de beauté, on ne peut que rester sur le cul.
Est-il bien utile de vous parler de ce clip autrement, de rentrer dans une description lapidaire, de vous dire qu’il s’agit en ces lieux d’une personnification animale servant de catharsis, invoquant in fine un message politique qui tend à alerter sur la disparition des espèces animales ? Une chance que non, regardez, vraiment, et ressentez, on en reparlera sûrement après, car des goûts et des couleurs on ne peut discuter et pourtant nous faisons que cela…
Julien Naït-Bouda
