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BRISA ROCHÉ – FRED FORTUNY

brisa roche-fred fortuny

La rencontre de ces deux grands talents ne pouvait que produire quelque chose de rare. Freeze where you r est un disque superbe qui mêle au soleil radieux de Californie un esprit cabaret hérité des années 30. Cet album brille de mille feux et nous invite au rêve.

Brisa Roché et Fred Fortuny avaient déjà collaboré ensemble il y a près de quinze ans sur Takes, troisième album de l’Américaine sorti en 2007. Sans jamais se perdre de vue ils n’avaient pas renouvelé l’expérience, mais les chemins de ces deux grands talents ne pouvaient que se recroiser un jour : « Nous nous sommes retrouvés dans une fête d’anniversaire d’un ami commun il y a deux ans. Fred sortait de son aventure musicale avec Da Silva et m’a proposé de faire un album avec lui. Je suis rentrée chez moi et j’ai tapé Fortuny-Roché dans mon I-tunes. J’ai alors vu plein de morceaux que nous avions écrits ensemble au fil des années. Il y avait là une base de travail possible. J’ai parlé de ces morceaux à Fred. Il m’a envoyé des instrus dont la première était celle de “Don’t want a man”. Ses musiques étaient comme des maquettes très poussées. Sa façon de travailler est riche et imprévisible. Il sculpte la mélodie de façon très intéressante. En travaillant les morceaux, j’ai entendu sortir de ma bouche la voix d’une femme adulte que j’écoutais quand j’étais petite. Tous ses morceaux luxuriants m’ont beaucoup émue comme si j’étais à la fois la femme mature et la femme enfant. »

C’est sans doute pour cette raison que l’on trouve dans cet album au charme indéniable les fantômes des chanteuses que Brisa écoutait dans son enfance : Joni Mitchell, Carole King mais aussi ceux d’Elton John, de James Taylor ou de Jackson Browne : « J’ai grandi en écoutant ces artistes chez moi en Californie. Aujourd’hui, dans ma vie, cela a mûri sans que j’y fasse attention. Je peux passer un de leurs disques de temps en temps, mais pas tous les jours. On cite beaucoup Carole King pour cet album mais ce n’est qu’une référence parmi d’autres. J’ai plus pensé à Laurel Canyon depuis cet album que lorsque j’étais enfant, car je viens du Nord de la Californie, loin de Los Angeles. »

Pour Fred Fortuny, c’est peut-être le premier album américain de sa carrière, lui qui a grandi au son de la pop anglaise : « Il est influencé par ce son américain. Il a découvert Carole King assez tard mais l’écoute beaucoup. Il n’a pas peur de l’émotion et de la richesse, il aime les choses grandioses et lyriques. Les chœurs de l’album sont très américains également avec un côté dissonant et gospel. Mais nous n’avons, cependant, pas voulu faire un disque qui ne représenterait que la pureté d’une époque. »

 

Brisa Roche-Fred Fortuny

 

Si ce disque respire effectivement le soleil californien, il a également un côté new-yorkais non négligeable qui rappelle les riches heures du Brill Building : « C’est un rêve, le Brill Building . Être dans un bureau avec des gens qui ne sont là que pour composer des morceaux en mettant leurs talents au service les uns des autres… Je ne sais pas si cela s’est passé réellement ainsi, mais ça semblait magique. Il y a ce genre d’émulation entre Fred et moi. Nous aimons l’écriture des big pop-songs qui sont, il ne faut pas l’oublier, des morceaux populaires. Des morceaux à la base très basiques. »

De ce rêve pop et américain, il ne faut pas conclure trop hâtivement que Fred et Brisa n’ont produit qu’un album de pop luxuriante et nostalgique car ce disque regorge de sons expérimentaux qui le rapproche parfois de David Lynch : « On a mis des bruitages et des synthés bizarres dans l’album pour casser la pureté de l’aspect rétro. Il y a des drones même dans les titres les plus pop. Nous avions, dans le passé, composé dans ce style un peu industriel. On peut penser cet album comme rétro-futuriste, car s’il a effectivement un côté rétro, il n’en est pas moins actuel et les paroles sont modernes puisqu’elles évoquent les réseaux sociaux, les sites de rencontres, les téléphones… »

Avec cet album Brisa Roché et Fred Fortuny réussissent l’exploit de faire le pont entre Gershwin et Browne en faisant des détours dans le cabaret des années 30 et nous offrent ainsi un album qui pourrait bien être la Bande Originale d’un film imaginaire : « Il y avait déjà dans les années 70 un retour aux années 30, dans la musique comme dans la mode. Nous avons  repris les codes. »

Pierre-Arnaud JONARD

Photos : Christophe Crénel

Freeze where you r – December Square

>> Le site de Brisa Roché 

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