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LA PHAZE

La Phaze @ Carlos Olmo

« J’écris pour que ce soit lumineux »

La Phaze est de retour. Près de dix ans après Psalms and revolution et une séparation de plusieurs années, le groupe revient avec un nouvel album : Visible(s). Un disque qui renoue pour le meilleur avec l’énergie jungle et drum’n’bass des débuts. Welcome back !

Après quatorze ans de bons et loyaux services à propager à travers le monde leur pungle (mélange de punk et de jungle), La Phaze avait splitté pour des raisons communes à de très nombreux groupes : tensions internes et usure. La motivation n’était plus la même qu’à leurs débuts. Chacun s’en était allé tracer sa route vers de nouveaux projets musicaux. En 2013, on pensait donc logiquement que La Phaze appartenait au passé mais Damny et Arnaud avaient repris contact quelques années après le split : « Un groupe, au bout de quinze ans de vie commune, c’est comme un couple… Cependant, en 2017, nous avons repris contact, nous nous sommes retrouvés, avons diné ensemble et avons vidé notre sac. J’avais envie d’y retourner, lui aussi. » C’était donc le temps des retrouvailles, mais une grave blessure survenue à Damny avait freiné ce retour. Une blessure qui aurait pu lui faire perdre la jambe : « Cela a été un tournant dans ma vie, un tsunami. Quand tu es en rééducation avec des avocats, des médecins ou des ouvriers, tu te rends compte que chacun vit la même galère, qu’il n’y a plus de classe sociale qui compte. J’ai vécu trois mois de rééducation, et je me suis retapé grâce à ce groupe ! J’ai appris via cette expérience qu’il est possible de se reconstruire. »

 

 

C’est probablement à cause de cette expérience que cet album est sans la moindre conteste le plus personnel de toute la carrière du combo. Certes, La Phaze reste un groupe éminemment politique mais moins frontalement que par le passé. Sur cette nouvelle galette, le trio parle davantage de vécu personnel : « Cet album est plus proche de l’humain. Après la séparation du groupe, j’ai eu une phase de grande réflexion. J’ai été, durant de nombreuses années, un idéaliste. J’ai pris un peu de recul par rapport à cela, me suis éloigné du monde politique, par exemple. Cela ne veut pas dire que le disque n’est pas politique, mais il l’est d’une manière différente : plus sociétal que politique en fait. Même si, au final, tout ce qui se passe dans la société reste profondément politique. » C’est ainsi qu’on y parle des prisons, “Haute sécurité” ou des violences conjugales, “Tabasse” : « J’ai connu des gens qui ont fait de la prison. Certains sont devenus des amis. Ce titre est une interrogation sur l’isolement… Nous sommes moins ouvertement politiques que par le passé mais nous serons toujours un groupe avec des valeurs et qui défend des idées ».

 

La Phaze

 

L’idée d’un monde plus juste est illustrée à merveille par cette pochette qui montre des bourgeois jouant tranquillement au golf pendant que la planète brûle : « Les riches pensent que leurs richesses les protègent du monde extérieur, ce qui est ridicule. Comme s’ils vivaient dans une bulle à l’abri du reste du monde. La planète peut flamber autour d’eux qu’ils s’imaginent pouvoir continuer à jouer au golf comme si de rien n’était. Le réchauffement climatique est une réalité. On parlait déjà de cela en 2008 dans “Climax” mais aujourd’hui c’est encore plus réel, il n’y a qu’à voir les feux en Amazonie ou aux États-Unis. Lorsque je vois Trump défendre l’énergie fossile, cela me rend fou. »

La Phaze revient dans un monde en plein bouleversement et dans ce monde tel qu’il est, il y aura toujours besoin de groupes qui dénoncent et qui éveillent les consciences. Et surtout, de groupes généreux dans un monde qui lui l’est de moins en moins : « Il y a la nécessité d’être de plus en plus en contact les uns avec les autres. J’écris pour que ce soit lumineux. Il faut donner du courage aux gens, insuffler cet esprit. »

 

PIERRE-ARNAUD JONARD

Photo : Carlos Olmo

Visible(s) – At(Home)

>> Site de La Phaze

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