Camera Silens & Patrick Scarzello
Éditions le Castor Astral, 14,00 €
Camera Silens par Camera Silens, c’est une immersion dans l’univers d’un groupe des années 80. Du plus intime au plus public de ses moments, de l’enthousiasme fougueux et un peu à l’arrache des débuts aux doutes liés à l’enlisement, puis au rebond du renouveau musical. Camera Silens est culte, on le sait. Mais il y a des choses que l’on savait moins et que l’on apprend ici de la bouche même des musiciens. Sous forme d’une longue interview sans filtre entrecoupée de précisions, détails et anecdotes relatés par Patrick Scarzello, ce livre n’élude rien, raconte tout. De la première période street-punk au rocksteady mâtiné de reggae du second chapitre, c’est toute la vie musicale et humaine du groupe qui nous est révélée. C’est beau, parce qu’il y a la volonté littéralement farouche, mais empreinte de candeur, de se faire entendre, par la musique. C’est drôle, quand le following bigarré et souvent barré du groupe est évoqué. C’est dur, parce que Camera a connu plus que son lot d’accidents de parcours et de drames.
Les Bordelais, qu’ils soient fans ou non, se souviendront forcément de Petit David et de Grand Claude… Quand le regretté Gilles, emblématique bassiste, chanteur et cofondateur de Camera (avec Benoît), s’exilera pour une longue cavale après de graves démêlés judiciaires, le line-up du groupe évoluera du trio au sextuor. Non, la trajectoire de Camera Silens n’a rien de linéaire ; c’est à une odyssée tortueuse et cabossée. Des scènes glorieuses bordées de pogotteurs aux squats glauques, des fix mortifères à l’hécatombe du Sida, nous voilà embarqués dans une épopée romanesque mais sans fard ni glamour, et qui finit mal. Rien ne sera plus comme hier, de toute façon. Mais l’aura restera.
Stéphanie Favreau Couderc
