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VOLIN

Volin © Tanguy SOULAIROL

Au-delà des nuages

Si l’on connaissait Montpellier surtout pour sa scène punk, aujourd’hui devenue celle de la noise et du post-rock, il est des groupes totalement à part dans l’agglomération héraultaise. C’est le cas de Volin qui fait un peu bande à part avec son univers sophistiqué…

La frontière est parfois ténue entre rock et chanson. Nombre d’artistes hexagonaux ont su de la plus belle des manières qui soit évoluer au confluant des deux. Ces Montpelliérains poursuivent dans cette voie, celle où les textes et le chant sont mis en avant, sans pour autant négliger le côté rock des guitares. « Pour ce nouvel album, j’ai voulu que ma voix soit proche de celles d’un Bertrand Belin ou d’un Gainsbourg dans Melody Nelson avec un timbre plus grave, plus murmuré. Nous avons le cul entre deux chaises, entre rock et chanson même si nous ne venons pas du milieu de la chanson. Nous en écoutons assez peu d’ailleurs. Notre premier album revendiquait une culture anglo-saxonne. Celui-ci se rapproche par bien des aspects de la culture française. Nous avons baigné dans la musique pop anglaise plus que dans la chanson, écoutant des artistes comme Foxes ou Radiohead, dont nous sommes de très gros fans, à tel point que je les ai souvent en tête quand je compose un morceau. Nous nous sommes mis à écouter des artistes comme Léo Ferré que bien plus tard. » relate Colin Vincent, le chanteur.

 

Volin © Romain Chaussignand.

Photo : Romain Chaussignand.

 

Le groupe assume cependant cette dimension chanson que l’on trouve dans leur musique, notamment par le fait de chanter dans leur langue natale. Cependant : « Le français ne s’est pas imposé d’emblée. » Avec le temps, ils se rapprochent d’un Bashung, des Innocents ou de groupes comme Feu! Chatterton ou Radio Elvis : « Je vois des filiations avec eux en effet. Déjà par le fait que nous composons en français tout en étant des groupes… Le chanteur de Feu! Chatterton a quelque chose d’assez fulgurant. Nous aimons bien sûr Bashung et avions d’ailleurs fait un concert hommage. Il n’est pas facile de capter la musicalité du français. Avec ce disque, nous avons peut-être réussi à le faire. »

Cette qualité d’écriture qu’avait un Bashung, on la retrouve chez ces Sudistes qui nous emportent vers de nouveaux horizons. Il est ainsi souvent question de routes, de départ, chez eux : « Cette dimension de l’espace a toujours été présente dans le groupe. Il y a toujours eu l’envie d’évasion. Nous avions un titre comme “Le Départ” sur notre premier EP, là il y a “Partir”. Notre écriture n’est pas très réaliste. Nous aimons l’abstraction. »

À ces influences pop et rock, les Héraultais amènent également une dimension folk… « Il y a une telle vraie richesse harmonique dans ce style musical : chez Simon et Garfunkel, chez Crosby, Stills, Nash and Young ou chez Nick Drake, un artiste qui reste d’une grande modernité. » Ces influences diverses, le combo réussit à les marier dans un dosage subtil et unique qui fait d’eux l’un des groupes qu’il faudra suivre dans la nouvelle scène française.

 

Volin - Cimes

 

L’album

Cimes – Uptown Park

 

Volin était un grand espoir de la scène française. À l’écoute de leur second opus, on comprend aisément pourquoi. Cet album risque (c’est tout le mal qu’on lui souhaite) d’être celui de la consécration. Il est en effet rare d’écouter un disque qui procure une telle palette d’émotions, faisant passer du rire aux larmes, de la mélancolie à la contemplation. Les Sudistes frisent ici avec le sublime : voix superbe, textes splendides, beauté des arrangements… Cet album est un disque rare, en équilibre parfait entre rock et chanson. Il possède en outre un côté addictif qui fait qu’écoute après écoute, on y revient inlassablement, sans jamais pouvoir s’en détacher. Une œuvre majeure.

 

PIERRE-ARNAUD JONARD

Photos :  Romain Chaussignand et Tanguy Soulairol

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