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LA JUNGLE

La Jungle

LES CONFINÉS DE LA MUSIQUE. ÉPISODE 24

Pendant cette période pour le moins troublée et troublante, Longueur d’Ondes fait le tour des artistes mais aussi des professionnels des musiques amplifiées de l’espace francophone afin de parler de la situation et de ses conséquences… Aujourd’hui : La Jungle.

Les Belges de la Jungle sont devenus depuis maintenant plusieurs années l’un des groupes les plus excitants à voir en concert. Cela tombe bien, ils sortent aujourd’hui leur premier album live : Coucou Beuh !!!,enregistré lors de leurs shows en France et en Belgique (le troisième larron sur la photo, c’est Hugo qui a enregistré leur double live). Ils nous font part aujourd’hui de leurs impressions de confinés.

Comment vivez-vous cette période ?

Mathieu : Bien. J’ai la chance d’avoir un jardin, voire une jungle à certains endroits.

Rémy : Elle fait autant de bien que de tort. J’ai retrouvé une santé depuis qu’on nous demande de ne plus rien foutre. C’est pas si mal. Je fais beaucoup de batterie tout seul aussi.

Vous êtes où là ?

Mathieu : À Mons avec ma famille.

Rémy : En plein centre de Bruxelles, là où autant les flics que le peuple se foutent du confinement.

Ce qu’on vit là, ce virus qui se propage à la vitesse de la lumière et qui met le monde KO, c’était quelque chose de prévisible pour vous ?

Mathieu : Je n’y pensais pas. Mais c’était quelque chose qui allait arriver un jour ou l’autre.

Rémy : Voilà. On y pense pas mais c’est assez cohérent que ce genre de chose se produise maintenant.

Pendant cette période, vous continuez à jouer et à composer, est-ce que votre musique a été changée/influencée par ce qui se passe dehors ?

Mathieu : Oui, on continue chacun de son côté. Avec Rémy, on a du trouver des solutions alternatives.

Rémy : Mais le Covid n’a pas d’influence sur la musique produite. Si c’est le cas chez d’autres, faudrait qu’ils m’expliquent en quoi cette période est inspirante.

Est-ce que vous répétez à distance ?

Mathieu : On s’envoie des riffs, boucles, des  patterns, etc.

Rémy : On nous a même proposé un concert en live-stream avec tournage dans des conditions sécurisées. Ce sera pour bientôt !

 

 

Vous angoissez de ne plus faire de live ?

Mathieu : Non, je sais que ça reviendra, mais quand…

Rémy : On en refera. Le monde ne changera pas.

Est-ce que vos concerts ont été annulés ? Comment avez-vous rebondi ?

Mathieu : On doit être à près d’une cinquantaine de dates annulées jusque fin août. On compose de nouveau, via le net, pour compenser. Pour les concerts, il y aura certainement des nouveautés du coup.

Rémy : 2020 c’est l’année des sorties hors-album aussi. Un split, un live qui vient de sortir sur Exag Records et de nouvelles éditions. On avance sur tout ça en attendant une reprise des concerts.

Ça vous fait réfléchir différemment ?

Mathieu : Un peu, sans trop y penser. La bêtise humaine est infinie.

Rémy : On voudrait pouvoir réfléchir différemment, mais concrètement les schémas ne changeront pas. Donc, aucune raison d’envisager le futur différemment qu’avant la mi-mars.

Croyez-vous que tout cela aura un impact durable par la suite ?

Mathieu : Rien ne changera malheureusement. À part qu’on aura certainement plus de stock de masques.

Rémy : Si impact il y a, cela demandera des sacrifices, pas juste des compromis. Et personne ne voudra rien sacrifier, dans aucune strate sociale. À notre niveau, va-t-on réduire nos tournées pour moins polluer ? Produire moins de merch pour réduire notre empreinte écologique ? Non. Ce n’est pas à l’ordre du jour. Rien ne va changer pour aller vers un mieux. Nulle part et chez personne.

L’industrie de la musique est paralysée, Live Nation va certainement pouvoir s’en remettre, mais au niveau des scènes locales et indés ?

Mathieu : En tant que musicien c’est assez embêtant car on avait pas mal de sortie en cours mais nous n’avons aucune rentrée. On a énormément de dates annulées. De plus, si ça tombe c’est mort les concerts en 2020.

Rémy : Les scènes locales et indépendantes roulent énormément sur fonds propres et perdent parfois (souvent ?) de l’argent en organisant des concerts. Bref, pas ou peu de bénéfices. À l’inverse, Live Nation va peut-être chercher ses revenus dans des salles remplies et du booking de gros groupes ou de la variété, ce qui n’est pas le cas des petites structures. Et là on est parti pour que de grosse salles ne puissent pas se remplir de sitôt, alors que de plus petites jauges pourraient s’envisager dans un futur proche. Il faut pouvoir tout mettre en perspective. Tout le monde est perdant et tout le monde trouvera sa manière propre de se relever, sachant que le virus ne fait pas de différence entre l’un ou l’autre. Il vit sa vie de virus et fout le bordel malgré lui, Live Nation ou pas.

Si vous pouviez faire un vœu pour demain ?

Mathieu : Voilà c’est fait, mais je vous le dis pas sinon ça se réalise pas il paraît.

Rémy : Qu’on nous confirme une fois pour toutes la mort de Kim Jong-un. Ce serait bien.

Votre playlist confinement : 5 titres chacun…

Mathieu : 

– Love, disorderly – Thomas Azier

– Third Eye Dub (feat. Nasir) – Nicolas Cruz

– Far out far west – France

– Waiting Room – Fugazi

La chèvre – Vladimir Cosma

Rémy : 

– Come – Bryan Magic Tears

– Angelika – Devendra Banheart

– Beat Quest – Oh Sees

– Ape In A Python (version live) qu’on vient de sortir sur Exag Records

– L’interview de Servigne et Blamont sur la chaîne Youtube Thinkerview

 

Propos recueillis pas Pierre-Arnaud Jonard

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