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XAVIER

Xavier © EmmaBirski

Xavier ou Mr Soul Man

Entre la soul et le funk soyeux de son premier album solo et la déconne hip-hop de Svinkels, Xavier a choisi de ne pas choisir, menant de front les deux. On ne peut que lui donner raison.

Si le premier album solo de Xavier sorti cet été a surpris son monde en faisant découvrir son amour immodéré pour le funk et la soul, le Svinkel  nous apprend qu’il est pourtant cohérent avec son éducation musicale. Le chanteur, en effet, n’ a pas commencé dans la musique par le hip-hop mais par le ska. « Je jouais dans un groupe de ska lorsque j’avais quatorze-quinze ans. On avait même fait la première partie des Bad Manners au Globo. Puis, j’ai fait un groupe fusion à la Red Hot Chili Peppers / Fishbone. Ces derniers pour moi, ce sont les Beatles noirs. » Par la suite, Xavier s’agrège avec la scène funk française, Malka Family et FFF . « J’écoutais beaucoup Juan Rozoff  aussi à cette époque, mais ne le connaissais pas. Nous nous sommes rencontrés plus tard. Il a été une grande influence pour moi. »

 

 

Enfant et adolescent, Xavier grandit au son d’Otis Redding et de Prince. Des sonorités que l’on retrouve dans son premier opus solo comme on y entend des influences qui vont de Sly and the Family Stone à la Motown. Au final, sa carrière solo démarrée cette année serait donc plus proche de ses racines musicales que celle menée avec Svinkels : « Ce n’est pas moi ; Svinkels c’est une entité de trois personnes. On a décidé à un moment donné de coller à un concept. C’est celui-ci qui dirige le truc. Mais être dans un groupe a eu des effets bénéfiques : cela m’a permis de prendre confiance en moi. Nous étions différents des autres groupes hip-hop français car notre quotidien ce n’était pas la cité. Nous n’aurions eu aucune crédibilité à la raconter. Nous avons croisé, au fil des années, les autres groupes de rap français, mais étant différents nous n’avons jamais senti l’obligation d’avoir des featurings d’eux sur nos albums. Nous n’étions pas dans la norme à faire du rap avec de l’humour, mais nous ne l’avons pas fait consciemment. Aujourd’hui, plein de gens à commencer par Orelsan utilisent l’auto-dérision dans leurs textes. Nous avons aussi été politique à un moment, mais je ne le ferai plus. Cela ne sert à rien. Prêcher dans une salle avec tes fans, c’est être un prêtre avec ses fidèles dans une église. Tu ne convaincras que ceux qui le sont déjà. La portée de l’impact politique d’un artiste est nul. Quand tu entends les Béru chanter à l’Olympia plus jamais de FN à 15% et qu’ils sont à 25 maintenant, t’as tout compris. »

album Xavier

album Xavier

 

Xavier pourrait presque voyager musicalement dans un espace schizophrénique, passant de la déconne des Svinkels à ce premier album au final assez sombre au niveau des paroles : « Je parle de choses très personnelles et intimes dans ce disque, de ma mère par exemple ou de deuils. C’est un disque assez hivernal en fait. » Avec cet album, il a voulu surprendre son public mais ne renie pas pour autant son passé, invitant même Gérard Baste sur un morceau. D’autant que sa carrière solo ne signifie pas pour autant la fin de Svinkels. Le combo sortira d’ailleurs un nouvel album au premier trimestre de l’an prochain : Rechute. « J’ai envie de m’aérer le cerveau. C’est sain pour Svinkels que je mène aussi une carrière solo. Cela me permet en outre de progresser au niveau du chant. Et d’avoir un nouveau public. Avec Svinkels, nous avions les buveurs de bière bourrés. On les adore, ce sont nos fans les plus fidèles, mais j’avais aussi envie de conquérir d’autres gens. »

PIERRE -ARNAUD JONARD 
Photo : EMMA BIRSKI

Sprayed Love / At(h)ome

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