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ROCK EN SEINE 2019

Du 23 au 25 août 2019, Domaine national de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine)

 

ROCK EN SEINE © Emilie Mauger

CADRE  : Créé en 2003, le festival Rock en Seine est organisé par la société AEG et Matthieu Pigasse, il bénéficie également de subventions publiques. Il est composé de quatre scènes : la scène Île-de-France (Découvertes), la scène Firestone, la scène des 4 vents, la scène Cascade et la Grande Scène. Depuis 2017, il est dirigé par Sarah Schmitt. Cette année et  pour la première fois, il accueillait The Cure, tête d’affiche d’un festival qui s’est clôt sur la prestation quasiment pyrotechnique d’Aphex Twin. Au total, pendant trois jours 62 groupes ont proposé un set d’une durée moyenne d’une heure.

Rock En Seine ambiance © Emilie Mauger

MÉTÉO : Globalement difficile, la température dépassant les 30 degrés entre 14 et 18 h. On a frôlé un record de chaleur le dimanche 25 août.

LES PLUS : Une programmation de haut-niveau. Une régie souvent impeccable. Un bon accueil réservé aux publics en situation de handicap. «Let’s talk !» Huit rencontres avec des artistes, des écrivains autour de la musique à deux pas du disquaire sympathique et pointu des Balades Sonores.

Rock En Seine ambiance © Emilie Mauger

LES MOINS : Le son de la scène Île-de-France souvent écrasé par celui de la Cascade, à côté. Peu d’ouverture sur la musique underground, bizarre ou nouvelle. Un manque évident d’initiative face aux grosses chaleurs de l’après-midi.

COUPS DE CŒUR : Dans la série « Je ne m’y attendais pas », quatre petites claques administrées avec entrain et talents, plutôt dans l’après-midi : Catastrophe , ils sont jeunes, ils sont sept et particulièrement agités sur scène. Passant sans prévenir de motifs house-disco à des déclamations poétiques évoquant leurs rêves et leurs ressentis, ils tranchent clairement avec tout ce qu’on peut voir et entendre durant un concert. On peut s’en agacer, mais difficile de ne pas saluer leur enthousiasme contagieux et leur amour de la danse.

Rock en Seine - Catastrophe © Emilie Mauger

Catastrophe

Mini-Mansion, dans ce trio américain se cache le bassiste des Queens of the Stone Age (Michael Shuman) mais qu’importe le name dropping puisque Mini Mansion est un ensemble brillant entre pop psychédélique et rock qui chaloupe entre orchestrations ultra-maîtrisées et chœurs aux petits oignons. Un vrai plaisir !

Clairo, une grande débutante de 21 ans déjà adoubée par la presse branchée qui a sans doute offert l’un des plus beaux sets du festival. Harmonie impeccable, variété des couleurs et mélodies sensibles, la jeune Claire Cottrill est capable de jouer avec tous les ingrédients du moment en y ajoutant même un peu de cette guitare qui nourrit des compositions lo-fi matinées de soul sous influence hip-hop.

Villejuif Underground, il faut arrêter de dire que ce groupe est déjanté et joue un peu n’importe quoi ! Bien au contraire… À l’image des regrettés Foxygen, il chaloupe sur la part d’ombre du rock’n roll qui roule entre Cramps et Velvet Underground, Stooges et Stranglers. Ils sont magnifiques, ils sont puissants, emmenés par son grand échalas de chanteur qui jette des CD au public pendant le concert. La classe.

Rock en seine - Villejuif Underground © Emilie Mauger

Villejuif Underground

RADIOGRAPHIE DE l’ÉDITION 2019 : Avec près de 100 000 festivaliers (disons plutôt 90 000), l’édition de l’année est sauve. Elle doit beaucoup à la soirée The Cure qui elle seule aura attiré 40 000 personnes. Cela valait donc le coup de les payer aussi cher (presqu’un million selon une source du Parisien)… Très équilibré et en ce sens bien programmé, le festival a proposé un joli mix pop-rock le vendredi avec une belle soirée « Cure, Kompromat, Bagarre » pour revenir à des sons plus chaloupés, black et tropical le samedi (Jorja SmithMajor Lazer, Jungle, Louis Cole) pour enfin se laisser aller à sa frénésie rock le dimanche jonglant entre psyche, metal et rock indie (Bring me the horizon, Deerhunter, Royal Blood, Foals). Le concert final d’Aphex Twin permet de relier le rock aux musiques électroniques hardcore, ouvrant ainsi l’horizon pour la suite avec une tête d’affiche suffisamment attractive pour attirer les curieux.

Rock en Seine - Bring Me The Horizon ©Emilie Mauger

BMTH

Rock en Seine - Foals © Emilie Mauger

Foals

Rock en seine - Major Lazer 1 @ Emilie Mauger

Major Lazer

Rock en Seine - Jungle © Emilie Mauger

Jungle

TOP ET FLOP : La réussite d’un set de festival tient à beaucoup de facteurs, pas toujours maîtrisables. Notre avis ne remet donc pas en cause la qualité des artistes eux-mêmes et d’ailleurs il est foncièrement subjectif. Vendredi, Balthazar, et Jeanne Added ont vraiment trouvé le Mojo qui a fait vibré la foule tandis que samedi, Louis Cole et son big band a proposé la plus belle prestation du festival : décontracté, savante, rythmée, une jubilation princière entre hard bop et hip-hop. Côté flop, il faut citer le set très ennuyeux de Two door cinema, la demie — consistance de Sam Fender, l’hésitation de Deerhunter et l’absence de voix de la chanteuse d’Agar Agar.

Rock en Seine - Balthazar ©Emilie Mauger

Balthazar

Rock en Seine - Sam Fender © Emilie Mauger

Sam Fender

TÊTES DE GONDOLE : Jorja Smith est clairement entrée dans la cour des grands faisant bénéficier à un large public ses belles qualités vocale, sa capacité à remettre dans les clous de 2019 les styles des divas soul et d’abord la magnifique Sade. The Cure, soyons honnêtes, n’a pas donné un concert exceptionnel, pas à la hauteur en tout cas de ce que l’on peu attendre de musiciens aguerris. Robert Smith a beau être adorable, la discographie exceptionnelle, une sorte de chantage affectif s’est mis en place tout au long du set soutenu par l’envie, la nostalgie et un dispositif média en quête de figures légendaires. Mais il suffisait d’être dans la foule pendant l’ensemble du concert pour constater que le feu ne prenait pas. Aphex Twin. Un set qui a métamorphosé le théâtre des opération qu’est un festival. On avait l’impression d’une attaque d’extra-terrestres ou de l’atterrissage d’un vaisseau spatial… Pour le reste, c’est un spectacle assez cérébral, les moments  dansant n’excédant jamais les 2 minutes… Le show n’est pas « autodestructeur » comme on a pu l’entendre, mais se fait l’écho d’une critique radicale des images (fausses, dégradées, dégradantes ? Dépixélisantes…) que l’on connaît peu dans le cercle étroit de ce type de festival… Pour autant, cette programmation “signature” est aussi une façon de le relier à l’univers rock… Très positif ! Voilà, pour finir et vu l’intensité du show, la durée du concert aurait pu se limiter à une petite heure…

Rock en Seine - Jorja Smith ©Emilie Mauger

Jorja Smith

Rock en Seine - The Cure ©Emilie Mauger

The Cure

Rock en Seine - Aphex Twin © Emilie Mauger

Aphex Twin

CHOSES VUES ET ENTENDUES : Bradford Cox, le fievreux leader de Deerhunter lâchant brutalement par terre son micro branché en guise d’au revoir. La satisfaction de Mark Oliver Everett (Eels) apostrophé par un fan hurlant dans un mauvais anglais « You’re the best. Nothing else ». Le dépit de Fils Cara sur la scène Île-de-France noyé sous le beat des Polo & Pan d’à côté. Les chouettes tee-shirt à 5 euros vendus aux Ballades Sonores. Les masques d’enfants de The Foxxes. Le beau sourire de lutin de Robert Smith interprétant “Close to me ”. Le crew féminin de Catastrophe en mode “danse africaine” pendant le show de Louis Cole. Le plaisir de Johnny Marr parvenant enfin à faire danser le public en jouant “Charming man”. La très mauvaise qualité des petits écouteurs placés dans le sac Rock en Seine distribué gracieusement aux journalistes et aux VIP. Le jet d’eau arrosant généreusement les festivaliers pénétrant dans le domaine sur le coup des 15 ou 16 h.

Rock en Seine- Johnny Marr ©Emilie Mauger

Johnny Marr

À l’année prochaine.

Rock En Seine ambiance © Emilie Mauger

ANTOINE COUDER
Photos : ÉMILIE MAUGER

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