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NAÂMAN

NAAMAN
C’est comme ça le reggae

Révélation reggae de ces dernières années, Naâman nous offre aujourd’hui un premier album : A live story. Un disque qui restitue merveilleusement bien l’ambiance du “Beyond the Tour”.

Si le reggae est un genre souvent méprisé par la critique et les médias, il ne l’est en revanche pas par le public ; en atteste les nombreux festivals organisés en Europe et dans l’Hexagone qui brassent un public extrêmement large. Icône de cette scène depuis maintenant plusieurs années, Naâman a sorti trois albums studios qui ont été autant de succès. Preuve que l’on peut être né à Dieppe et pas à Kingston sans que cela n’enlève rien à la crédibilité artistique. Car s’il est un genre, avec le jazz et le blues, à posséder des codes stricts auxquels les aficionados sont attachés, c’est bien le reggae. Naâman a su s’en affranchir en mêlant à sa musique d’autres sonorités comme la soul ou le hip-hop sans que cela n’entame sa popularité, bien au contraire : « Il est important de faire les choses à sa façon. Les gens qui font du reggae classique ont mis la barre tellement haute qu’on ne le fera jamais aussi bien qu’eux. J’écoute principalement du reggae, mais je suis attiré par un grand nombre de choses musicalement. J’aime les mélanges de style. »

Aujourd’hui, l’artiste sort son premier album live, dans la tradition des grands du reggae de Babylon by bus de Bob Marley à Complete captured live de Peter Tosh en passant par Live at reggae sunsplash de Toots and the Maytals. « Les quatre-vingt concerts de la tournée ont été enregistrés. La dimension live est une grosse part de notre musique. Sortir ce disque était une occasion de partager cela avec les gens qui m’aiment. Le disque essaie de garder la set-list de nos concerts dans son ordre. On a conservé cinq live sur les quatre-vingt et on a ensuite choisi les meilleures versions de ces cinq concerts. On a mis le Zenith de Nantes, le Festival Esperanza parce que l’on s’était senti bien là-bas. La Fête de l’Huma aussi, parce que c’est un festival qui s’engage et cela me parle. Esperanza est également un festival porteur d’ un message important : le développement durable et pour l’édition de l’an dernier l’égalité hommes/femmes. »

Avant d’arriver à ce zénith artistique, le Normand avait débuté sa carrière chez lui à Dieppe dans le circuit classique du reggae : « Il y avait pas mal de sound-systems dans ma ville. Il y en avait également à Rouen et on y allait pour jouer. C’était underground mais cela m’a permis de me développer. » Pendant six, sept ans, il fera ensuite des aller-retour en Jamaïque. « Là-bas, les artistes sont exceptionnels. J’y ai fait cinq, six concerts, ça donne confiance. Notre musique est assez européenne par ce mélange reggae/hip/hop/soul avec un côté festif. Ce ne sont pas les références des Jamaïcains qui ont un côté plus sérieux. »

 

NAAMAN

 

Aujourd’hui devenu l’un des plus grands noms de la scène reggae française, le chanteur s’insurge contre le traitement réservé au genre dans l’Hexagone : « On peut trouver injuste parfois la façon dont les médias parlent du reggae. Il y avait eu un jour un article sur les artistes qui jouent le plus dans les festivals en France. Nous étions seconds et parce que le média ne nous connaissait pas, ils ne nous ont pas cités. Je trouve que c’est abusé. Comme l’est le fait de continuer d’abreuver les gens de clichés sur le public et les groupe reggae toujours représentés comme fumeurs de joints. C’est quand même un peu réducteur. Heureusement, les fans recherchent par eux-mêmes et se foutent du fait d’être un peu mis de côté par les médias traditionnels. J’ai des amis qui ont des publics plus mainstream et ce n’est pas toujours facile. Le mien est fidèle, respectueux, plein d’amour et c’est un privilège. »
Naâman est ainsi un artiste qui a su se construire en dehors des circuits grand public et en toute indépendance. C’est peut être cette envie d’indépendance qui lui a fait créer sa propre structure, Big Scoop Records : « J’avais envie de travailler avec mes amis. C’est beaucoup plus facile lorsque tu n’as que quelques projets que lorsque tu en as une dizaine comme c’est le cas dans les grosses maisons de disque. J’ai envie de signer d’autres artistes. On travaille actuellement sur l’album de mon beat-maker, Fatbabs. Si demain un ami produit un disque, on pourra l’aider à le distribuer. »

Cette indépendance est l’un des facteurs de la réussite artistique de Naâman mais il n’est pas le seul. À l’écoute de son live, on se rend compte que l’artiste est au sommet de son art. Et cela n’est pas près de s’arrêter.

PIERRE-ARNAUD JONARD
Photo MIKAËL THUILLIER

 

>> Site de Naâman 

 

NAÂMAN-A live story-Big Scoop Records

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