Du 3 au 9 décembre 2018, Paris
QUOI ? Un festival parisien dédié à la découverte de musiques du Québec, tous styles confondus.
OU ? Dans divers lieux à Paris : la Maroquinerie, la Belleviloise, la patinoire Pailleron, la Station Gare des Mines, le Théâtre de la flèche d’or, le Centre culturel canadien, l’glise Saint-Sulpice…
LES PLUS : la variété des styles et des endroits.
LES MOINS : les éclairages médiocres sur les scène de la Maroquinerie et de la Belleviloise.
INAUGURATION : L’ambiance est chaleureuse et douce. Le public est assis par terre ou sur les côtés de la Maroquinerie et il écoute religieusement, encourageant souvent les artistes. « Ça va lever, c’est de la musique alternative… au ralenti » lance Sarah Toussaint-Léveillé avec humour, entourée de son band “rock” : violon, violoncelle et contrebasse ! Le show est beau bien qu’assez linéaire, et la présence de l’anglais semble l’emporter sur le français. Dommage.
POESIE : Grande classe pour Moran et son acolyte Thomas Carbou : l’alchimie des voix (totalement opposées) est magique. Rien ne se passe (ils sont assis) mais tout un univers poétique envahit le public. Un vrai moment de grâce !
EN SOLO : Daran est seul sur scène, guitare en main, car : « Mes québécois sont restés bloqué pour des problèmes administratifs ». Il assure donc seul, armé de sa voix toujours étonnante, son humour et ses chansons qui, dépouillées, prouvent qu’elles tiennent tout à fait la route.
ON L’ATTENDAIT : Koriass, une des figures les plus populaires du rap québécois, à sonné un show de qualité, accompagné d’un homme aux machines, un bassiste et un batteur. Un flux impeccable sur des titres qui ont gagné leur succès sur des textes poétiques et aux propos forts. On peine à croire que ce n’est que la 2e fois qu’il joue à Paris !
RAPPEUR SENSIBLE : Les chansons d’amour du rappeur Rymz qui se plaint de la saleté de Pigalle… Bienvenue à Paris !
DOUX MOMENT avec le folk de Marc Bérubé devenu Kliffs, grâce à sa voix et sa violoncelliste.
DANSE à la station Gare de Mine. Les DJ sets se sont enchaînés pour nous garder en mouvement jusqu’au petit matin. Pierre Kwenders, ses rythmes africains et son saxophoniste : un régal !
ON REGRETTE l’annulation du duo Milk&Bone et de leur douce électro.
CHANSON : Thomas Hellmann dépeint en musique dans son show Rêves américains des portraits de chercheurs d’or, de pêcheur de palourdes, voire de constructeur automobile (Ford). Il y ajoute des légendes d’Indiens ou des souffrances humaines qui trouvent écho dans notre quotidien. Un univers qui transporte, une voix qui vous happe et des musiciens impecs ! Seul bémol certains moments un peu trop appuyés, grandiloquents inutilement…
CHARME : Elisapie vient conquérir l’Europe (enfin !) de sa voix envoûtante, des ses mélopées autochtones mêlées aux sons électros d’aujourd’hui. Elle prend le temps de se dire telle qu’elle est entre les morceaux : femme fragile et forte, à la recherche de ses origines et emplie d’amour. Summum, son solo guitare-voix sur un titre signé Richard Desjardins / Pierre Lapointe… frissonnant !
ART : En partenariat avec le festival, le photographe Fabrice Lassort a exposé son travail de longue haleine au public. Dans la nef de Saint-Sulplice, on peut admirer le projet photographique qui l’aura occupé plus d’un an : l’artiste a accroché des boîtes sur les toits de l’église qu’il a laissé poser un an et demie avant de les développer. Un magnifique projet racontant Paris vu des hauteurs, sur le temps. Magnifique !
FINAL en beauté à l’église Saint-Sulplice où le groupe Dear Criminals s’essaie à l’acoustique du lieu sacré, entouré d’une chorale de plusieurs dizaines de chanteurs. On aurait pu toucher au sublime, mais le manque de naturel du groupe agace et les longs silences de la chorale peinent. Pourquoi faire venir un ensemble de voix pour leur laisser si peu la parole ? Dommage…
LAURA BOISSET & SERGE BEYER
Photos : DAVID POULAIN & MARYLÈNE EYTIER